samedi 17 juin 2017

Royal juin tout autour du monde

Trouver une destination de voyage peut être une motivation à consulter les activités de la Société philatélique royale de Londres.


Croisières ou road trip ?
Un an après, les boîtes postales de Gibraltar reviennent dans The London Philatelist de ce juin. Non sous la plume du local Richard Garcia, mais par Geoff Chivers qui, heureux hasard, a pu photographier les travaux d'installation de la boîte aux lettres au monogramme du Roi Edward VIII qui justifiait l'article de juin 2016 et l'émission gibraltarienne du dix octobre suivant.

Des récents numéros de Gibbons Stamp Monthly au London Philatelist, Richard Garcia développe les liens entre la colonie britannique et son voisin d'outre-détroit - une idée de croisière ? Dans les numéros d'avril et de juin, il s'associe ainsi avec le spécialiste français Maurice Hadida pour développer l'histoire des postes marocaines fin dix-neuvième début vingtième siècle, qui ne furent jamais partie de l'Union postale universelle.

En avril, la première partie étudiait les postes locales après une introduction sur les bureaux postaux des puissances européennes, concentrés principalement à Tanger ; d'où le besoin de systèmes locaux. Parmi les postes les plus prospères - définies comme ayant fonctionné plus de sept années, celle établie de 1891 à 1900 entre Mazagan et Marrakech par Isaac Brudo (1860-1945), fils d'un marchand marseillais installé dans la première depuis 1857. Avec celle entre Fès et Mequinez (Meknès), elle fut une des deux seules à émettre un timbre-taxe en plus de ses timbres-poste.

Le second exemple est la poste des frères Marx & Co entre Mogador et Marrakech de 1893 à 1911, pour suppléer l'échec de Mayer Maïmaran en 1892. Disposant de timbres à partir de 1895, il faut auparavant rechercher un cachet triangulaire « W / M & Co ».

Ce premier article se conclut par un tableau des seize postes locales marocaines et une note sur comment déchiffrer l'écriture manuscrite en hébreu. Il faut, entre autres, deviner la langue employée par l'expéditeur, donc la prononciation arabe ou espagnole transcrite en alphabet hébreu.

En ce juin, la seconde partie est parue avec la continuation de ces postes locales par ordre décroissant de durée. Comme pour les deux premières (présences française et allemande), les liens avec des marchands ou des autorités des puissances européennes sont soulignées. Ainsi, pour la poste de Messod Bensimon, entre Fès et Mequinez, se retrouve l'agent postal britannique à Fès, James MacIvor MacLeod. Celui-ci s'était vu refusé d'exploiter une telle route par le Post Office de Gibraltar en 1893, mais il put communiquer sur le service proposé par Bensimon en 1897.

Pour aller plus loin, Maurice Hadida a donné une conférence sur l'histoire postale du Maroc de 1852 à 1925 au Collectors Club de New York, le trois septembre 2014, visible sur le site de partage vidéo Vimeo.


Longue croisière sur les océans des archives
Carte néerlandaise de 1630 - Atlas van der Hagen - sans la coquille (Bibliothèque royale des Pays-Basvia Wikimedia Commons qui dispose de reproduction en meilleure résolution).
Avant de quitter le London Philatelist de juin, Roger Baxter y propose une étude des cartes anciennes de Bermudes - si vous préférez une croisière transatlantique. Son objectif est de deviner la cause de l'erreur des timbres de trois pence et un shilling trois pence, émis en 1953 par le territoire britannique d'outre-mer. Une des paroisses fut typographiées « Sandy's Ph. » au lieu de « Sandys Ph. ».


Ou alors, un grand pays, mais par avion
C'est dans la même ligne de recherche historique et de diffusion au public qui paraît inspiré Frank Walton lors de sa présentation des courriers internationaux aériens de Chine jusqu'en 1949 - sa seconde grande passion après le Sierra Leone présenté l'année dernière. Le résumé en pdf est accessible à tous ; le livre en ligne de l'exposition et la conférence filmée le jeudi huit juin doivent pouvoir l'être sur demande au secrétariat (or join and enjoy learning).


L'introduction est sérieuse, non sans humour, pour un historien - ou un élève français de terminale passant son épreuve d'histoire-géographie hier - ce qu'on m'a dit qu'un exposant ait censé faire sur le synopsis de sa collection remis au jury : définir le sujet, son cadre spatial et temporel, maîtriser quelques idéogrammes chinois.

Pour ce dernier point, le désormais Président-Passé de la Société se limitera aux dix chiffres de base pour les dates... une fois qu'il est bien compris que les cachets d'oblitération sont en « -ème année de règne ». De quel règne ?, sera la question en observant une enveloppe-énigme.

Tout courrier aérien - ou ayant connu une étape aérienne pendant son trajet - émanant de la Chine jusqu'en 1949 - le premier octobre fut proclamé la République populaire de Chine, mais les combats avec la République nationaliste ont duré jusqu'en 1950.
Un plan chronologique d'apparence simple... sauf quand il est expliqué à haute voix : quand débute et finit la Seconde Guerre mondiale ? (conférence à la Royal Philatelic Society London, huit juin 2017, via youTube).
Cela paraît simple, mais des courriers ont pu prendre l'avion sur une partie du parcours avant 1931, année où la poste chinoise prend en charge du courrier aérien. Voire, et les bacheliers français le savent bien : quel découpage chronologique cohérent entre les précurseurs et les tardifs ?

Donc, d'abord avant la Seconde Guerre mondiale, pendant celle-ci et après celle-ci. Easy!

Non : outre les différentes routes aériennes de la première partie que je ne résumerai pas ici - il me faudrait un été pour les comprendre et j'ai déjà celles d'Afrique de l'Ouest qui désespèrent... enfin, si je me sors d'une promesse sur la philatélie au temps de la Reine Elizabeth II, et Geralt qui m'attend... - , il faut se rappeler que la guerre sino-japonaise débutant en 1937, voire l'invasion de la Mandchourie en 1931, amorce les hostilités bien avant l'énième guerre civile européenne de 1939-1945, et que la capitulation japonaise a lieu après celle de l'Allemagne.

Un courrier partant de Chine entre 1937 et 1939 pour l'étranger par avion se placera-t-il la première ou la seconde partie ? Tout dépendra de son étude par l'historien postal, de ce que ce courrier permet de montrer et démontrer, et des trous d'illustration à combler dans l'exposition elle-même.

Même si je m'intrigue à comprendre comment fonctionnèrent les systèmes monétaires métalliques au temps jadis et comment ils ont évolué et disparu pour donner les ancêtres de nos systèmes actuels au cours du vingtième - Pourquoi ce besoin de dormir huit heures par jour ? , j'ose à peine réécouter la troisième partie de cette présentation quand son auteur annonce qu'il faut distinguer les courriers par système monétaire au sein d'une Chine en ébullition de 1945 à 1949...

Comme le Sierra Leone l'année dernière, des heures de réétude sont proposées par Frank Walton en un jeudi après-midi.


Au calme et au frais
Pour me reposer, je me tournerai tout l'été vers le Roi George VI, à l'occasion des quatre-vingts ans de son couronnement, en mai 1937. D'ailleurs, l'exposition de ce mois, proposée par Hugh Osborne au siège de la Royale, 41 Devonshire Place (ou sur le site), porte sur les timbres de ce règne aux îles Falklands - il nous manquait une zone climatique fraîche dans cet article écrit par 32°C à l'ombre.

Merci à tous ces auteurs et collectionneurs pour ces voyages.


Note du lundi quatorze août 2017 :
Concernant le Maroc, il y a une troisième partie à l'étude de Maurice Hadida et Richard Garcia : les postes chérifiennes, gérées directement par le Royaume à partir de 1892, sont évoquées dans le numéro de juillet-août de London Philatelist. Complété de témoignages français sur les rekkas, les postiers d'alors, marchant, marchant sans discontinuer.

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