mercredi 21 août 2019

Changements dans l'organisation de l'OPT de Polynésie

Une information postale de Polynésie française m'est passée inaperçue, ici en métropole : depuis le début 2019, l'organisation du groupe Office des postes et télécommunications de la collectivité d'outre-mer française a changé.

Et cela se voit désormais sur le courrier du service philatélique polynésien.

Un nouveau logotype au coin des enveloppes (sans timbrage) du service philatélique polynésien.
D'après cet article de Radio 1, le groupe public connaît un problème de déséquilibre interne : la partie télécommunications prospère quant la partie postale et financière (sans offre de crédit néanmoins) connaît un déficit.

En Islande, ce dernier souci est en train de se régler par licenciements et fermeture du service philatélique fin 2019, à la fois la vente aux clients étrangers et, si le gouvernement suivait la logique de la dirigeante actuelle, le possible abandon de l'émission de timbres-poste...

Auparavant, le logotype de l'OPT (et avec un timbrage bleu, peu fréquent).
En Polynésie française, le gouvernement local a décidé de répartir les activités de l'OPT en deux filiales - deux sociétés par actions simplifiée, les profits de l'une comblant les déficits de l'autre.

Côté télécom, l'OPT offrait de la téléphonie fixe. Sa filiale Onati a racheté Vini, fournisseur d'abonnements de téléphonie mobile, internet, fibre,... Un domaine en pleine croissance dans les archipels du Pacifique avec la connection du continent océanien aux réseaux mondiaux. Cela offre des débits suffisants pour l'usage des entreprises et des particuliers.

Côté poste et banque, « Fare Rata - La poste » comme indiqué sur le courrier reçu ce jour avec les annonces des émissions des sept juin et dix-neuf juillet dernier (dont un timbre-senteur Le Melon créé et gravé par Martin Mörck.

Dans un entretien donné à La Dépêche de Tahiti le trois mai 2019, le président de l'OPT explique quelques-unes des problématiques de cette transformation. L'OPT est désormais une direction, avec deux entreprises privées sous son contrôle. Il affirme que ce n'est pas une privatisation et qu'il va falloir travailler pour les clients, pas pour les agents et employés mis ensemble à partir d'entreprises différentes (en cherchant sur la toile, le mot grève apparaît cet été).

Mais, le contexte local est très concurrentiel, rappelant celui des zones isolées en France métropolitaine, celles où seules les entreprises publiques (ou anciennement publiques) vont par obligation légale et subventionnée, tout en faisant face à une concurrence féroce dans les secteurs urbains ou denses rentables qui pourraient permettre de financer le coûteux...

En Europe, c'est quelles entreprises privées accepterait de passer chaque matin dans les villages des Cévennes pour déposer et prendre de manière dispersée du courrier et des colis, poser suffisamment de fibres optiques ou d'antennes hertziennes ou 4G pour desservir moins de dix habitants par kilomètre carré ?

En Polynésie, ce sont les archipels les plus éloignés de Tahiti, île sur laquelle les concurrents de l'OPT profitent des revenus engendrés pour équiper leur réseau avec les meilleures technologies une petite partie d'un territoire maritime grand comme l'Europe.

Le débat service public / rentabilité capitaliste a encore de beaux jours devant lui. À retenir en voyant passer les annonces d'émissions de Polynésie ou devant le stand de l'OPT aux prochains salons métropolitains.

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