mardi 2 juillet 2019

Stockholmia (3) : art contemporain au Musée postal

À Stockhlom, pendant l'exposition du cent cinquantenaire de la Royal Philatelic Society London, du vingt-neuf mai au deux juin 2019, le Musée postal était un autre lieu de philatélie possible dans la capitale suédoise.

Les horaires d'ouverture de ce musée sont serrés : de onze heures à seize heures du mardi au dimanche... Heureusement que le trajet est court entre la gare et le centre de congrès de Stockholmia d'une part et le Musée installé dans l'île centrale de Gamla Stan.

Avant de décrire les expositions permanentes du musée dans un autre article, consacrons un peu de temps à l'exposition temporaire Postal Art, d'art contemporain, de novembre 2018 à août 2019.
Une bannière annonce l'exposition temporaire au Musée postal, Lilla Nygatan 6, 111 28 Stockholm, en Suède (photographie sous licence Creative Commons by-nc 4.0, prise le jeudi trente mai 2019).
Le site web - et j'imagine le catalogue en suédois... - décrit comment les œuvres ont été conçues selon trois cheminements différents que je vais décrire selon mes impressions.

D'abord, le plus étrange au premier abord - pour quelqu'un n'ayant qu'une exposition annuelle à l'art contemporain (dans tous les sens du mot « exposition ») - fut tous les broderies exposés sur beaucoup de murs. En 2018, un club de broderie de Stockholm a visité le musée tous les mercredis pour les préparer, y trouvant inspiration autour des timbres, réels ou imaginés, et de leur illustration, de la correspondance, y compris un meuble de tri postal composé de poches en tissus pastels et brodés. Décoratif et apportant des couleurs distrayantes dans cette exposition.

Ensuite, une œuvre encombrante autant que morcelée de Linn Lindström et Kristine Lund amenait l'observateur à réfléchir. Simultaneous Souvenirs (a record of a wordless correspondence) est l'assemblage d'objets hétéroclites, autant quotidiens qu'exceptionnels, que les deux artistes s'envoient depuis trois ans selon un rituel artistique : à une date et une heure définie, chacune s'empare d'un objet et l'envoie à l'autre par la poste.

Penser à l'autre ? Sens de l'amitié ? Critique de la société de consommation ? Du sens de la communication ?

Une vision de l'œuvre clouée à un mur est visible sur le site de Linn Lindstöm ; au musée postal, les objets sont assemblées sur des tables et tablettes, ce qui prend l'essentiel de l'espace d'une des salles.

Enfin, le reste des œuvres pouvant susciter la réflexion autant que la perplexité du visiteur proviennent du travail d'étudiants d'une école d'art, la Gerlesborgsskolan. Le catalogue de l'exposition indique que ce partenariat provient de la visite d'une collection d'art postal conservée par le Musée postal canadien, à Ottawa (fermé depuis et inclus désormais dans le Musée canadien de l'histoire).

Les étudiants ont visité le musée et travaillé pendant l'automne 2018 autour des thèmes de la poste, les lettres, les colis, la communication.

Et là, je garderai une seule œuvre qui a résonné immédiatement et rebondi mi-juin dans ma vie quotidienne.

L'installation est simple : posée contre une fenêtre, elle imite le perron d'une maison. Juste devant, vers le visiteur donc, le paillasson sur lequel est posé un immense parallélépipède rectangle aux parois transparentes...

... empli de...
En entrée d'exposition : simple, efficace, marquant (auteur et titre honteusement oubliés, en cours de recherche).
... prospectus publicitaires, bien sûr !

Ce paquet que beaucoup retrouve en rentrant chez eux après le travail.

Alors que dirigeants postaux, personnes de lettres et collectionneurs de timbres pleurent le triomphe du sms et de l'e-mail - pardon, du texto et du courriel - sur la correspondance écrite, les particuliers reçoivent toujours et encore du courrier...

... publicitaire !

Qu'il soit déposé par le facteur, diversification nécessaires des postes (Destineo en France) ou par des travailleurs de la nécessité.

Ce sera l'œuvre marquante de mon année d'art contemporain.

Quinze jours plus tard, ayant repris le rythme normal - comprenant donc deux paquets concurrents de publicité par semaine -, voilà qu'un petit couvercle en plastique a fait son apparition avec un petit mot est apparu au coin du mur de boîtes de lettres de mon immeuble : « Servez-vous. »

Dedans, des autocollants verts « Pas de pub ».

Le résultat est digne d'une œuvre contemporaine : en deux jours, le bol était vide et les trois-quart de la façade des boîtes pleines :
Sans titre, œuvre d'un voisin anonyme, Montpellier, juin 2019 (droits réservés).
Souci d'éviter le gaspillage de papier et d'encres ? Souci de ne pas voir de paquets de pub abandonnés dans le hall ? Ou œuvre vivante et collective d'art contemporain ?

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