jeudi 31 octobre 2019

Gibraltar PE (3) : classe ouverte, pensez à l'Église

À peine atterri samedi à midi, il fallait trouver l'hôtel, à manger et rejoindre en bus la visite guidée proposée par Richard Garcia à la pointe de l'Europe...

Anciens terrains sous contrôle militaire jusqu'aux années 1960, les plateaux au sud de Gibraltar permettent de voir l'envers de la façade verticale au nord du Rocher : une descente par paliers jusqu'au détroit.
Vue vers le sommet du Rocher depuis l'esplanade près du phare (photographie du samedi dix-neuf octobre 2019 sous licence Creative Commons cc by-nc-nd 4.0).
À voir : le stade de rugby ; la ligne de séparation entre la mer Méditerranée et le détroit avec vue sur la pointe de Ceuta ; le phare de 1841 ; le mémorial au général Sikorski, Premier Ministre et commandant-en-chef des forces polonaises en exil, mort en mer en 1943 ; et l'Université ouverte en 2015 dans un campus reliant par un atrium de verre et lumière deux bâtiments militaires du dix-neuvième siècle magnifiquement mis en valeur.

Les amateurs d'oiseaux migrateurs sont renseignés par un panneau détaillant les espèces, et leurs directions de passage selon les saisons.

Avec l'aide des connaissances du guide, la mosquée de 1993 rappelle la présence musulmane à partir de la conquête entamée par Tariq en 710 ; celui-ci donnant son nom à Gibraltar. Et de là, les multiples cheminements pour comprendre certains lieux et toponymes de la pointe, tel le puit des nonnes alors qu'il n'y a jamais eu de monastère.

La pièce de résistance suscite de telles hypothèses divergentes entre érudits : le sanctuaire de Notre Dame de l'Europe.
Petit montage : extrait d'un vitrail de Barbara K. Williams, vue du clocher, la statue actuelle et l'autel rond (ensemble sous droits réservés).
Grâce à Richard Garcia, le recteur du sanctuaire a mené le groupe de philatélistes et de passionnés de l'association locale d'histoire à travers l'histoire du lieu qu'une salle d'exposition conte depuis l'installation d'un lieu de culte musulman au Moyen Âge jusqu'à la rénovation du lieu par l'Église catholique dans les années 1960 et 1970, alors que l'Armée britannique comptait le détruire !

L'exposition permet, outre l'histoire du lieu, de découvrir l'histoire des objets du lieu : qu'est-il arrivé à la statue originale de Notre Dame de l'Europe ? La table d'autel ronde, quelle est l'histoire de son pied ? Tout a une histoire.

Et un débat feutré : avant la Reconquête espagnole, le lieu était-il une mosquée sur un plateau bien éloigné de la ville (on l'atteint jadis par une voie encaissée avec côté ville une entrée surveillée) ou un ermitage expliquant la forme du bâti autour d'un patio, auquel fut ajouté nef et clocher depuis ?

Pour les collectionneurs ou les personnes pieuses, l'exposition évoque les objets-souvenirs créés au fur et à mesure des anniversaires et des commémorations. Les dons des papes étant aussi ouvragés que rares habituelles, mais Notre Dame de l'Europe semble avoir une signification particulière pour la chrétienté européenne.

La petite exposition philatélique inscrite au sein de l'histoire du lieu (photographie du samedi dix-neuf octobre 2019 sous licence Creative Commons cc by-nc-nd 4.0).
Les collectionneurs de timbres retrouvent des enveloppes commémoratives dont j'imagine que la vente a servi à rénover le lieu quand il fut transmis à l'Église, ainsi que les deux feuillets de l'émission conjointe Gibraltar-Vatican pour les sept cents ans de dévotion pour Notre Dame de l'Europe. En 1309, la mosquée/ermitage musulman fut transformée en église lors de quelques décennies de reconquête.
La collection des médailles commémoratives, dont une sous la forme du Rocher (photographie du samedi dix-neuf octobre 2019 sous licence Creative Commons cc by-nc-nd 4.0)..
Les médailles marquant les grandes commémorations religieuses sont également exposées.
L'avers de la médaille des sept cents ans (le revers est, j'imagine, les armoiries de l'évêque de Gibraltar en 2009).
Comme, par exemple, celle du septième centenaire de l'établissement initial du sanctuaire, frappée par Pobjoy Mint, connu des collectionneurs de pièces de monnaie des territoires britanniques d'outre-mer et de commémoratives de certains pays du Commonwealth.

Un don-souvenir de notre passage pour lequel je remercie l'actuel recteur du sanctuaire.

En effet, en classe ouverte, les philatélistes pensent-ils aux petits objets de dévotion qui accompagnent les fidèles dans leur pèlerinage ?

...

Sinon, parce que, décidément, on aime les boîtes aux lettres à Gibraltar : une est bien en vue entre le café et le stade :
Toute petite boîte aux lettres du règne d'Elisabeth II, installée sur le côté du parking d'Europa Point, près d'un stade de rugby partiellement en travaux.
Comme pour une partie des boîtes de rue du territoire, une plaque signale que son installation marque l'inscription au Patrimoine de l'Unesco de la grotte de Gorham, située au nord-est de la pointe.

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