lundi 31 octobre 2016

Ratés d'oblitération : erreurs ou philatéliquement volontaires ?l

Oblitération et Postcrossing, ça peut être lisible et bien centré... ou pas.

Une carte oblitérée le dix-huit octobre 2016, possiblement d'Amsterdam. Merci Henry.
Arrivée de la région d'Amsterdam (les lettres manquantes de l'oblitération confrontées à la ville de résidence de l'expéditeur), cette carte néerlandaise du dix-huit octobre dernier est affranchie de trois timbres.

Un seul reçoit un cachet à date rond : un timbre à surtaxe de bienfaisance, émis le quatre avril 2006, dans une série de six sur Apprendre à lire (merci colnect).

Y ont échappé le timbre de 2007 sur la base navale à Den Helder et un timbre sans millésime (Charles Quint ? Avec le nom du pays mis en valeur de manière à mettre en avant ses initiales en néerlandais (NED pour le Comité national olympique, ND, et un jeu graphique avec le symbole €).

Le timbre Den Helder semble avoir une histoire philatélique. Dentelé 14 et demi par 14 un quart, il fut émis le vingt-quatre juillet 2007 en feuillets de cinq dans la thématique « Mooi Nederland » / « Beaux Pays-Bas ». Colnect signale un tirage de 126 500 feuillets. Mais, est listé une version de carnet perforée 13 et demi par 12 et demi du dix-sept october 2007.

39/127 = un peu moins de soixante-dix pour cent de valeur faciale ratés.
Enveloppe contenant cartes et quelques timbres, oblitérée de Tampere, ville du musée postal finlandais. Merci Joana.
Exemple suivant, pourtant simple : la carte postale était glissée dans une petite enveloppe, les deux timbres collés en haut à droite à bonne distance des bords.

Et pourtant, l'oblitération du dix-sept octobre à Tampere (Tammerfors est son nom en suédois) est décalée à gauche, épargnant le timbre mycologique de 2016 sur Cantharellus cibarius que les cuisiniers auront déjà reconnus - et assaisonnés à l'avance - comme la girolle, dessinée par le graphiste Erik Bruun.

10/130 (tarif prioritaire pour l'étranger) = un cadeau de quatre-vingt-douze pour cent de faciale si le timbre retrouve le chemin de la Finlande...

... ou alors c'est une nouvelle politique finlandaise en faveur des collectionneurs : ne pas maculer d'encre les « beaux timbres » pour encourager leur collection. -.-?
Les grands espaces de la monarchie canadienne en six timbres. Merci Montréal.
Écrite le seize octobre, cette dernière carte fut postée à Montréal, au Québec d'après la correspondance. L'expéditeur n'a pas hésité à multiplier les timbres pour atteindre les deux dollars cinquante cents et faire plaisir à un collectionneur.

Un euro et soixante-dix centimes tout de même.

La sélection est plaisante, mêlant du moderne en impression mixte (Henry Kelsey, le premier explorateur des Prairies de 1970) au plus récent (Habitation autochtone de 1998 et Grande Paix de Montréal 1701-2001), complétés de la faune canadienne et du rappel que le pays a pour souverain Elizabeth II.

La Grande Paix de Montréal mérite étude. le Royaume de France mettait fin à des relations aléatoires avec trente-neuf tribus du Canada. Le traité, conservé aux Archives françaises d'outre-mer, montre les signatures sous forme de pictogrammes des différents représentants des tribus.

0/250 = heureusement que je ne fais pas du commerce de contre-bande de timbres non oblitérés. En étant gentil, 147/250 = un peu moins de la moitié, La Poste française ayant annulé deux timbres avec le code postal en barres saumon.

Que s'est-il passé ? Machines capricieuses ? Trop de timbres, pas assez d'encre luminescente ou phosphorescente, la carte a été expédiée vers un postier qui a eu l'incapacité d'oblitérer (pas de tampon sous la main) ou la pitié du destinataire collectionneur alors qu'il n'avait qu'un stylo-bille à portée de main ? Ou presser par la productivité espérée : zou jetée dans le sac pour la France.

Merci aux Postcrosseurs et au postier canadien (même issu de mon imagination).

samedi 29 octobre 2016

Mise en contexte du collectionneur britannophile par la série télé

Dans les deux mois à venir, deux séries télévisées vont venir peindre ou caricaturer la monarchie britannique sur les petits écrans - du téléviseur grand écran jusqu'au téléphone portable. La fin d'une longue attente non philatélique.

The Crown (Netflix)
Le vendredi quatre novembre, le service de programmes à la demande Netflix proposera les dix épisodes d'une heure chacun de la première saison de The Crown de Peter Morgan, la couronne, biographie de la Reine Elizabeth II.
L'héroïne parviendra-t-elle à assumer ce rôle héréditaire ? Son peuple connaîtra-t-il - au moins pour le chef de l'État - six décennies sans changement ? La série montrera-t-elle la dure vie de la « Britannie d'en bas » tout au long de ce règne ? (Netflix, capture d'écran de la vidéo Behind Closed Doors, posté le onze avril 2016 sur youTube).
Le projet compte six saisons et la diffusion par une des nouvelles entreprises de la diffusion audio-visuelle, peu liée aux fluctuations de l'audience au jour le jour mais à la croissance des abonnements et à la vente de produits dérivés, peut garantir sa réalisation complète.

Après des premières bandes-annonces en janvier dernier, Netflix a accéléré la diffusion de nouveaux appâts sur youTube, autant d'extraits, de commentaires d'acteurs (Claire Foy royale, Matt Smith princier et John Lithgow primeministrier) et des grands principes qui vont animer l'intrigue : deuil, devoir et oncle en embuscade, la Couronne face au Gouvernement en période électorale, le mari à l'ancienne devenu vassal, la sœur qui veut elle aussi se marier par amour, et toute rivalité qui permettra d'animer et romancer l'histoire.

The Royals (E!), troisième saison.
Du côté de la chaîne états-unienne de l'actualité des stars et du show business, E!, c'est la troisième saison de The Royals, de Mark Schwahn, qui s'approche à partir du dimanche quatre décembre.
Photographie officielle qui clôt l'introduction en trois épisodes de la série en mars 2015 : ils ont l'air si respectable (site du diffuseur E!).
Avec ses gros sabots d'Hamlet sous drogues dures, sauce télé-réalité, violence et complots. L'oncle Cyrus ne semble pas avoir renoncé au trône - et ils sont plusieurs à lorgner sur la couronne - malgré la résolution du meurtre du malheureux honnête Roi Simon et le lync... pardon spoil... divulgâcheur, jugement qui a suivi.

Et dans l'une des bandes-annonces, la Reine-Mère ne craint pas de proposer aux révoltés états-uniens de rejoindre la Couronne pour mettre fin à la difficile élection présidentielle en cours :p

Par contre, sauf quelques rares épisodes comme dans les deux premières saisons, le peuple et sa vie quotidienne sont loin des préoccupations des personnages. Quoique la Première Ministre avait montré une certaine force de caractère.

The Real Ones (n'importe quel média)
En effet, quel rêve de scénariste de représenter les tensions passées d'une famille placée dans le devoir d'être publique en permanence ou de caricaturer à l'extrême ses affres... qui, avec le recul, sont communs à de nombreuses familles.
Le couple royal devant l'émission de l'anniversaire lors de la visite du centre de distribution de Windsor, le mercredi vingt avril 2016 (photographiée publiée par le journal sud-africain The Citizen).
Les photographies aux arrières-petits-enfants (une a donné le bloc philatélique, l'autre a orné les magazines) diffusés pour le quatre-vingt-dixième anniversaire de la Reine, au printemps dernier, sont tout de même plus sereines...

... mais il est vrai que les protagonistes des deux séries n'ont ni atteint l'âge de sagesse (septante et plus ?) tout en oubliant temporairement l'âge de raison dans la course au pouvoir.

Proposition de lecture :
en anglais, mais sûrement que les éditeurs de manuels de poche tel Que sais-je ? possèdent un équivalent : le professeur de politique et député travailliste (1992-2010) Tony Wright a écrit British Politics dans la collection « A Very Short Introduction », aux Presses universitaires d'Oxford (première édition en 2003, complété en 2013, £7.99).

Les relations entre les pouvoirs au Royaume-Uni et les évolutions des dernières décennies y sont expliqués simplement. Un passage explique en quoi le (dés-)équilibre entre les pouvoirs exécutif et législatif dans ce pays a pu conduire les ministres britanniques à se heurter aux habitudes fort différentes au sein des institutions intergouvernementales et supranationales de la Communauté européenne.

Par contre, dans cet ouvrage, peu de choses pour faire une série télévisée sur le monarque face au gouvernement et au parlement... Plutôt envisager la longue introduction de Robert Rhodes James (justement titrée « la politique de la survie ») sur les relations Rois-reines/Premiers Ministres depuis la Glorieuse Révolution de 1688.

En bref, ces deux séries me seront justes une excuse pour manger du pop corn et de la crème glacée, même si j'espère voir Claire Foy en pleine séance d'approbation de timbres-poste* et l'oncle Cyrus préparait les siens en cas de mort prématurée de son neveu.


Complément du mardi trois janvier 2023 :
... séance qui arriva au début de la troisième saison avec l'actrice qui lui succéda dans le rôle, Olivia Colman. À lire sur ce blog le lundi deux janvier 2023.

vendredi 28 octobre 2016

Ça bouge en Afrique : le hub philatélique africain annoncé par Poste Maroc

Les pays et leurs postes membres de l'Union postale universelle ont tenu congrès à Istanbul, en Turquie, du mardi vingt septembre au vendredi sept octobre dernier. L'occasion de faire le point sur les réalisations accomplies dans la stratégie établies au congrès de Doha en 2012 et d'établir la nouvelle à suivre jusqu'en 2020 pour assurer la participation des opérateurs postaux historiques aux besoins actuels des populations et à la mondialisation des échanges.

En cours de route, le mercredi cinq, Poste Maroc (Barid Al Maghrib en arabe) et ses partenaires ont annoncé le lancement d'un site commun de vente philatélique : le Hub philatélique africain ou Africa Philately Shop en anglais qui donne son adresse au site web marchand, disponible dans ces deux langues : http://www.africaphilatelyshop.post .
Le timbre marocain annonçant l'ouverture du Hub philatélique africain, imprimé par Phil@poste Boulazac (Poste Maroc).
Hébergeur du site, Poste Maroc a aussi émis un timbre-poste de neuf dirhams annonçant la nouvelle. Une illustration dentelée simple et efficace, autant je pense que le site quand il est consulté à partir d'un téléphone portable - une certaine manière de rafraîchir certaines cases sans cliquer rappelle l'écran tactile des modèles de l'objet qui a permis - dans sa version pour messager et téléphoner - de développer des services bancaires et marchands inespérés à l'époque du téléphone filaire.

Les pays qui ont entré des références sont au nombre de six : le Burkina Faso (2), la Côte d'Ivoire (7), le Mali (1, le quatre cents francs Serval - l'animal et l'hommage à l'opération militaire française), la Mauritanie (10), le Sénégal (12) et la poste hébergeur (2 timbres, 1 bloc-feuillet, 3 enveloppes commémoratives).

Une partie n'est pas encore commandable, une autre sélectionnable pour le panier d'achat, mais je ne suis pas allé jusqu'à l'inscription et validation d'une commande : il manque quelques pages propres à rassurer le consommateur.

Cela semble prometteur. La liste pourrait s'allonger avec la Centrafrique, la République démocratique du Congo, participants du site selon Poste Maroc. Et ceux qui pourront le rallier à terme puisque l'inauguration a été observée par les dirigeants de l'Union postale universelle et ceux de la Conférences des postes des États de l'Afrique de l'Ouest (CPEAO), qui a remplacé en 2012 la Conférence des postes de l'Afrique de l'Ouest, créée en 2001.

La logique - la conférence choisie pour l'annonce et le projet annoncé dans le communiqué - est que ce commerce philatélique restent sous le contrôle des postes participantes du continent, et « ouvre la perspective de la mise en place d'une plate-forme africaine pour l'e-commerce ».

Cela rappelle le site multi-marchand tenu par la poste mauritienne ou la plate-forme de la World Online Philatelic Agency (WOPA) hébergée par la poste de Gibraltar, disponibles en six langues et paiement possible en vingt devises - certaines au-delà des pays représentés - et qu'utilisent trente-neuf opérateurs postaux et services philatéliques d'une grosse vingtaine d'États européens (beaucoup de territoires d'outre-mer, mais de plus en plus de bureaux de pays aussi « normaux » que l'Autriche, la Croatie, le Royaume-Uni et, récemment, la France).

Une fois le site du Hub philatélique africain finalisé et bien en place, il y aura une source supplémentaire d'informations sur les émissions et les timbres réellement (Ah... les agences philatéliques ?) disponibles dans les pays concernés.

Complément du jeudi vingt-deux décembre 2016 :
En consultant ce jour le Hub, deux postes ont émis un timbre sur le même type que celui de Poste Maroc pour l'ouverture du site : le Burkina Faso avec un six cent quatre-vingt-dix francs CFA jaune et le Sénégal avec un deux cents francs bleu. Tous deux semblent non commandables néanmoins.
Enveloppe premier jour de la poste sénégalaise, proposée sur le Hub philatélique africain.

Apparemment en stock, une enveloppe premier jour sénégalaise est proposée également, oblitérée du quatre octobre 2016 au bureau de Dakar Philatélie.

À suivre.

jeudi 27 octobre 2016

Souvenirs numismatiques dans les musées londoniens

Après leur visite, j'ai trouvé des souvenirs numismatiques dans les boutiques de l'Imperial War Museum et du British Museum de Londres, lors de mon séjour le dernier week-end de juillet dernier.
Avers d'une pièce de trois pence en nickel et laiton de 1945 - très marqué.

Au musée militaire, près de la gare de Waterloo, la boutique est majoritairement consacrée à la littérature consacré à l'histoire et au fait militaire des vingtième et vingt-et-unième siècles. Sur un des présentoirs de cartes postales et petits objets-souvenirs du combattant, j'ai trouvé cette pièce de trois pence de 1945 à l'effigie du Roi George VI.

Très marqué par l'usage, elle est loin de l'état excellent pour laquelle le catalogue Coins of England de Spink accorde une cote de cinq livres sterling en 2015.
Revers de la même pièce (le trait blanc est le reflet d'un pli du plastique d'emballage sous le scanner).
Cher pour une livre et demi, mais c'est le souvenir qui compte : comme la bijouterie numismate à Cardiff, je n'avais pas le projet d'écumer les marchands philatéliques, numismatiques ou de médailles et c'est la rencontre aléatoire qui a suscité l'achat.

Par contre, ma motivation différait fortement de celle du public visé : je n'ai pas gardé le petit carré de carton qui servait de support et remise en contexte de la pièce. L'entreprise Westair illustrait la pièce avec le rappel de l'évacuation à la campagne des femmes et des enfants, évoquant ce que la pièce permettait d'acheter entre 1939 et 1945.

Non conservé car la pièce et le carton était lié par un gros bout d'adhésif mou... De musée en musée, ou directement sur le site de Westair, il est possible de se constituer une petite collection de pièces de l'époque avec quelques éléments marquants de la résilience britannique, esseulée face à l'Allemagne nazie.

La nostalgie pour cette pièce est réelle : sa forme à douze côtés sera reprise pour la nouvelle pièce d'une livre sterling qui apparaîtra en mars 2017, après présentation de son revers en mars 2015.

Un côté pile très symbolique pour attirer le regard vers le présentoir (Westair).
 Au British Museum, au centre de la ville, se trouvent trois espaces de vente répartis autour de l'ancienne salle de lecture circulaire de la British Library : deux à dominante littéraire et un plus ludique et décoratif.

C'est dans ce dernier que deux sets de pièces britanniques étaient proposés par l'entreprise Westair spécialisée donc dans les objets historiques ou leurs reconstitutions pour les boutiques de musées. Les pièces de monnaie évoquées sont authentiques, même si en état d'usage/4

J'ai choisi de repartir avec un ensemble de pièces pré-décimales du règne d'Elisabeth II, pour douze livres, avec une pièce commémorative d'une Couronne période décimale pour compléter.

Petit aléa : le texte au dos décrit la Couronne comme celle du Jubilé d'argent de 1977, avec la Reine à cheval... Ici, c'est celle de 1972 pour les noces d'argent d'Elisabeth et Philip avec un minuscule Eros au cœur du monogramme EP et l'effigie monétaire d'Arnold Machin qui succéda à celle pré-décimale par Mary Gillick.

L'autre set rassemble une pièce d'un penny pour chaque règne depuis Victoria, cinq pièces donc. La composition est équilibrée : soit vous avez une pièce victorienne à l'effigie de Thomas Brock (1895-1901) très lisse à l'usage et la pièce d'Edward VII est mieux marquée, soit vous pouvez distinguer les détails du relief de la couronne de la Reine, mais celle de son fils se lisse davantage...

On en a pour son argent et cherchant des modèles peu coûteux pour de futures références, pour les pennies, ce fut trop lisse.

Avant de quitter le British Museum, ne pas oublier un passage dans la luxueuse boutique située à l'entrée sud : des reproductions en très beaux matériaux des principales pièces conservées font rêver.

mercredi 26 octobre 2016

Artistes, design et timbres dans Stamp magazine de novembre 2016

Tandis que le nouveau président d'Art du timbre gravé présente sa mallette pleine de projets pour promouvoir la gravure (la guerre du φ n'aura hélas pas lieu) dans le numéro 183 de Timbres magazine, l'actualité et les choix éditoriaux de Stamp Magazine accumulent les réflexions sur le timbre et ses artistes dans son édition datée novembre 2016.
C'est sûr qu'avec des timbres comme ça, il y aura moins de coûts et de débats... quoique : on peut avoir une version en taille-douce, please ? (wikimedia.commons.org)
Y aura-t-il de la taille-douce scandinave après 2017 ?
Côté taille-douce, c'est l'inquiétude avec l'annonce, le neuf septembre dernier, par PostNord qu'il va progressivement se tourner vers Cartor, filiale française du groupe britannique International Security Printers, pour imprimer l'ensemble des timbres-postes du Danemark et de Suède, les pays couverts par l'opérateur postal.

La crainte est que les deux pays ont une tradition de production interne et d'impression en taille-douce que Cartor n'a pas. Et le magazine de rappeler que l'émission mixte Long May She Reign de septembre 2015 à entraîner la sous-traitance de la taille-douce à la Fábrica Nacional de Moneda y Timbre espagnole.

Martin Mörck, ses confrères et consœurs, leurs prédécesseurs, auront-ils des disciples dans ces deux pays scandinaves ?

Y a-t-il un dessinateur sur le timbre ?
Certes, les moins méfiants se diront que Cartor a prévu d'innover grâce à ce contrat à long terme ou continuera à sous-traiter à des imprimeries expertes (Boulazac possible ?).

Mais, du côté du courrier des lecteurs, il est remarqué une triste pratique anglo-saxonno-capitaliste de créditer les émissions récentes au studio de création qui a reçu la commission ; et finalement pas aux artistes individuels qui ont créé le projet.

Ainsi en fut-il des six timbres et leur prochette formant une bande dessinée du Grand Incendie de Londres de 1666 dans la presse et, même Stamp Magazine daté octobre : l'agence The Chase fut citée, mais moins souvent le dessinateur de comics John Higgins, natif de Liverpool.

Il serait intéressant de revoir du siècle des origines (le dix-neuvième donc) à nos jours pourquoi telle administration postale choisit d'imprimer le nom des artistes et graveurs sur ses timbres et pas telle autre.

En tout cas, il y a des designers philatéliques et philatélistes.
Tout ceci conduit à deux dossiers de nature fort différente, mais valorisant le rôle de l'artiste du timbre.

Figure imposée du mois : les neuf cents cinquante ans de la bataille d'Hastings et le cinquantenaire de l'émission du neuvième centenaire que Peter Marren évoque par sa genèse en pleine révolution britannique.

Les années soixante - et le ministère de Tony Benn - virent le lancement définitif d'un programme commémoratif au Royaume-Uni et de grandes réflexions graphiques sur les timbres avec, notamment, David Gentleman qui tenta de couper la tête de la reine sur timbre... D'où jaillit l'effigie Machin.

Gentleman justement proposa la bande de six timbres et deux timbres de fortes valeurs à part reproduisant des éléments de la Tapisserie de Bayeux à partir de ses capacités en gravure sur bois et en jouant avec les lignes de gravure pour faire correspondre au mieux couleurs originales avec les couleurs possibles à l'imprimerie Harrison and Sons.

Six pages de genèse et d'études spécialisées pour ceux en recherche de variétés.
La couverture du livre collectif, dont les timbres reproduits ont été sélectionnés par Follett et Thomson (Unit Editions).
Un dossier suivi d'un autre, moderne et inattendu : les dix meilleures émissions d'après les designers Iain Follett et Blair Thomson, à l'occasion de la sortie d'un livre Graphic Stamps: The Miniature Beauty of Postage Stamps, chez Unit Editions, pour lequel ils ont choisi les timbres reproduits.

C'est le retour des débats sur ce qu'il doit y avoir sur un timbre-poste, ce difficile équilibre entre les besoins postaux et le message politique, commémoratif ou, de plus en plus, commercial (pour certains sujets : publicité ou hommage ?). On en revient à l'échange épistolaire dans la presse britannique entre Edmund Dulac et Eric Gill autour des premiers timbres du règne d'Edward VIII.

C'est une plongée dans la philatélie de 1969 à 1986 qui est proposé, avec le souci de retrouver les illustrateurs même si, à deux exceptions, aucun de leurs noms n'apparaît sur les timbres.
« Absolue pureté de fonction et de forme » pour Blair Thomson (image à partir de commons.wikimedia.org).
En accord avec les deux designers, je pense que le timbre singapourien de 1969 sur l'accomplissement du programme de cent mille foyers est une réussite typographique pour Tay Siew Chiah. Et qu'à un extrême de dépouillement (valeur faciale centrée sur un fond uni), les vignettes d'entraînement des postiers britanniques pour la décimalisation de 1971 suscite la réflexion face à l'abondance d'émissions des dernières décennies.

Complément du lendemain : étant natif d'Australie mais vivant au Canada, Blair Thomson est interrogé par le service philatélique d'Australia Post à l'occasion de ce livre. Il est un collectionneur de timbres qui a entamé une toute nouvelle collection à l'âge adulte, centrée sur l'appréciation du design du timbre en lien avec sa profession. Il publie petit à petit sa collection sur Graphilately, un compte social photographique hébergé par Instagram.

Quant à Unit Editions, Graphic Stamps est le premier dans une nouvelle série qui veut lier des designers avec leurs collections. Au terme de ma recherche Google du jour, le meilleur moyen de se le procurer semble la commande sur le site de l'éditeur.

lundi 24 octobre 2016

Nouveau Cagou fil de fer pour le 3 novembre 2016

Un territoire français a pu annoncer son nouveau timbre d'usage courant lors de la Fête nationale, le quatorze juillet dernier, sans provoquer de scandale (souvenirs métropolitains). Ainsi, Les Nouvelles Calédoniennes ont présenté le nouveau Cagou à ses lecteurs, et son auteur Sébastien Werling.
La maquette du nouveau timbre néo-calédonien d'usage courant (Les Nouvelles Calédoniennes).
Le Cagou en un fil de fer sur fond uni est issu d'un concours ouvert au public, organisé au printemps par Caledoscope, le service philatélique de Nouvelle-Calédonie. L'illustrateur strasbourgeois, installé depuis deux ans et demi dans l'archipel, apporte à la fois une approche très contemporaine et symbolique :

Sont-ce les lettres C et a qui forment l'aile de l'oiseau ? Est-ce une main tendue qui apparaît dans sa crête ?

Les nouveaux timbres seront émis le jeudi trois novembre prochain, en même temps que le Salon philatélique d'automne à Paris.
Le timbre de 75 francs pacifiques, émis le 7 juin 2013, lors de l'ouverture de la boutique à Nouméa (depuis ce qui était alors le site de l'agence philatélique de l'OPT NC).
La version imprimée de l'article des Nouvelles Calédoniennes est reproduite sur le site du club philatélique néo-calédonien Le Cagou. Pour obtenir timbres et carnets, le Caledoscope est, depuis juillet 2013 la boutique réelle et, depuis 2014, web de la philatélie de ce pays d'outre-mer.

dimanche 23 octobre 2016

Indian Summers, dans l'ambiance de l'Empire britannique finissant

Un peu plus de légèreté en ce dimanche pluvieux : comment les séries télévisées permettent au collectionneur de toutes les choses britanniques et impériales de se plonger dans l'ambiance d'émission de ses timbres et lettres ?

En trois semaines, du jeudi six au jeudi vingt octobre, la chaîne culturelle Arte a diffusé les dix épisodes de la première saison d'Indian Summers, fiction de Channel 4, située en 1932 à Simla, la capitale d'été de l'Inde britannique.
Couverture du coffret britanniques de la première saison d'Indian Summers (amazon.co.uk).
Côté intrigues, les amateurs de soap opera choral seront aux anges : chaque personnage, principal et secondaire, Britanniques, Indiens et métis dédaignés par tous, a suffisamment de secrets pour permettre les cinq séries prévues par le créateur Paul Rutman.

L'audience outre-Manche a choisi différemment au terme de la seconde saison dont l'histoire se déroulait en 1935, et diffusée en mars dernier. Peut-être que si une apparence Downton Abbey pouvait attirer et plaire - généreux colonisateurs civilisateurs face à gentils et fidèles colonisés se cultivant à bonne source (tel le fonctionnaire Aafrin Dalal, fils d'un soldat indien de Sa Majesté) -, il est possible que, dans le contexte Ukip/Brexit, beaucoup n'ont pas apprécié que chacun des personnages évoqués représentent toute la complexité des relations coloniales...

... de l'hypocrisie - l'entrepreneur écossais ruiné par son incompétence et en accusant son rival indien - au racisme de domination - la machiavélique Cynthia Coffin et tout ce qu'elle manigance au sein de son club anglais. Mais aussi, pour déplaire à un public fier de l'indépendantisme de ses aïeux, le rappel des divisions politiques entre hindous face au mouvement des droits des Intouchables - ouh, comprendre avec distance la constitution de 1935 et les sièges initialement réservés à cette caste, contre lesquels lutta Gandhi.

Les affaires de cœur, les fantômes jaillis du passé sur un fond historique dont nous connaissons scolairement tous la trame et la fin tragique de 1947.

Un contexte dans lequel le héros, Administrateur britannique à l'avenir vice-royal, avoue en 1932 qu'il sait que les Britanniques partiront un jour avant d'être chassés, et qu'il doit donc créer autant de liens d'alliance avec les futurs politiciens du pays, surtout s'ils ne sont pas du Parti du Congrès.

À moins que cet aveu fait au chef du parti des Intouchables ne soient un moyen de rester plus longtemps... Mais comment la carrière de Ralph Whelan survivra-t-elle à tous les obstacles que lui, sa sœur et ses proches ont accumulé en secret ?

Note du samedi dix-sept juin 2017 :
Dans The Guardian de ce jour, Stuart Jeffries propose ses réflexions sur comment la télévision et le cinéma britannique représente l'Inde impériale et, un peu, comment les Indiens ne veulent plus s'en souvenir aujourd'hui. Il signale également que 2017 est une année Royaume-Uni/Inde organisée par le British Council.

jeudi 20 octobre 2016

Une crise du travail à La Poste ? Ou en Europe ?

Billet d'humeur économique, social et environnemental à de multiples échelles.

J'ai rapporté ici des événements montrant les difficultés que vivent les postiers depuis une décennie à partir d'exemples héraultais rapportés par Midi Libre. Un rapport indépendant a alerté le gouvernement au début de ce mois : la direction de La Poste a affirmé « ne pas se reconnaître dans ces situations de mal-être ».

En effet, les suicides et les situations extrêmes restaient abstraits dans mon esprit en voyant mon facteur assez souriant achever sa tournée quotidienne par mon immeuble tous les jours entre midi et demi et treize heures. Et ce, jusqu'à mardi, le dix-huit octobre 2016, où cela est survenu dans un des centres de distribution de Montpellier, celui central de Rondelet, près de la gare.

Selon les articles de Midi libre et France Bleu Hérault, une employée trentenaire a fait un malaise dans les toilettes de l'établissement qui a entraîné une hospitalisation d'urgence pendant deux jours. Les représentants syndicaux évoquent, eux, une tentative de suicide, dans le contexte d'un entretien préalable à un conseil de discipline pour faute grave.

Évidemment, il n'est pas évident de tirer des conclusions sur ce cas précis, ses causes anciennes, la justification de la procédure disciplinaire récente, la gravité de la faute affirmée (avoir déjeuné chez soi en utilisant un véhicule de fonction) d'après le règlement intérieur de l'entreprise. Et de l'étendre à toute l'entreprise nationale.

Néanmoins, petit à petit, c'est beaucoup de petits cailloux que l'on retrouve le long du chemin de la « privatisation » de l'opérateur public français et de la « tchatchérisation » du secteur des postes, livraisons et messageries dans son ensemble.

Aujourd'hui, la radio public départementale diffusait le témoignage d'un récent retraité de La Poste qui donne des exemples de méthodes de contrôle des postiers, qui rappelle celles évoquées par le rapport rendu le six octobre. Par exemple, ce logiciel de calcul des tournées qui sous-estime la durée des actes à accomplir et qui peut expliquer pourquoi, assis chez vous, vous pouvez toujours attendre que le postier, stressé et pressé par ses chefs, sonne pour présenter un colis ou un recommandé : une minute trente secondes par recommandé dans une zone couverte d'immeubles et de grands ensembles, c'est optimiste.

Ou encore : ces supérieurs qui arpentent la ville pour photographier les facteurs en tournée et prouver leurs fautes. De la pause-café en milieu de matinée à cette employée rentrée chez elle pour le repas : l'accusation se conforte sur la photographie horodatée de la voiture de fonction devant son domicile !

Des méthodes qui doivent aider à la bonne ambiance entre les cadres et les postiers.

Certes, le fait divers de Méréville - sacs de courrier dans un étang lorrain pour ne pas rater un match de la Ligue 1 de football - peut paraître justifier ce zèle sanctionnaire... L'avocat de l'intérimaire coupable s'amusera à détruire le système de La Poste : tournées trop longues ? Sauf à accomplir des heures supplémentaires gratuites ? Refus d'une approche efficace du problème : soit tu finis ta tournée aujourd'hui, soit tu es viré... Y a-t-il eu une formation suffisante du personnel ? Une écoute des nécessités du service : code de la route, politesse face aux destinataires croisés, signatures de plis recommandés... ?

Code de la route : je me souviens de ma surprise quand j'avais lu sur une publicité de Pizza Hut à Paris, il y a une douzaine d'années, que les livreurs à scooter respectaient le code de la route et n'étaient pas rémunérés à la vitesse de livraison. À La Poste : à Pézenas, au printemps 2015, un postier en contrat à durée déterminé s'est blessé en conduisant un véhicule puissant pour lequel il n'était pas habilité... Qui est en faute : le donneur d'ordre ou l'employé apeuré par le chômage ? Et c'est donc cette entreprise que le gouvernement a choisi pour faire passer les examens du code de la route. Intéressant.

Certes, La Poste n'est pas la seule à pressurer ses employés pour tenir face à un modèle économique du courrier papier en berne face à la numérisation de la correspondance et des factures, et aux coûts de la croissance des expéditions de colis (entrepôts de stockage, camions et avions, pénalités de retard, concurrence forte).

Au quotidiens, ce sont les « auto-entrepreneurs » de la livraison qui sont les victimes de ce modèle économique, qui permet d'avoir son jeu vidéo le soir de la sortie dans sa boîte aux lettres à dix-neuf heures pétantes, ou son repas de midi au bureau tout frais sorti du restaurant...

... Et aussi son colis quiché dans la boîte ou poser contre sa porte à la vue des passants par des livreurs payés une fois que les opérateurs leur ont déduit moultes pénalités de retard, la signature-mouchard électronique faisant foi. Revoir le numéro d'Envoyé spécial de France 2 du jeudi dix-sept décembre 2015 et la réponse hautement évasive d'un cadre d'un de ses opérateurs, filiale de...

... La Poste ?! Qui a beaucoup de filiales, presqu'autant qu'elle a de concurrents ?

C'est peut-être donc une question de société qu'il faut que nous nous posions en Europe : le prix le plus bas et l'assouvissement le plus immédiat de nos besoins méritent-ils autant d'inconfort pour les employés postaux et livreurs ?

Hier mercredi, Peter Fleming a publié pour The Guardian un article d'opinion sur comment l'économie néo-libérale, les patrons asociaux et les politiciens sans âme ont fait passé l'entrepreneuriat individuel du rêve de liberté et d'autonomie à un cauchemar de mal-paiement et de sous-assurance en cas d'accident. Londres, nouvelle Babylone du néo-libéralisme, voit ainsi depuis plusieurs mois un début de révolte des auto-entrepreneurs de la livraison de repas qui demandent à la justice de constater que leurs relations aux plate-formes internet de commande est une sujétion de type salariat.

Si vous observez attentivement les politiques menées par les gouvernements de droite et de gauche en France depuis deux décennies, et les programmes promis par les candidats proclamés, le pire est visiblement à venir. La gestion durable de l'environnement et des ressources les intéresse peu. Le bonheur social n'est plus un objectif tandis que le malheur de l'Autre - du délinquant qui méritait une légitime correction si policiers et juges en avaient les moyens matériels, jusqu'au réfugié qui importune et ce voisin qui a droit aux aides sociales et pas vous - est souhaité.

Seul compte le pilier économique pourvu que la politique qui le consolidera commence par améliorer les conditions de vie et de travail des seuls dirigeants et actionnaires des plus grosses entreprises. Et, à la rigueur, des dirigeants des petites et moyennes... Ceux qui sont encore assez petits pour avoir des idées nouvelles, oser de nouvelles pratiques.

Donc, qui est l'actionnaire de La Poste, et de là, de ses filiales ? L'État qui a aussi pour but le bonheur du peuple, par le peuple et pour le peuple. En raccourci : nous tous, à la fois clients-expéditeurs, usagers-destinataires et actionnaires.

Je vais écrire une phrase que certains vont interpréter comme faisant de moi un dangereux gauchiste, bobo citadin, qui ne connaît pas le vrai travail, etc. : pourquoi l'État/Peuple/Nation-actionnaire ne pourrait-il pas servir d'exemple d'employeur exigeant mais humain, de fournisseur de services à coûts maîtrisés mais pas bâclés ? Ce qu'il faisait dans le cadre du monopole depuis longtemps ?

Au lieu de ne subventionner que l'expédition postale des hebdomadaires ludiques et politiques (qui tournent en rond chaque semaine comme les chaînes d'information continue turbinent à fond tels des hamsters sous caféine), pourquoi ne pas encourager les mensuels culturels et de réflexion politique ? Serait-ce dangereux de montrer au Peuple la complexité et l'utilité des débats argumentés ?

Redéfinir le service universel : dans un contexte où, hypocritement, nous voulons recevoir à frais de port minimum une commande dans les deux jours tout en refusant de prendre feuille et stylo pour correspondre avec nos proches en agrémentant l'enveloppe d'un timbre symbolique du sentiment expédié, sommes-nous en droit - moral, je sais que l'argent achète tout dans notre société - d'exiger une tournée matinale six jours par semaine ? De ne pas avoir à nous déplacer pour récupérer un colis et donc de brûler essence et uranium pour faire accomplir des millions de « dernier kilomètre » en voiture et camion à des postiers moins nombreux quoique plus exploités encore ?

Je vais successivement braquer mes lecteurs libraires, syndicalistes postaux ou candiens, sauf s'ils acceptent le débat, voire pratiquent déjà ces idées : Amazon et ses casiers à colis (ou la librairie Gibert Joseph qui vous offre le port si vous allez chercher votre commande au magasin), La Poste et La Navette PickUp chez les commerçants de proximité, et Postes Canada avec ses boîtes communautaires (tiens, que deviennent-elles un an après Justin Trudeau ?) ne vont-elles pas dans le bon sens du développement durable face au bouleversement des marchés du courrier et du colis ?

Pour mieux gérer les énergies des véhicules de livraison, le moral des livreurs et facteurs - donc la qualité de leur travail - et assurer de meilleures marges à leurs entreprises, ne faut-il pas repenser le service universel et l'élargir à toutes les entreprises de livraison ici évoquées : moins de confort pour les destinataires peut-être sauf à payer convenablement le service, mais un service universel fort pour en protéger les travailleurs et nous garantir des droits opposables en cas de problème grave dans la délivrance ?

Certes, beaucoup de spécialistes - depuis ceux qui haïssent les postiers à ceux qui maîtrisent bien mieux les sujets évoqués que moi - seront sidérés de ma grande naïveté et souhaiteront plus ou moins gentiment que je retourne à mes timbres-poste à l'effigie de George VI. Que ces spécialistes fassent savoir comment ils voient les sociétés, les économies et les environnements européens à terme quand leur secteur professionnel sera géré comme le sont les postiers et livreurs de colis désormais.


Complément du vendredi vingt-huit octobre 2016 :
Lu sur LeFigaro.fr daté du jour, ce résumé par Pierre-Yves Dugua de la situation financière d'Amazon. Pour le troisième trimestre 2016, ventes en forte croissance et trente-quatre milliards de dollars de chiffres d'affaires ; mais seulement un quart de milliard de profit (qui triple néanmoins) à cause de l'équipement de haute-technologie de ses entrepôts et du coût de la livraison.

La solution en cours de déploiement : assurer elle-même les livraisons dans les zones urbaines denses aux États-Unis et, signale Forbes, fin septembre, à partir de l'expérience informatique de son nouveau directeur logistique, avec pour objectif plus d'un milliard de dollars d'économies par an. Les livreurs Amazon vont tourner sur des circuits optimisés par des programmes maison. Amazon, un nouvel opérateur postal ?

lundi 17 octobre 2016

Quand le Collectors Club vous signale qu'il faudrait lire ce livre oublié dans la bibliothèque

Hier soir, j'ai visionné une des conférences du Collectors Club de New York, une leçon d'histoire et d'imprimerie de sécurité par Gary Granzow à partir du cas de Perkins-Bacon.
La couverture du livre de Gary W. Granzow.
L'entreprise fut fondée l'inventeur états-unien Jacob Perkins (1766-1849), émigré en Angleterre en 1819, et son associé d'alors le graveur anglais Charles Heath (1785-1848), intéressé par les machines de gravure de sécurité imaginée par Perkins pour les billets de banque des États-Unis. Joshua Butters Bacon, le gendre de Perkins, racheta les parts de Heath en 1829.

La conférence est didactique à partir des gravures tirées des brevets déposés par Perkins et d'illustrations de l'époque... et pour cause ! Au cours des questions du public, Granzow signale que, quasiment seuls Perkins et ses plus proches sont capables de concevoir, monter et entretenir les machines les plus importantes pour la gravure et l'impression.

L'entreprise fit faillite en 1935 entre concurrence de nouvelles techniques et mauvaise gestion. La Royal Philatelic Society London acquit ses archives (voir le catalogue), ce qui permit la publication en 2012 du livre de Granzow Line Engraved Security Printing qui a donné la conférence du mercredi cinq octobre dernier (résumé pdf et vidéo sur Viméo).

C'est bien beau que je trouve cette conférence passionnante, mais il serait temps que je lise ledit livre posé dans ma bibliothèque depuis trois ans maintenant... Quelle honte.

Ceux qui ne le possèdent pas peuvent profiter d'une promotion sur les derniers exemplaires possédés par la RPSL : vingt-six livres sterling contre soixante initialement, ainsi que du débat suscité sur le nombre de timbres imprimés entre Granzow et les planchistes/plancheurs victoriens, résumé sur ce blog, et paru dans plusieurs numéros du London Philatelist en 2013.

dimanche 16 octobre 2016

Comment valoriser son office de tourisme par le timbre touristique ?

À partir de l'exemple de Liverpool, j'ai, ici et , abordé les activités de l'opérateur privé Universal Mail au Royaume-Uni : les touristes achètent des carnets de timbres illustrés de cet opérateur, affranchissent avec leurs cartes postales qu'ils peuvent déposer dans les boîtes de Royal Mail qui les remet ensuite à Universal Mail. À partir de là, l'opérateur choisit la voie la plus rentable pour les faire (lentement) arriver à bon port.

Les carnets de cinq timbres sont listés sur son site, tels les quatre consacrés au Pays de Galles. Dans la nature, vous les retrouverez autant dans les boutiques des musées, les magasins de souvenirs et même les mini-épiceries des rues touristiques de Londres. 
Le cinquième du carnet UK0055 d'août 2013 coupé pour être vendu à la boutique-office du tourisme de Cardiff, dans le Millenium Centre. Il était en troisième position sur un carnet précédent, le numéro UK0021.
 Au Wales Millenium Centre à Cardiff, la capitale du Pays de Galles, la surprise est venue de la boutique-office de tourisme installée dans une de ses ailes. Le lieu, inauguré en deux étapes en novembre 2004 et janvier 2009, contient une grande salle de concert - ne ratez pas la comédie musicale à l'affiche, un amphithéâtre et un théâtre (site web du Centre).

Il est connu par la citation monumentale sur sa façade métallique (allez voir un spectacle, vraiment : it's bigger on the inside ;) et son apparition répétée dans la série indigène de science-fiction Doctor Who dès la saison de la renaissance, le quatre juin 2005. Son sous-sol proche a été le quartier-général des héros de la série dérivée Torchwood.
Si la partie centrale est souvent montrée, elle est prolongée par des parois de pierre évoquant des strates géologiques et le passé minier du sud gallois (photographie sous licence Creative Commons by-nc-nd 3.0 fr - attention, bâtiment récent, ne pas abuser des droits d'architecte de Percy Thomas Partership racheté en 2004 par Capita Property and Infrastructure).
Le dimanche vingt-quatre juillet 2016, avant l'église norvégienne, pendant qu'un groupe de peintres de rue préparait une démonstration de graffitis et que la fête foraine estivale s'éveillait lentement, je suis allé en quête d'un plan de Cardiff, de cartes postales et de timbres à l'office de tourisme.

La surprise vint quand l'employé sortit d'un tiroir une petite pile de timbres Universal Mail et compta le nombre demandé : il ne disposait pas de carnets, mais uniquement de la vignette consacré au Millenium Centre.
Au dos du timbre Millenium Centre, le code-barre et les adresses mail et web de contact d'Universal Mail.
Qu'est-il arrivé aux quatre autres ? Une savante - et complexe - répartition entre les offices de tourisme gallois ? Peu probable, mais quoi ? Ces timbres sont exclusivement réservés à l'envoi de cartes postales pour l'étranger.

Mystère, mystère.


Sur place.

Pour prendre conscience de l'ensemble portuaire de la baie de Cardiff que le Millenium Centre a participé à transformer en partie de la ville, visitez le musée The Cardiff Story dans le centre-ville. Gratuit et interactif, il permet de découvrir l'histoire de la ville et de ses habitants.

Accueillant les studios gallois de la BBC et les tournages de Doctor Who, vous ne raterez pas l'Experience, un spectacle-musée des décors et costumes de la série.

vendredi 14 octobre 2016

De la vie de Phloi à celle du Roi Bhumibol

Hier, jeudi treize octobre 2016, le roi de Thaïlande, Bhumibol Adulyadej, est mort à quelques semaines de son quatre-vingt-neuvième anniversaire. Rama IX était le monarque vivant ayant exercé le plus long règne.

Entamées le neuf juin 1946 après la mort tragique et officiellement inexpliquée de son frère, ces sept décennies de règnes furent marquées par de nombreux soubresauts politico-militaires, mais aussi par l'entrée de la Thaïlande dans la mondialisation actelle comme un des « ateliers » et lieux de vacances des plus renommés d'Asie du Sud-Est.

L'importance de la monarchie et du roi en Thaïlande est visible sur les timbres récents du pays, consacrés aux anniversaires du Roi Bhumibol, autant que par la fréquence de son portrait et de ses symboles dans les lieux publics et les commerces.
Couverture de l' édition en anglais de 1998 (éditions Silkworm Books via amazon.fr).
Le premier jour du règne de Rama IX est également le dernier jour de l'héroïne du roman Four Reigns de l'acteur et romancier - éphémère dirigeant politique dans les années 1970 - Kukrit Pramoj.

Publié en 1953, l'œuvre est devenue un classique de la littérature thaïe, d'après les adaptations théâtrales et audio-visuelles, et surtout la réaction enthousiaste de mon hôte quand j'avais opté pour ce livre au hasard d'une visite dans la librairie Kinokuniya au centre commercial Siam Paragon de Bangkok en février 2009.

Elle a connu une première traduction en anglais en 1981 par Tulachandra, mais c'est une des réimpressions de l'édition de 1998 qui nous occupe aujourd'hui : elle comprend un timbre-poste de chacun des quatre rois sous lequel se déroule la vie de l'héroïne.

La jeune Phloi, née sous Rama V, devient une des servantes de la reine au moment où sa mère quitte définitivement son mari, un petit noble dont elle n'est qu'une épouse secondaire. Au long de sa vie, au gré des aléas de sa vie familiale et des événements politiques intérieurs, puis internationaux avec deux Guerres mondiales, elle témoigne de l'incrédulité de la population face à l'occidentalisation d'une partie des élites au cours de la première moitié du vingtième siècle. C'est troublée par le tragique sens de la vie que se clôt sa vie, le même jour le matin duquel le roi Rama VIII fut retrouvé mort par balle dans sa chambre, à l'âge de vingt-et-un ans.

Avec six cents cinquante pages, le roman est une véritable saga familiale qui peut, je pense, aider à découvrir certaines traditions thaïlandaises et comprendre comment l'ouverture au monde sous la cravache de l'Occident a bouleversé des sociétés entières par l'influence ou les guerres, ou par les échanges économiques inégaux.

jeudi 13 octobre 2016

Entre postaux et fiscaux dans les Indes occidentales britanniques

Ce soir, jeudi treize octobre 2016, à l'heure londonienne du thé - pendant que Montpellier comatait sous des seaux entiers de pluie, ce qui m'a permis d'assister en direct à : - Michael Medlicott faisait découvrir une infime partie de sa collection fiscale des Indes occidentales britanniques aux membres de la Royal Philatelic Society London.

La conférence et l'exposition sur place était exceptionnelle au sens que M. Medlicott n'a jamais exposé en compétition, ni réalisé auparavant cet exercice conférencier.

Un droit de port d'arme établi en Guyane britannique, le treize septembre 1873 (collection Michael Medlicott, conférence RPSL du treize octobre 2016).
En partant de la Guyane britannique puis en suivant l'ordre alphabétique des Antilles britanniques, il raconte autant qu'il montre comment les autorités locales et les imprimeurs, majoritairement londoniens, ont créé ces timbres postaux à usage fiscal et ces timbres fiscaux qui, de droit, pouvaient servir sur le courrier - enfin, parfois pour les valeurs au-delà du shilling.

Outre la présentation rapide des îles, de leur relief et de leurs richesses économiques, l'histoire apparaît grâce à ses fiscaux : la multiplication de leur nécessité quand il fallut compenser la perte de revenus publics après l'abolition de l'esclavage et le déclin (temporaire) des plantations de canne à sucre.

Certains planteurs rebondirent grâce à la banane et au commerce vers les États-Unis. D'autres administrateurs de petites îles s'obligèrent à imposer toute forme d'écrit officiel et commercial pour tenir la colonne recettes de leur budget.
Le fantasme des philatélistes-postaux : des timbres-poste surchargés et coupés en deux... Il fallait chercher en philatélie fiscale de Saint Vincent (collection Michael Medlicott, conférence du treize octobre 2016).
Bien que loin des préoccupations des collectionneurs de timbres-poste, le propos de Michael Medlicott clôt l'Automne errinophile de Londres, marqué par le Premier Congrès mondial d'errinophilie le mois dernier mais aussi par des expositions et activités de la Société royale à destination de tous les publics possibles.

Medlicott se place à l'extrémité hautement spécialisée, exigeante et savante de cette saison et sa conférence mérite une réécoute attentive et exhaustive pour compléter tout ce que l'on pense savoir sur l'histoire philatélique et postale des Antilles britanniques de la seconde moitié du vingtième siècle.

Enfin, l'ouverture de la conclusion de Medlicott n'oublie pas de rappeler que si le philatéliste fait œuvre scientifique lors de l'accumulation, de l'étude du timbre, de son type, filigrane, etc... Quand il établit sa collection, il réécrit l'histoire de son usage, et de là, de la colonie qui l'a émis et des contribuables qui l'ont utilisé.

Des idées déjà soulignées par un spécialiste des Bermudes, finalement dignes d'un chef d'État.

Comme pour chaque conférence, le résumé au format pdf est disponible à tous les visiteurs du site de la RPSL. L'adresse de la vidéo youTube peut être gentiment demandé à son secrétariat.

mercredi 12 octobre 2016

L'artiste Freddy Ryman célébré à Gibraltar

Avant-hier, lundi dix octobre 2016, une exposition consacré à Freddy Ryman a été inaugurée à la Gustavo Bacarisas Gallery, à Gibraltar. Sa famille et la communauté philatélique ont ainsi célébré un artiste gibraltarien pour le cinquantenaire de l'émission de son premier timbre.
Le premier de Freddy Ryman et le premier sur un événement local (Gibraltar Chronicle).
Ensuite, il est devenu l'artiste le plus prolifique de la philatélique du territoire britannique tout en étant l'auteur du premier timbre sur un événement local : les championnats d'Europe de pêche en mer, du vingt-huit août au trois septembre 1966.

Ryman fut nommé Membre de l'Ordre de l'Empire britannique en 1973

La philatélie organisée était représentée par deux conférences de Richard Garcia - après l'avenue des boîtes aux lettres et le jeu du premier timbre, et Stephen Viñales, et l'organisation de visites scolaires avec l'aide du Département de l'Éducation.

Pour plus de détails, voir les deux articles du Gibraltar Chronicle des sept et onze octobre par Alice Mascarenhas.

mardi 11 octobre 2016

Des timbres-poste dans le film Miss Peregrine et les Enfants particuliers

Ce n'est hélas pas un des films du siècle, même s'il dépasse très largement la production habituelle hollywoodienne : Miss Peregrine et les Enfants particuliers réalisé par l'excellent Tim Burton, adaptant le premier roman d'une série entamée en 2011 par Ransom Riggs.

Rêves et cauchemars enfantins, jeunes enfants spéciaux (mais ne le sont-ils... Ne le sommes-nous tous pas ? ;), enquête et mystères, et boucles temporelles pour quelques paradoxes entre la Floride actuelle, une île galloise isolée et la station balnéaire de Blackpool en pleine Seconde Guerre mondiale.


Pourquoi ce hors-philatélie ? Parce que le courrier joue un rôle, et même deux enveloppes timbrées sont omniprésentes, chacune sa scène dans la première moitié du film.

L'une entre Miss Peregrine vers le grand-père du héros est ornée d'un magnifique Machin bleu foncé et oblitéré d'un cachet rond (où est le réalisme des impressions jet d'encre pourries de Royal Mail ?!), et c'est fou comme elle tourne et retourne l'enveloppe dans ses mains.

L'autre, victime d'un vol innocent, a voyagé en sens inverse avec ses deux timbres des États-Unis. Moins visibles à l'écran, je pense qu'un d'entre eux représente un oiseau. Peut-être l'élément totémique de Miss Peregrine ?

Il faudra lire - ou, d'après la pyramide des âges des philatélistes, faire lire aux jeunes - le roman pour savoir si le courrier ponctue davantage le roman original.

Roman qui est une ode aux collectionneurs (et coïncidence, à mon guide mexicain des classes ouvertes de samedi), puisque l'écrivain voulait créer un récit organisé autour d'une collection de photographies anciennes, mais existantes... D'où « les enfants particuliers » inspirés des « monstres de foires » d'antan, mais protégés par Miss Peregrine.

Autre coïncidence avec ce blog, l'actrice Allison Janney, co-héroïne de The West Wing évoquée ici en septembre, joue le rôle d'une psychologue qui tient dans ses mains la lettre au Machin.

lundi 10 octobre 2016

Bijou numismatique au Pays de Galles

Le dimanche vingt-quatre juillet dernier, je passai ma première journée de promenade et de tourisme à Cardiff, la capitale du Pays de Galles. Sous un ciel fort britannique donc vivifiant, j'allais de mon Bed & Breakfast vers l'ancien port, le Millenium Centre, le siège du parlement régional et une ancienne petite église.

Dans celle-ci, une surprise m'attendait, en plus de ce que le guide m'avait indiqué.
Un farthing de 1939 plaqué argent et monté en pendentif, une fabrication de Coinwear.
 L'église norvégienne de Cardiff est posée toute seule au bord de la baie fermée, toute blanche. Elle servit de 1868 à 1974 aux marins des navires amenant du bois nordique pour les mines galloises et rapportant du charbon extrait de celles-ci.

Depuis 1987 et en deux étapes, le bâtiment est rénové et rouvre comme un petit lieu d'exposition artistique à l'étage (histoire du lieu et exposition de peintures), un café et la nef servant à des événements privés.

Ce dimanche-là, les artisans locaux étaient à l'honneur : jouets en bois, linges de maison et... bijoux réalisés à partir de pièces de monnaie.
L'église norvégienne de Cardiff sur le chemin entre l'ancien port urbanisé et les installations portuaires actuelles (photographie sous licence Creative Commons by-nc-sa 3.0 fr). Oui, le cliché date bien de fin juillet dans l'hémisphère Nord ; ça repose de la canicule méditerranéenne.
Depuis 1989, les deux entrepreneurs de Coinwear.co.uk montent en boucles d'oreilles ou collier des pièces de monnaie plaquées en or ou en argent.

Les exemples les plus marquants sont celles qui sont ciselées pour mettre en avant leur motif : Britannia, plantes symboliques et rouge-gorge sur les pence, kangourous du dollar australien, Liberty marchant ou aigle des dollars des États-Unis,...

Ils travaillent également à partir de vos propres pièces-fétiches.

L'autre côté de mon collier géorgien.
Admirateur du Roi George VI, j'ai été d'abord déçu puisque l'effigie royale attire moins les acheteurs, donc la scie du bijoutier. Heureusement, un quart de penny de 1939 était solitaire dans un coin, espérant un jumeau pour une paire ciselée de boucles d'oreille.

Hop en collier !