lundi 15 juillet 2019

Collectionner ou savoir ? (1)

Comparé à beaucoup d'autres, je collectionne immensément peu côté philatélie et histoire postale ; je préfère lire, découvrir, même sur des choses que je ne possède pas. Surtout quand celles-ci coûtent cher, sont difficiles à trouver, ou nécessitent la prudence d'un expert avant achat. Outre que je ne suis pas vraiment un revendeur.

Seulement, cela cause problème quand je lis ou entend des propos sur les archives publiques et les musées, qui privent les collectionneurs de bonnes pièces ; l'importance de désigner si la lettre est unique ou rare « en mains privées », etc.

Voire pire quand le débat se décentre vers l'histoire, celle des historiens de l'université, comme je l'évoquerai bientôt avec un épisode de Stockholmia ou en relisant les numéros récents de la Philatelic Literary Review. Il existe, tel un serpent de mer pluri-décennal, une « querelle des anciens et des modernes », qui se lit, se voit, et, parfois, s'entend dans les travées jalouses des expositions :

Dans notre loisirs, rechercher la beauté (et la rareté) de la belle pièce d'histoire postale ou marcophile, vaut-il davantage que l'étude du sens de la correspondance qu'elle portait au moment où les postes l'ont acheminée ?

Et, mes cours d'épistémologie historiographique étant lointains à présent, j'hésite à me lancer dans un article de blog pour tenter de démêler les enjeux de cette problématique du posséder pour démontrer son savoir et du savoir sans besoin de posséder. Et comment exposer ou conférencer sans posséder dans un milieu où cela est très inhabituel - voir comment David Beech résout ce problème lors d'une exposition collective à Londres en avril dernier.


Ces réflexions sont parfois éclairées par surprise. Comme le mardi quatre juin dernier, premiers des après-midis de grande chaleur languedocienne, lors de l'exposition-conférence de René Martin de l'Association philatélique et numismatique biterroise et Michel Soulié de l'Association philatélique montpelliéraine, en marge de Phila-France 2019, au cours de laquelle ils sont parvenus à m'intéresser à la marcophilie classique de France...

Il fallait le faire.

Comme la recherche mécanique des variétés sur les timbres classiques sans expliquer le fonctionnement d'une imprimerie, la succession des origines à 1876 de courrier de chaque département ou ville de France, longue succession de pages d'exposition pleine enveloppes d'apparence similaires...

Bref, la marcophilie n'est pas la partie la plus attractive, pour moi, lors d'une exposition philatélique - mes lecteurs imaginent donc, à présent, l'infinité du temps vécu pendant la rédaction de la partie marcophile de cet article-là.

En aparté, je remercie donc ceux qui vont jusqu'aux oblitérations ROC actuelles : l'histoire du tri postal encré ne s'est pas arrêté en 1876, ni avec la disparition des flammes illustrées en 2005 (oui, les ROC, c'est moche).

Merci donc à Jean-Claude Ferret pour Nemours à Paris-Philex 2016 et Michel Mangin pour Les oblitérations mécaniques françaises au XXIe siècle à Phila-France 2019. Et pensez à lire les deux livres - 1 et 2 - d'Yvon Nouazé.


Retour à Pierres-Vives, le centre culturel du Conseil départemental de l'Hérault, le mardi quatre juin en fin d'après-midi, près de la bibliothèque publique où l'exposition a été posée sur le passage des habitants du quartier : comment ont-ils fait, René Martin et Michel Soulié pour réussir à m'intéresser ?

Voyez par ici et imaginez écouter le récit des deux conférenciers :

Ils ont, tout simplement, lier les marques qui les passionnent avec, explicitement, les raisons de leur usage par les postes à cheval, à pied, en ville, à la campagne, et par train dans le département de l'Hérault des origines à 1876.

Ce n'était pas inutile : je pensais que la barrière marcophile de 1876 était philatélique : passage de l'ère Barre et fils / Hulot au type Sage imprimé sous un contrôle plus direct des postes (rue d'Hauteville par la Banque de France, puis boulevard Brune par l'imprimerie postale).

Et non ! 1876 marque la fin de l'oblitération du timbre-poste par un cachet à points, et son annulation par le cachet à date.

Quant les collectionneurs recherchent le nécessaire index détaillant les marques et variations, voire le catalogue avec cotes ou indices de rareté, je rêve du livre-récit introductif sur ce modèle Martin-Soulié.

D'ailleurs, du coq à l'âne : qui connaît un (ou des) livres sur l'histoire des monnaies d'or et d'argent, depuis l'empire colonial espagnol jusqu'à l'individualisation des monnaies nationales avant la Seconde Guerre mondiale, s'il vous plaît ?

Réflexion à suivre au prochain article (promis : il y aura des images).

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