mercredi 31 août 2016

Qui a dit ? ou la relance de la "Marianne pour tous"

Actualité française = encore un billet d'humeur philatélico-politique. Et éloignez les enfants : il y a des citations de Premiers Ministres français dans ce billet, donc forcément carré blanc.

Qui a dit : « Marianne, elle a le sein nu parce qu'elle nourrit le peuple. Elle n'est pas voilée parce qu'elle est libre ! C'est ça la République ! » en plein débat sur la mode des dames à la plage ? Soit cent trente-quatre caractères, espaces comprises, l'idéal pour un tweet de soutien.
L'oblitération premier jour du bureau de Lattes, commune proche de la mer où se trouvait un des lycées-jury de la sélection de la Marianne de la jeunesse en 2013, dont Olivier Ciappa, un des créateurs, twitta qu'elle fut inspirée par Inna Shevchenko.
Réponse A : Olivier Ciappa, le quatorze juillet 2013, dans une grande inspiration républicaine aux journalistes qui l'interrogent sur son effigie aux épaules largement visibles et aux cheveux au vent... Avant de twitter quelque chose d'encore plus provocateur sur ses sources d'inspiration.

Réponse B : Inna Shevchenko justement, en pleine manifestation Femen sur le parvis de la mairie de Nice pour célébrer le culte de la femme libre, établi grâce à l'arrêté anti-burkini de Christian Estrosi... Avant que la police municipale ne se rende compte que la droite française est hypocritement conservatrice et que les mamelles à mater, c'est seulement sur les plages qu'ils doivent l'imposer.

Réponse C : Dominique de Villepin, premier pornographe de la République de 2005 à 2007, en pleine fièvre de l'écrivain, juste avant de continuer crûment ce que la postérité retint : « La France a envie qu'on la prenne. Ça la démange dans le bassin. » En effet, être seins nus est tout de même plus pratique pour l'homme dans cette situation.

Réponse D : désormais actuel premier pornographe de la République, Manuel Valls, lisant les fiches mal préparées par ses assistants qui feraient bien de lire en entier, l'esprit ouvert et critique allumé et une sincère envie de culture générale, Maurice Agulhon et comment la Troisième République s'enracina, puis Pierre Nora et les symboles et lieux de mémoire de notre République. Ou, réseaux sociaux aidant, les tweets d'une historienne Mathilde Larrere pour l'éducation d'un « crétin ».
Le projet élu de Thierry Lamouche sur la façade de l'Assemblée nationale en 2004... Tout ce merdier en une décennie.
(photographie sous licence Creative Commons by-nc-nd).
Une fois la réponse trouvée, éteindre radio et télévision, débrancher box internet et routeur wifi, mettre le téléphone en mode avion. Sortir et feuilleter son album de timbres aux pages de la Marianne des Français et imiter l'allégorie lamouchienne : inspirer et se développer durablement.

mardi 30 août 2016

Reportage annuel sur Raphaële Goineau sur SPM 1ère

Quoi ! Pas de reportage télévisé ou d'entretien radiophonique sur la philatélie de Saint-Pierre-et-Miquelon rapporté sur ce blog depuis un trimestre !

Ouf, merci à Angélique Le Bouter et Yannick Télétchéa de Saint-Pierre-et-Miquelon 1ère d'avoir rencontré, comme chaque été, la peintre paysagiste Raphaële Goineau. Diffusion samedi dernier, le vingt-sept août 2016.

Conseillère artistique depuis 2005, elle a remplacé le regretté Mark Taraskoff. Elle est montrée dans sa maison saint-pierraise en train de reprendre informatiquement un dessin de Patrick Derible pour l'adapter à l'impression taille-douce...* Elle profite de ces séjours pour rencontrer les artistes du programme philatélique local, échanger avec eux et leur expliquer les contraintes de l'imprimerie, tout en rencontrant d'autres qui pourraient y participer à l'avenir.
Retrouvé avec Colnect, Le Banc bleu, peinture de Raphaële Goineau , timbre émis en 2009... Une touche bois et couleur qui rappelle les maisons d'Amérique du Nord, davantage que celles de métropole (colnect.com).
Installée dans l'ouest de la France le reste de l'année, la Saint-Pierraise Raphaële Goineau revient en fait chaque mois d'août dans l'archipel nord-américain pour exposer, reprendre de l'inspiration et de la lumière... Des éléments qui la font classer par la critique comme « artiste américaine ». Une partie des reportages augustiens sont retrouvables avec l'aide de la page youTube de l'artiste.

Très connectée, elle dispose d'un site personnel avec boutique (peintures, mais aussi celles-ci imprimées sur sac en toile et aimants), d'un blog et d'une fiche sur le site du ministère français de l'Outre-Mer avec la liste de ses expositions.

Hors sujet gravure :
* Les puristes ont dû hurler : pire que la GAO, la GeSGAO. De la gravure sans graveur assistée par ordinateur.
Gravure assistée par ordinateur ? Mon explication du timbre de six euros et ses profils conjoints (Stamp Engravers, vingt août 2016).
Mais auront-ils une meilleure réponse que la mienne à la question espagnole d'Adrian Keppel sur le blog Stamp Engravers : comment superposer deux profils royaux gravés par deux artistes différents pour réaliser un timbre de six euros en 2004 ?

lundi 29 août 2016

Cartophilie sébastienne exceptionnelle du Figaro à Timbres magazine

Certes, j'aime acheter certaines jolies ou inspirées cartes postales pour décorer mon frigo et servir de cache-bibliothèque, et bien entendu pour Postcrossing. Peut-être devrais-je proposer les plus touchantes ici ?

Osons le bain de pieds salé.
Le week-end dernier, vendredi vingt-six août pour le site web, probablement samedi pour la version imprimée, Le Figaro remontait le temps avec la carte postale de vacances car c'est tout de même le journal du « c'était mieux avant ».
Le Tréport :le départ pour le bain (collection Casa-Rodriguez, 2009, sous licence creative commons (Mme Bonniel : laquelle ?) ; reprise par LeFigaro.fr, vingt-six août 2016).
L'actuelle Marie-Aude Bonniel introduit un article de 1903 de Jules Claretie sur comment a évolué la façon dont les Français communiquaient leurs plaisirs de vacances à leurs proches.

Le second constate le gain de temps qu'offrait la récente (une décennie) carte postale illustrée par une photographie, en comparaison avec la longue lettre manuscrite. Surtout qu'à ce moment-là, le recto ne pouvait servir qu'à l'adresse du destinataire ; il fallait rentrer le message dans les blancs (et l'envie des enfants) de la photographie au verso. Quatre mots au lieu d'une vraie lettre, tout se perd, tst, tst, tst...

La première commente la résistance supposée de la carte postale face aux sms et aux mails... mais en ne donnant que peu de nombres : trois cent millions de cartes achetées en France chaque année de nos jours (seulement la moitié selon M, le magazine du Monde le dix juillet précédent), huit cent millions produites en 1914. Pas de nombres des expédiées, ni de vente pour la période de l'après-Seconde Guerre mondiale ou de la veille de l'émergence du téléphone portable pour des comparaisons pertinentes.

Celui-ci est-il à critiquer ? Avec l'intégration d'objectifs sur cet appareil et la possible communication de données (3G, 4G, wifi, etc), le vacancier peut créer sa carte postale immatérielle : la photographie jointe à un sms, un tweet, un mail et hop ! Les proches sont informés immédiatement, sans attendre...

... qu'il y a une dame habillée qui se trempe les pieds en surveillant ses enfants se baigner avec des policiers municipaux qui s'approchent... comme semblent indiquer le tombereau de commentaires peu inspirés des lecteurs de l'article cartophile...

Reprenons : Attendre... Mes cartes postales de Cardiff, affranchies de timbres de l'Universal Mail UK et mises dans une boîte Royal Mail au deuxième jour de mon séjour - le vingt-cinq juillet, sont parvenus à Montpellier le jeudi dix-huit août... Impressive. Le sms permit de signaler immédiatement la bonne réalisation des étapes de mon séjour.

Zeyons nouvelle formule : vers les historiens et au-delà ?
À parler des cartes postales pour elles-mêmes, critiquons pour une fois la chronique cartophile de Serge Zeyons dans le numéro de septembre 2016 de Timbres magazine.

Hélas, nouvelle formule auto-réaffirmante, la reproduction des cartes proposées paraît désormais réduites - Sortez loupes et compte-fils ! - comme pour les items d'histoire postale des autres articles de ce numéro.

Mais, l'auteur a allongé son texte décrivant les cartes choisies et commentant le thème : la vie à la ferme. En proposant une bibliographie large, c'est toute l'histoire paysanne de la France du vingtième siècle qui y passe, sous prétexte pertinent de rappeler le rôle des cartes postales illustrées comme document d'histoire économique, sociale et...

... familiale. Avec la première carte, Serge Zeyons y est presque. Oui presque à montrer explicitement le lien entre loisirs qui pourrait rapprocher philatélie et généalogie par l'intermédiaire de la cartophilie.

Combien des cartes proposées par Zeyons ou collectionnées pour leur affranchissement par les philatélistes, pourraient intéresser les généalogistes familiaux car c'est un ancêtre qu'elle représente ou un thème nécessaire à la rédaction de leur histoire familiale ?

Et inversement, combien de timbres au type IIb alpha tango N sous R - vous avez compris que l'article sur les différences entre chaque Semeuse lignée a été survolé comme le vol low cost estival au-dessus d'un pays pauvre - sont collés sur des cartes postales accumulées par le généalogiste chercheur en quête d'ancêtres et de contexte ?

Un moyen de rencontres ? D'échanges ? De commerces ?

Allez Serge, montrez l'exemple ! Outre l'année de publication des cartes, envoyez cette carte de repas de famille paysanne vendéenne (Le Reçounage : l'heure de la soupe. Librairie Poupin n°1086, Mortagne - voir Archives départementales de Vendée, 1num20) à La Revue française de généalogie : je suis sûr qu'en quelques numéros, nous saurons qui étaient ces personnes : leur identité, liens de parenté, métiers, productions, passé et devenir, localisation, etc.

Messieurs Toulemonde et Hervis : à quand des articles conjoints de courriers généalogisés ?

dimanche 28 août 2016

Pendant ce temps aux États-Unis (3) : Amazon.com, poste et même philatélie

Dernier article d'une série inspirée des petites nouvelles partagées entre les participants du Stamp Collecting Forum en ce mois d'août, consacré à l'hypermarché en ligne Amazon.

Bonjour, je m'appelle Tomate.
C'est ce que vous dit le bloc de boîtes à colis jaune, posé au coin de la station de distribution automatisée d'essence située entre la sortie des parkings du centre commercial Polygone et le quartier d'Antigone, dans le centre de Montpellier, au sud de la France.
Ce n'est pas moi qui le dit... (licence creative commons nc-by-sa 3.0 fr).
 J'ai découvert le bloc au coin de ma vision périphérique lors d'une course au centre-ville. Donc allons sur amazon.fr/locker pour comprendre puisqu'en ce mois d'août, deux petits colis d'Amazon me sont parvenus par les chemins habituels : La Poste et ColisPrivé.
Le bloc, son écran tactile sur le mur de côté de la station-service (licence creative commons nc-by-sa 3.0 fr).
Apparemment, c'est dans son profil que l'acheteur se dirige et ajoute une nouvelle adresse de livraison en plus de son domicile : il cherche et sélectionne Tomate. À la prochaine commande pour laquelle il est souhaité une plage horaire étendue ou une localisation particulière (du travail mais sans être accusé de se faire livrer chez le patron ?), cliquer sur l'adresse de Tomate.
Où est Tomate ? (Google Maps).
Google et Google Actualités ne me permettent pas de dire quand Tomate a été posé là...

Amazon sauve l'USPS. UPS aussi !
Souvenez-vous qu'Amazon souhaitait, en octobre 2015, s'emparer entièrement du distributeur français de colis Colisprivé. La compagnie s'est contenté d'en être un actionnaire tout en continuant à optimiser ses coûts de livraison.

Un forumeur états-unien témoigne que son facteur délivre les colis Amazon depuis avril dernier. L'United States Postal Service, opérateur public réputé voué à la ruine, a donc réussi à reprendre son rôle dans une bonne part des colis Amazon, mais à quel prix ?

En attendant, l'enquête du forumeur raconte que, chaque jour samedi et dimanche compris, son bureau de poste local reçoit d'un transporteur privé d'une à quatre palettes de colis Amazon, déjà marqués et arrangés par tournée. En visitant ledit bureau, il a découvert les véhicules des postiers ruraux chargés à bloc, effectuant même deux tournées parfois grâce à ces colis.

Il a surtout découvert, d'après le postier, que les contenus les plus communs de ces colis sont la nourriture pour animaux et des couches pour bébés.

Amazon a démarré comme le libraire-disquaire en ligne, puis il est devenu un petit bazar en ajoutant vêtements, engins de bricolage et le marketplace à la fois vitrine et entrepôt d'autres commerces... Depuis quelques années, il est devenu l'hypermarché du quotidien pour certains États-Uniens, y compris pour les rayons alimentaires et bébés.

Et qui peut délivrer efficacement autant de colis, évitant la tournée des supermarchés et permettant le meilleur prix, à part l'opérateur historique obligé d'être partout six jours par semaine, même pour distribuer de la nourriture en Alaska.

Un autre participant confirme la redécouverte des atouts de l'United States Postal Service par les marchands et postes expresses. Vous attendez un colis essentiel, livré le lendemain par UPS ? Contre trois dollars et demi ou un abonnement annuel de vingt dollars, UPS vous propose de le garder une journée pour vous le remettre. Sinon, après la première et seule présentation, UPS le remet à l'USPS pour distribution comme colis standard le jour d'après...

UPS embauche USPS comme un vulgaire sous-traitant !?!

Oui, car qui a des bureaux de distribution partout et repassera à coup sûr là où vos véhicules ne devraient avoir à passer qu'une seule fois ? L'opérateur historique.

Amazon, même la fédération philatélique lui dit merci.
Dernière surprise en provenance d'Amazon : Amazon Smile. Sans surcoût pour l'acheteur d'Amazon.com, la version états-unienne du magasin, il peut s'inscrire sur ce programme Smile et sélectionner ou proposer une association charitable qui recevra un demi pour cent de la valeur des commandes réalisées dès lors.

Au sens fiscal états-unien, l'American Philatelic Society et l'American Philatelic Research Library, évoquée hier sur ce blog, sont des associations charitables.

Certes, pour l'année fiscale correspondant à 2015, ce ne représente que quelques centaines de dollars, environ une dizaine de cotisations de membres et il y a sûrement des organismes davantage dans le besoin, mais cela fait réfléchir pour les sources annexes de financement de la philatélie organisée.

En vocabulaire fiscal français, dans quelle mesure les associations, sociétés, fédérations, leurs actions et celles de leurs partenaires lucratifs rentreraient dans l'expression « d'intérêt général » ?

samedi 27 août 2016

Pendant ce temps aux États-Unis (2) : une recherche philatélique hyperactive

Toujours par le hasard des nouvelles et des questions/réponses posées sur le Stamp Collecting Forum, que se passe-t-il dans la philatélie organisée états-unienne ? De quoi faire baver un lecteur philatélique comme moi.

La plus grande bibliothèque philatélique du monde
Les vendredi vingt-huit et samedi vingt-neuf octobre 2016, l'American Philatelic Society inaugura le nouvel espace de sa bibliothèque, l'American Philatelic Research Library.
Le bandeau d'annonce de la réouverture (site de l'APRL, stamplibrary.org).
Non sans mal depuis la proposition en 2002 d'acheter une ancienne usine d'allumettes à Bellefonte, au centre rural de la Pennsylvanie - c'est le nom du comté, pour établir aussi durablement que possible cette bibliothèque : il eut nombre débats au sein de la fédération états-unienne, des directions successives et concurrentes sur le financement de ce projet avant que les pros l'accomplissent.

Vingt-trois mille livres, cinq mille sept cents périodiques (utilisez le catalogue en ligne), un service de prêts aux membres et chapitres, et entre bibliothèques d'associations partenaires. L'équipe de la bibliothèque propose une revue trimestrielle de littérature philatélique, The Philatelic Literature Review et un blog de l'actualité du lieu.

L'APRL participe également au catalogue de la Bibliothèque philatélique globale, hébergée par la Royal Philatelic Society London, et dont la liste des membres participants impressionne par le nombre et la modernité d'indexation d'organisations états-uniennes (par le manque de français ?).

L'inauguration de la bibliothèque de Bellefonte comprendra la découverte du nouvel espace, un dîner et une conférence par David Beech, ancien conservateur des collections philatéliques de la British Library de 1983 à 2013.

Pour trouver la bibliothèque et le siège de l'American Philatelic Society lors de votre prochain road trip in the U.S. : par ici sur Google Maps.

Résumons pour les Français :
Donc, une fédération nationale possède son siège et une bibliothèque spécialisée complète qu'il met à disposition sur place et par correspondance à ses membres et visiteurs-chercheurs. Hum-hum.

Certaines salles et équipements essentiels financés par des associations et sociétés alliées et qui portent désormais leur nom. Hum-hum.

Propriété d'un siège, ancienne usine, dont on peut louer certains bâtiments pour tirer un revenu en plus d'économiser le loyer... Petit défaut, le bâtiment que la bibliothèque occupait temporairement est un peu bloqué entre un souci juridique (la donation pour le réaménager imposait une destination précise) et un souci fort pratique : l'APS a dû récupérer et doit se débrouiller de faire quelque chose d'une partie des nombreux cadres d'exposition surnuméraires du comité d'organisation de New York 2016...

Si, donc, tout n'est pas rose aux États-Unis, ça impressionne de voir que le problème de l'APS est ce que l'on fait de larges locaux possédés et pas si on pourra organiser un championnat national de quatre jours à Paris en 2016, voire peu importe où en 2017... Ce fut solutionner, mais des indices montrent que ce ne fut pas aisé pour la direction fédérale.

Des journalistes philatéliques français pour voir où en est la bibliothèque sise dans le bâtiment du Musée de La Poste, dont les présentations du musée lui-même et de l'Académie de philatélie paraissent... différentes ? Au-delà, je ne pense pas que les bibliothèques des associations locales ou spécialisées françaises en soient à ce que j'ai sommairement décrit auparavant.

Beech invité... Et au Royaume-Uni, l'État possède des collections de référence et une bibliothèque philatélique dont il a numérisée une partie quasi-complète jusqu'à 1911... Une idée de portail philatélique sur le site de la Bibliothèque nationale de France ou continue-t-on à aller à la pêche sur gallica ?

C'est bien la pêche si on aime contempler la nature sans être dérangé par les poissons. Sinon, environ deux mille six cents titres de la Crawford Library numérisée sont français...

Note : yaka, faukon... Juste ce que j'observe depuis quelques années comme différences marquantes entre les univers philatéliques français d'un côté, britannique et états-unien de l'autre. Mais je ne suis qu'un jeune ignorant :)

Des associations spécialisées de tout, mais absolument tout
Autre élément de différenciation entre les deux univers géographiques, il me semble : la part entre associations de proximité, associations spécialisées et sociétés.

Je comprend que les premières regroupent des collectionneurs et philatélistes ayant des intérêts variés par proximité géographique, ce qui est commode pour organiser expositions et les échelles locales des championnats.

Et que les secondes regroupent nationalement, voire internationalement, les philatélistes par spécialité, ce qui est commode pour organiser des rencontres avec des intérêts communs.

Je n'oublie pas les sociétés - sans réflexion ici sur le nom employé - qui regroupent tous les volontaires pour en être membres et participer, financièrement ou don d'huile de coude, à des grands projets telles la numérisation et mise à disposition du passé de la philatélie.

J'ai une impression, mais sûrement ai-je tort, que les deux dernières sont fort importantes (sans remplacer les premières) outre-Manche et outre-Atlantique que de ce côté-ci des Pyrénées.

Une preuve supplémentaire à cette impression ancienne : à un participant demandant comment débuter en exposition compétitive, quels livres de conseil, où acheter des cadres, quelles fournitures papetières, ses compatriotes du Stamp Collecting Forum ont répondu : American Association of Philatelic Exhibitors.

...

Ils ont même une Association américaine des exposants philatéliques ! Dont un membre, Steven Zwillinger vient de publier Path to Gold: 175 Proven Stamp Exhibiting Tips (environ deux cents pages) : la liste des cent soixante quinze trucs et le bon commande.

Si je posais la même question sur un forum français ou un dimanche matin dans une association de proximité en France, quelle réponse obtiendrais-je ?


Prochain article : Pendant ce temps aux États-Unis (3) : Amazon.com, poste et même philatélie.

vendredi 26 août 2016

Pendant ce temps en Amérique du Nord (1) : fêtes de la diversité

Billet d'humeur (vous êtes prévenu)
Cette semaine finissante d'août 2016, la moitié nord de la France redécouvre qu'il fait chaud en été, même la nuit, et plus encore dans les villes sans assez de verdure. La moitié sud littorale s'écharpe autour des tenues de bains des femmes à la plage, comme auparavant les menus alternatifs pour les enfants dans les cantines scolaires...

Des maires, ministres et candidats aux noms d'origine arabophone, espagnole, italienne et hongroise ont décidé qu'il était plus simple de faire campagne présidentielle et législative tous azimuts contre des mères de famille et des adolescentes que d'attaquer franchement délinquants et criminels réels, imams radicaux et États prosélytes mais alliés financiers.

Pendant que l'État russe met la dernière touche à une cathédrale orthodoxe en plein Paris... Oh, un écureuil burkini !

Les émissions nouvelles de la tolérance
Pendant ce temps, voyons ce qui se passe dans le monde philatélique des États-Unis et du Canada avec l'aide des participants du Stamp Collecting Forum, hébergé chez Delphi Forums.
Une photographie simple mais efficace de Sally Andersen-Bruce mise en page par Greg Breeding... Combien de mois de débat en France ? (United States Postal Service).
Le mercredi cinq octobre prochain, l'United States Postal Service émettra le timbre annuel pour la fête hindu de Diwali, fête des lumières, qui aura lieu les vingt-huit ou vingt-neuf octobre selon les régions de l'Inde. Et si j'ajoutai le timbre de juin (dans une lignée datant de George Walker Bush en 2001) pour les deux Aïds célébrés l'un à la fin du mois de Ramadan, l'autre pour commémorer le sacrifice de son fils par Abraham ?
Le timbre Eid Greetings du calligraphe Mohamed Zakariya, mis en page par Ethel Kessler : de l'arabe sur un timbre de France... La guerre civile se rapproche (United States Postal Service).
Mon Dieu dans lequel je ne crois pas, combien de mois d'insultes, pseudo-débats, accusations de communautarisme d'un côté, de laïcisme de l'autre s'il prenait à La Poste française d'émettre des timbre sur des thèmes religieux autre qu'un temple classé monument historique ou une scène de nativité planqué dans le carnet Croix-Rouge.

En 2017, pour le salut de la République libre, égal, fraternel et laïque pour tous, L'Adresse Musée de La Poste et les partenaires de la philatélie organisée ne peuvent-il pas envisager comme exposition temporaire d'inauguration de sa nouvelle forme intérieure une exposition des timbres et de l'histoire postale de France et de ses territoires, actuels et anciens, en lien avec les religions, du patrimoine architectural aux hommes et femmes de foi ?

Voire si découvrir tous les timbres déjà émis ne suffit pas, lancer cinq ans de Fêtes du timbre sur la diversité : religieuse, migrante en France, expatriée dans le monde, l'outre-mer, les langues et folklores régionaux,... ?

Ou alors, restons dans cette ambiance années 30, voire seizième siècle avec clans nobiliaires politiciens et puissances étrangères agitant le hochet religieux pour diviser le peuple. Qui sera notre Henri IV ? Pour le moment, j'entend beaucoup d'Henri II, de Charles IX et de Louis XIV.

Même le Canada s'y met
Ajoutons quelques mois potentiels de débats franco-français en signalant l'existence du Mois de l'histoire des noirs dans les trois principaux pays anglo-saxons, dont le Canada.
Photographie historique sur fond de forêt du Jura français, une ilustration de Dennis Budgen (Postes Canada).
Le premier février dernier, c'est le Deuxième Bataillon de construction qui fut honoré d'un timbre au tarif permanent de la lettre intérieure. Recruté en Nouvelle-Écosse en 1916, ce fut le seul bataillon canadien comprenant des soldats de couleur qui servit pendant la Grande Guerre, et un seul de leurs officiers était noir : William A. White, l'aumônier du bataillon, qui fut alors une singulière exception de toute l'armée impériale britannique.

En France ? Le concert d'un rappeur descendant d'un tirailleur sénégalais dans le cadre des célébrations du centenaire de la bataille de Verdun fut annulé dans un grand concert polémique digne de twitters, la nouvelle façon d'argumenter en cent caractères maximum (les mots-dièses à ajouter pour simplifier la compréhension des plus obtus).

Un de ces messages, d'une certaine Marion, a entraîné la réponse musicale de l'artiste cet été :
Clip de Je suis chez moi, interprété par Black M, été 2016 (youTube).


Une idée de collection thématique : les colonisés et leurs descendants dans la philatélie de France, de son empire et de son outre-mer. Avec en légendes rédigées : glorification de généraux brutaux, idées reçues racistes et intégration à une république de la diversité.
Oui, ce timbre a réussi à provoquer des commentaires racistes à sa sortie... (collection personnelle).
Ce n'est pas gagné : certains se souviennent de commentaires de lecteus des sites d'information contre le petit garçon visible dans le coin de la Marianne de la jeunesse, lors de son émission en juillet 2013. Certains l'accusaient de ne pas apparaître assez européen...

D'où viendra la prochaine ironie philatélique ?
Australia Post aime émettre des timbres sur les spécificités du continent austral, de sa faune dangereuse à ses vacancières routières. À quand un timbre sur Aheda Zanetti, créatrice à succès de tenues sportives à capuche dans une série sur les entrepreneurs australiens ?

Merci la France pour la publicité gratuite.

Quelques heures après la rédaction de ce billet d'humeur, c'est Timbres magazine de septembre, sorti hier jeudi vingt-cinq août en kiosque, qui me rappelle que La Poste française elle-même a tenté de rappeler la diversité de la société française... et c'est passé fort inaperçu.
Timbre-caricature à message de Plantu (phil-ouest.com).
Avec un premier jour le jeudi vingt-trois juin dernier, c'est en toute fin d'année scolaire qu'a été célébré le cent cinquantième anniversaire de la Ligue de l'enseignement.

C'est dommage : imaginez un premier jour le premier septembre, jour de rentrée scolaire, la ministre de l'Éducation nationale se rendant dans une école où est expliquée aux enfants présents le message du caricaturiste de presse, auteur de l'illustration et que signale Timbres magazine sur la petite fille.

Combien de tweets et de commentaires rageux de politiciens et de concitoyens ?

mercredi 24 août 2016

Paris-Philex (10) : le livret-programme

Et oui, le dixième article échappait à ma mémoire immédiate à chaque fois que j'envisageai quel sujet pour l'épisode suivant, alors que ce livret distribué à l'entrée du salon a été mon compagnon permanent pendant l'écriture, aussi essentiel que mes notes et mes photographies prises sur place, fin mai 2016.

Malgré un contenu très convenu, mais n'est-ce pas son rôle officiel ?

Les premières pages sont consacrées aux huiles (essentielles ?) avant de se consacrer aux volontaires du comité d'organisation, puis au jury, mais pas avant d'avoir listé tout le « parcours philatélique complet » vendu par le grand financier du salon.

Instrument essentiel du blogueur sans mémoire : la liste des participants du championnat par classe... Étrangement, la liste des donateurs des récompenses est séparée du jury et des participants par le long catalogue des stands ? Et la liste des concurrents par ordre alphabétique repousée à la fin avant les publicités ??

À la quarantième page, enfin, de l'étude philatélique avec Jean-François Gibot et la genèse du mille francs Vue aérienne de Paris. Cela permet d'amener la liste des cadres proposés par les académiciens sur leur stand... et, subrepticement, de placer le bonus des Trésors de la φl@télie 2016.

Dans les pages finales, évacuons l'intrus : Super Victor, mascotte de l'Euro, et ses collectors à gogo déjà imprimés en onzième page. Restent les annonces des événements fédéraux à venir : Timbres Passion à Toul (jeunesse, thématique et polaire) en octobre prochain et enfin l'association volontaire pour accueillir le championnat du vingt-huit au premier mai 2017 : Cholet et sa localisation  sur une carte de France. Et en dernier, la Fête du timbre les huit et neuf octobre.

Pourquoi le conserver ?

La mémoire des participants déjà : compétiteurs, académiciens et autres invités exposants de collections. Iconographie de la promotion des manifestations philatéliques ? Les trois discours inauguraux... Utile pour les historiens de la philatélie organisée pour détecter les évolutions dans les discours officiels et comprendre la transformation des salons φr@nçais en grandes messes biennales et leur échec.

En attendant, merci à Martine Divay pour avoir présidé à son édition. Et hop, aux archives jusqu'au jour où la mémoire aura besoin de se rafraîchir.

mardi 23 août 2016

La poste revit en Somalie !

Depuis hier lundi vingt-deux août 2016, grâce à deux collectionneurs, nous avons des preuves de la reprise partielle d'une activité postale en Somalie, dont l'État a longtemps été considéré en déliquescence et le territoire divisé depuis la guerre civile des années 1990 face à laquelle un ministre français (souvenir) et des soldats états-uniens ont échoué malgré leurs bonnes intentions.

Cela a changé loin de l'intérêt des médias occidentaux depuis 2012. Deux collectionneurs mondialistes en témoignent.

Des collectionneurs du monde aux initiatives...
Le premier informateur, David Langan un blogueur cartophile irlandais (Postcards A world Travelogue), a visité la capitale Mogadiscio et s'est rendu au bureau principal pour tenter d'envoyer du courrier international et a pu rencontrer le directeur de Somali Post et son adjoint en charge de la philatélie... et ce qu'il reste de son stock imprimé en Italie pendant les années 1990 malgré la dislocation du pays. Apparemment, très heureux qu'on s'intéresse à leurs efforts.

David avait posté un reportage de cette visite dès le vendredi douze août et a pu constater les progrès réalisés depuis sa dernière visite en Somalie et en Somaliland en 2011 quand le gouvernement n'avait le contrôle que de l'aéroport et aucun service postal... En Somaliland, aucun service postal non plus, à part le service express DHL avec passage par le Kenya.
Trois des lettres préparées par Jinesh Joseph avec des timbres de Somalie d'avant la fin du service postal, confiées au bureau principal de Mogadiscio par David Langan le dix août 2016 et arrivées une dizaine de jours après à Bangalore, en Inde (collection Jinesh Joseph, worldairmail.blogspot.com, avec son autorisation).
Le second, Jinesh Joseph un blogueur philatéliste indien (My Postbox à l'adresse worldairmail.blogspot.com), lui avait confié des enveloppes préparées avec des timbres somaliens des années 1990 et a publié hier sur son blog et sur le forum StamBoards l'arrivée de ces courriers oblitérés le mercredi dix août 2016. Un pays de moins dans son essai de réaliser une collection de tous les « pays philatéliques » du monde, complétée des entités pour les États fédéraux.

... qui répondent à bien des questions.
L'impression italienne de timbres pour la Somalie après l'implosion de 1991 jusqu'en 2002, et l'existence d'émissions imprimées à Cuba et, en 2011, en République populaire de Chine, sans compter les vignettes illégales au nom du Somaliland, avaient animé depuis trois ans une enquête de participants du forum StampBoards pour déterminer si le gouvernement somalien reconnu par la Communauté internationale étaient donc parvenus à relancer un système postal soit depuis Nairobi, son refuge des années 2000, soit depuis Mogadiscio sous haute sécurité.

Réponse désormais : de 1991 jusqu'à nouvel ordre, aucun timbre-poste n'a été émis par la poste somalienne. Une tolérance existe pour les imprimés d'Italie jusqu'en 2002, car reconnus légitimes par les autorités d'alors, probablement en lien avec un contrat de création philatélique avec Stamperija et l'imprimerie et monnaie nationale italienne (IZPS). Il faudra que les historiens se penchent sur comment les gouvernements en exil et temporaires somaliens ont assuré la continuité de l'État et de ses intérêts à l'étranger, dont les revenus philatéliques de ces imprimés de 1991 à 2002.

Petits pas vers l'avenir somalien.
Le bilan du voyage est que Somali Post fait vivoter un embryon de service postal intérieur, en préparant la réouverture progressive des bureaux dans les principales villes du pays, y compris Hargeisa, la capitale du Somaliland sécessionniste !

Le trafic de courrier vers l'étranger devrait débuter en janvier 2017, une nouvelle qui se fera sûrement mieux connaître des philatélistes grâce à ces quelques lettres spéciales. En attendant, grâce à un accord avec Emirates Post, du courrier international peut arriver en Somalie.

Quant au service postal, les photographies de David Langan montrent le bureau principal des années 1970 bien vide, mais où les réparations et peintures sont achevées, les boîtes postales prêtes pour janvier... En attendant, faute de numéro de téléphone sur le courrier, deux dizaines de sacs non distribuables pour le moment attendent, y compris un sac mal dirigé pour les îles Salomon (SOL en anglais).

Comment est venu l'idée de visiter la capitale en reconstruction d'un pays pas encore sûr ? L'envie d'y retourner, de véritablement poster une carte postale depuis la Somalie et l'ouverture d'un site touristique de Mogadiscio.

Reste à voir si des journalistes reporters ont récemment pu visiter le reste du pays - les milices AL-Shabaab encore présentes malgré une défaite importante en 2012, les deux provinces indépendantes (Somalilant et Puntland) à rapprocher sans heurts, et des États fédérés à constituer en tenant compte de toutes les susceptibilités : voir les tractations autour du Galmudug, futur État des Régions centrales.

Nous en saurons plus sur l'état de ce pays lors des élections parlementaires des vingt-quatre  septembre et dix octobre prochains au cours desquels les anciens des clans et les représentants des communautés voteront librement.


Complément du samedi vingt-huit décembre 2019 :
Entre géopolitique et mal-développement, l'évolution est lente pour le service postal somalien.

D'après cet article de l'agence Chine nouvelle du neuf octobre 2019, la Somalie, ayant commencé à rembourser ses dettes envers l'Union postale universelle, a pu en redevenir membre et donc peut envisager les échanges de courrier avec les autres postes du monde.

Cependant, l'annonce d'une reprise de ces échanges internationaux pour fin 2019 demande confirmation alors qu'un attentat a tué plusieurs dizaines de personnes dans la capitale ce samedi.

lundi 22 août 2016

Stanley Gibbons revient à la philatélie

Enfin, après six ans de délires néo-libéraux, il semble que la direction londonienne de la compagnie jersiaise Stanley Gibbons se souvient qu'elle achète et vend des timbres, et publie un catalogue, un magazine et des livres.

It's a rich men's world!
Délire néo-libéral quand on fait l'addition des capitaux littéralement partis en fumée et que les employés désormais subissent sous la forme de cinq millions de livres sterling d'économie dans le budget annuel de fonctionnement...

Il était temps car, à la bourse de Londres, si l'action Stanley Gibbons est aujourd'hui cotée entre treize et quatorze pence, elle avait atteint les neuf pence et demi mi-juillet quand elle atteignait les trois livres soixante-dix-huit en 2014 et tournait entre une et deux livres avant l'épisode. N'y comprenant rien aux montages des golden boys blairites néo-thatchériens, les derniers achats massifs d'actions nouvelles par les membres dirigeants... soupir...

Croyaient-il dans les produits qu'ils vendaient ? C'est une question rhétorique.

Surtout depuis leur éviction le quinze juillet dernier.

Internet et philatélie, côté marchand.
La stratégie d'acquisitions-diversification semble catastrophique pour plusieurs raisons à mon avis et selon l'avis d'autres observateurs, marchands comme collectionneurs, sur StampBoards.com.

D'une part, il y a ce site internet de ventes entre collectionneurs, bidStart, acquis en 2012 à prix d'or et revendu cet été sûrement à perte à son ancien propriétaire (!), Mark Rosenberg, qui essaie de l'intégrer dans son nouvel HipStamp.

Une revente en toute urgence en plein été, après que Stanley Gibbons a investi à perte des barres d'or entières pour transformer son site web marchand-à-papa-efficace en marketplace top moderne, le eBay de la philatélie... eBay, voire même Delcampe, ont-ils senti une quelconque menace ?

Le SG Marketplace ouvert en mai 2015 est promis à la fermeture courant septembre 2016...

J'ai évoqué une fois la conséquence de cette transformation : la difficulté de retrouver les pages dédiées au magazine Gibbons Stamp Monthly, le sommaire du dernier, mais pire, comment s'y abonner en ligne. Sur StampBoards, c'est la totale confusion graphique entre les pages des timbres vendus par Stanley Gibbons et celles des vendeurs amateurs qui heurtait, même si certaines ventes semblaient bien provenir de l'entreprise elle-même malgré l'indigne état des timbres photographiés. L'ancienne direction faisait-elle racler les fonds de tiroirs pour tenter de tenir ses bilans ?

D'autre part, la liste des produits (voir l'article de Wikipédia) désormais disponible au sein du groupe donne le tournis : des concurrents philatéliques ultra-spécialisés, des investisseurs et des enchéristes d'art. Ces derniers regroupés dans The Fine Art Auction Group ont même racheté un site d'enchères de vin depuis un an...

Même si Spink organise également des ventes de vins et spiritueux prestigieux, Spink paraît resté capitalistement concentré et affiche constamment la philatélie en ouverture de site.

La philatélie, n'est-ce que du profit ?
Internet tous azimuts et diversification à outrance avaient déjà provoqué des grincements publics de dents au sein des philatélistes du groupe...

Le rédacteur en chef du catalogue Hugh Jefferies a proposé une histoire de six pages des cent cinquante années du catalogue, dans le numéro daté novembre 2015 de Gibbons Stamp Monthly. En dernière partie tout en remerciant tous les collectionneurs ayant transmis leurs recherches et découvertes, il évoque comment le catalogue devient progressivement un objet numérique pour certains lecteurs, soucieux d'arriver léger mais équipé devant les marchands ou ceux voulant seulement acheter les pages de leur spécialité.

Mais, en une tournure de phrase, il écartait l'idée qu'il fallait abandonner l'impression du catalogue pour accélérer l'arrivée du catalogue dématérialisé qui « prendra plus de temps qu'il pouvait être espéré en certains lieux » ("it is taking longer than may have been hoped in certain quarters").

Les deux natures du catalogue coexisteront sans que l'une ne tue l'autre. Devait-on y voir une pointe envers une direction qui voulait hacher dans les coûts d'impression, de stockage et de dévalorisation progressive des catalogues papier afin d'augmenter exponentiellement les marges bénéficiaires ?

Le chaos n'est pas un gouffre. Le chaos est une échelle (source)
En attendant, le chamboulement à la tête du conseil d'administration et de l'exécutif de Stanley Gibbons au printemps donne lieu à une opération de communication dans le numéro daté août 2016 (en kiosque le vingt-et-un juillet) du mensuel de l'éditeur avec, dans un numéro déjà très dense, trois pages sur le nouveau président du conseil avec rôle non exécutif Harry Wilson.

Beaucoup de philatélie : Oyez ! Oyez ! Lecteurs et investisseurs prudents : on a embauché quelqu'un qui sait ce qu'est la collection de timbres !

Sur les affaires : il a participé au refinancement du printemps, donc il a tout intérêt à faire réussir la relance du groupe. Il insiste sur la satisfaction des trois cent mille clients de Stanley Gibbons quelque soit le chiffre d'affaires qu'ils rapportent. Et sur le fait que chaque entreprise acquise, la maison philatélique aussi, doit rester à la pointe de son domaine.

Vous pouvez même le lire sans acheter le magazine : le fichier pdf est sur le site en page d'entrée !

...

Sauf que, le quinze juillet, le conseil d'administration a annoncé que la direction du groupe va se relocaliser au Royaume-Uni, rendant de fait les positions jersiaises de directeur exécutif de Mike Hall et du directeur financier Donald Duff redondantes, donc...

Mais qui pour remplacer Hall en place depuis 2011 ?

Qui va sauver Stanley Gibbons ?

Qui va continuer à faire des économies, voire vendre des acquisitions récentes, tout en rendant sa fortune philatélique à l'entreprise ?

Oui : qui !

Harry Wilson.

Dont, quel heureux hasard, le projet est déjà imprimé dans Gibbons Stamp Monthly, en cours de distribution aux quatre coins du Royaume-Uni. Juste à gratter le "non" devant le titre "non executive director".

La suite avant le Brexit ou après le prochain krach financier ?


Cinq minutes après, dans la boîte aux lettres :
Déjà du changement : le numéro daté septembre de Gibbons Stamp Monthly, en kiosque depuis jeudi dernier outre-Manche, vient d'arriver ce lundi matin en France en quatre jours ouvrables au lieu d'une grosse dizaine d'habitude !
En décalé, l'habituelle feuille imprimée en bas, l'autocollant supplémentaire en haut. Ce n'est pas inédit, mais ce n'est pas fréquent non plus.
Est-ce l'inhabituelle étiquette de port payé autocollante avec mention par avion qui a impressionné les centres de tri britanniques et français ? Peut-être, les habituelles mention d'imprimé par avion restent lisibles.

Stanley Gibbons a-t-il changé de numéro de clients à Royal Mail ? C'est la seule différence entre les marques de port payé d'origine et autocollante ?

À l'intérieur sinon, en première page des actualités, la reprise du communiqué du quinze juillet dernier avec Mr Wilson au travail.

Encore un truc :
Dans l'article, j'ai oublié un élément de communication du recentrage de Stanley Gibbons : la page de publicité pour la boutique du 399 Strand insiste sur l'ancienneté du lieu avec dix photographies de la devanture depuis le dix-neuvième.

Ce qui diminue ostensiblement la place accordée à la forme actuelle, évoquant les gratte-ciel des quartiers d'affaires proches et que je trouve bien vide de clients et d'ouvrages philatéliques hors catalogues par rapport à ma première visite en 2008.

Néanmoins, si vous souhaitez entamer une collection de pièces de monnaie, les catalogues ne manquaient pas en 2015.

samedi 20 août 2016

Cendrillonons ! Le premier congrès errinophile au monde !

2016 paraît être l'année européenne de l'errinophilie - ou des Cendrillons en argot philatélique britannique, la collection et l'étude des vignettes non postales. De l'héroïne du conte de fée car elle est de toutes les collections de timbés, mais jamais invitée aux bals philatéliques, pour ironiser une formulation plus sage du spécialiste Francis Kiddle.

Rappelons que les membres de L'Arc-en-ciel, association française d'errinophilie, était invitée à présenter des collections en classe non compétitive pendant le championnat de France à Paris-Philex, en mai dernier.

Outre-Manche, du vendredi seize au dimanche dix-huit septembre, c'est le Cinderella Stamp Club, créé en 1959, qui propose le premier congrès errinophile de l'histoire ! C'est eux qui l'affirme.

Demandez le programme !
La même semaine, du mercredi au samedi, le salon marchand Stampex accueillera au Business Design Centre une exposition errinophile au sein de l'exposition nationale de l'Association of British Philatelic Societies. Sur le site de l'ABPS, on lira à profit pour la φl@télie φr@nçaise que « toutes les expositions britanniques sont maintenant ouvertes aux participations non compétitives », un moyen d'aider à faire passer le pas aux plus modestes ou de tester la classe ouverte ?

Outre le pub à côté de Stampex tous les 1pm du mercredi au vendredi, le siège de la Royal Philatelic Society London servira de camp de base aux expositions et réjouissances du congrès à partir du vendredi.

Vendredi seize, de dix-sept à vingt heures, 41 Devonshire Place, buffet, exposition et un souvenir pour chaque présent. Le lendemain matin, conférence de Ed Hitchings sur les timbres fiscaux du monde avec exposition de la Revenue Society of Great Britain. L'après-midi, l'association errinophile suédoise Bältespännaren célèbre son cinquantième anniversaire avec lecture de Lars Liwendahl et expositions sur les Cendrillons scandinaves.

Le dimanche matin, deux conférences : Charles Kiddle sur les poster stamps - vignettes à message ou de propagande, et Chris Harman sur les timbres locaux avec bureau spécial de l'île Lundy, un des îlots britanniques émetteurs de timbres. L'après-midi, les visiteurs se partageront entre les dernières collections exposées et la signature du Maurice Williams' Roll of Notable Cinderella Philatelists, le pendant errinophile du panthéon philatélique qu'est le Roll of Distinguished Philatelists.

Pendant ce congrès, les visiteurs sont encouragés à présenter leur propre collection, ce sont de véritables rencontres. Marchands ou collectionneurs ayant à vendre auront des tables à disposition.

Un an après la disparition de Francis Kiddle.
Les quelques liens placés sur les conférenciers et quelques recherches Google montrent que l'erroniphilie n'est pas à l'écart de la philatélie ou de l'histoire postale : tous les conférenciers sont des Fellows de la Société royale ou des personnalités de la philatélie organisée britannique.

Et la RPSL ne se contente pas de loger l'événement, elle l'accompagne sous deux formes dont j'ai profité lors de ma visite fin juillet.

Le vingt-et-un octobre 2015 disparaissait Francis Kiddle, spécialite de l'errinophilie, qui, avec son frère Charles, encourageait cette collection en tenant une rubrique mensuelle dans Stamp Magazine.

Comme un anniversaire du souvenir et en conjonction avec ce congrès, le musée de la RPSL expose depuis le premier juillet et jusqu'au trente-et-un octobre, la collection de souvenirs des Congrès philatéliques britanniques amassée par Kiddle.

Mais, et il faut toujours regarder les fasciscules et flyers disposés sur le comptoir à l'entrée - n'oubliez pas de signer le registre, il est possible de prendre un petit cahier reproduisant cinq textes que Kiddle a prononcé lors de ces congrès, depuis celui de Guernsey en 1981 à Manchester en 2009.

Celui de 1981 raconte ses tourments de bibliothécaire de la Société royale et les espoirs - partiellement advenus, voir la Crawford Library - qu'il plaçait dans l'outil informatique pour l'indexation et la numérisation des publications philatéliques. Le dernier de 2009 résumait comment le Congrès est né, avait évolué et continuait à permettre la transformation de la Philatélie britannique - encore une leçon pour la France ?

Les trois autres de 1992, 1998 et 2003 sont à la fois une introduction à l'errinophilie et un ferme rappel aux béotiens à la définition fermée de la philatélie. Francis Kiddle y rappelle les définitions de cette collection, comment elle participa de la timbromanie initiale, et comment, spécialité par spécialité en débutant par les fiscaux, le monde philatélique des dernières décennies a réadopté ces cousins.

Le texte de 1992, "Cinderella philately: Has it Come to Age?", est un modèle de réflexion sur comment une spécialité philatélique peut évoluer en cent soixante-quinze ans entre popularité ou pas, entraînant recherche approfondie ou manque d'ouvrages, entraînant cotes et prix croissant ou pas...

Ah, un questionnement de plus pour les réflexions sur la spéculation philatélique : Kiddle raconte comment il a construit ses collections errinophiles sans y penser, simplement, à très bas prix jusqu'à ce que les recherches et publications que lui et d'autres ont menées malgré l'Establishment sérieux, ont conduit respecter des collectionneurs capables d'acheter ou vendre une vignette plusieurs dizaines de livres sterling.

Un premier congrès à suivre donc.

jeudi 18 août 2016

L'Algérie postale de 1603 à 1851 au Collectors Club de New York

Laissons Paris et Londres pour traverser le vaste océan et atteindre la page des conférences filmées du Collectors Club de New York. Et les conférenciers semblent s'intéresser grandement aux choses françaises quand ils ne viennent pas de France eux-mêmes !

Premier visionnage : le mercredi quinze juin dernier, Kenneth Nilsestuen, président de la France and Colonies Philatelic Society*, a proposé une promenade à travers l'histoire postale « européenne » de l'Algérie des origines jusqu'à 1851, soit le début de l'emploi de timbres-poste français.

Promenade car le conférencier n'hésite pas à aider ses auditeurs à entrer dans le pays concerné : gravures du dix-neuvième siècle, photographies des années 1950 sinon, des ruelles de la Casbah d'Alger aux paysages agricoles coloniaux. Et contrairement au Musée de l'Armée aux Invalides, les affres de l'invasion et de la « pacification » sont explicitement évoquées, notamment pour la prise de Constantine.

Les marcophiles seront aux anges à partir de l'arrivée de l'expédition militaire de 1830 avec la multiplication des lettres, des marques militaires, de désinfection, d'entrées, puis des oblitérations indiquant « Possessions d'Afrique » en bas de la couronne, remplacées en 1839 par le nom « Algérie » (avec dernière date d'utilisation connue pour la première - 25 mai 1839 - et première pour la seconde - 27 août 1839).
La plus ancienne lettre européenne connue, datée de 1603 (collection Kenneth Nilsestuen, Collectors Club, New York, juin 2016).
Néanmoins, la première partie est très intéressante même si elle comprend seulement onze plis et un document pour trois cents vingt-trois ans d'histoire d'Alger et d'Oran. Pour le dix-septième siècle, la plus ancienne lettre survivante est datée d'Alger le treize juin 1603 pour Toulon, suivie de celle d'un prisonnier italien des pirates locaux écrivant en 1674 pour demander à ses proches de payer sa rançon. Entre les deux, un document rappelle la présence espagnole sur ses côtes.

Ce qui marque également nombre de lettres du dix-huitième et dix-neuvième siècle sont les marques indiquant une désinfection arrivée en France : tampon après la Révolution, mais également traces de coups de couteau, recto acidifiée par un bain de vinaigre. D'ailleurs, trois lettres à marques consulaires françaises présentées sont des rapports sur la situation sanitaire en Algérie.

Après le début de l'invasion français, les pièces collectées se multiplient de manière exponentielle et M. Nilsestuen les suit lieu par lieu, ponctué d'évocations historiques et géographiques. Et les origines vont des militaires aux civils européens (dont une lettre de 1835 de Mostaganem pour Zagreb!?), et même algériens avec une lettre de 1832 du Dey d'Alger à un correspondant à Bougie évoquant les événements militaires.
Lettre de Bône de 1830 pour un Bazille de Castelnau, près de Montpellier... Des généalogistes vont être vivement intéressés par le contenu de ce courrier au cas où (collection Kenneth Nilsestuen, Collectors Club, New York, juin 2016).

À Bône (actuelle Annaba), c'est le Montpelliérain qui plisse les yeux. Non sur l'oblitération du trente juin 1840 qui indique, explique Nilsestuen que le postier a bricolé avec les morceaux de cachets disponibles : le millésime étant trop grand pour la couronne.

Mais quel nom pour le destinataire : « Monsieur Bazille, Castenau[-le-Lez ???] / Montpellier »... Frédéric Bazille, le peintre pas encore né alors ? Son père Gaston, vingt-et-un ans, futur viticulteur important et homme politique de la Troisième République ? Aucun lien généalogique ? Il faudrait pouvoir lire le contenu.

La dernière partie sont les premiers usages des timbres Cérès de France en Algérie en 1849, avec des exemples de lettres partis de Batna, à la même époque où les premiers convois de colons débarquent en Algérie conquise (États-Unis obligent, est rappelé que c'est contemporain de la ruée vers l'or en Californie).

Les amateurs de marcophilie et de l'histoire postale de l'Algérie sous contrôle français retrouveront cette conférence sur le site du Collectors Club et sur l'hébergeur Vimeo par ici.

* : non, je n'ai pas fait exprès que la page d'ouverture du site de cette société montre un aussi statistiquement improbable grand nombre de collectionneurs de Saint-Pierre-et-Miquelon dans l'Oklahoma en 2015.

Compléments du week-end suivant :
La lettre Bazille fera très prochainement l'objet d'un petit article sur ce blog grâce à la gentillesse de Kenneth d'avoir bien voulu me transmettre des scans de son contenu.

Compléments du mercredi vingt-six octobre 2016 :
Je modifie l'annonce de la conférence d'automne sur l'Afrique coloniale français au Collectors Club. Au lieu de l'Algérie, c'est l'Afrique française à partir du Sénégal entre 1914 et 1940 par Kathy Johnson, le mercredi dix-neuf octobre. À visionner sur le site du Collectors Club ou sa page Vimeo.

Pour ceux qui ont apprécié les illustrations paysagères de Kenneth Nilsestuen, deux articles dans Timbres magazine de François Chauvin sur les cartes-lettres illustrées d'Algérie, émises par les postes dans la seconde moitié des années 1930 : sur l'artisanat indigène (numéro de juillet-août 2016) et les vues touristiques (novembre suivant).

Compléments du samedi deux octobre 2021 :
Le vingt-six septembre 2021, Kenneth Nilsestuen a une présentation en ligne sur l'histoire postale et l'histoire en général de l'Algérie du seizième siècle à 1830 aux membres de la France and Colonis Philatelic Society (États-Unis), visible sur YouTube.

Les intéressés auront une mise à jour des plus anciens courriers connus et possédés par les collectionneurs, autant Ken Nilsestuen que la fédération philatélique turque. Comme celle de juin 2016, la présentation est riche d'illustrations d'époque de l'Algérie de l'époque moderne et des problèmes de captures d'Européens par les marins locaux.

mercredi 17 août 2016

Paris-Philex (9) : bilan d'un salon, d'une communication ou d'une mémoire ?

Après six articles sur un nombre minuscule des collections exposées - désolé pour la centaine de personnes non citées et encore plus pour ceux dont j'ai mal décrit les collections -, et un seul sur un seul des marchands présents, il est temps de reprendre le chemin de la réflexion : quel bilan tire-je de Paris-Philex 2016 ?

Claude Désarmémien, président de la Fédération française des associations philatéliques, avait clamé que tous clamaient que c'était un succès en introduction d'une page de photographies... Il est plus modéré, mais tout aussi satisfait dans l'éditorial imprimé du numéro 671 de juillet-août de La Philatélie française.

Pour un salon-exposition de quatre jours et quinze mille visiteurs (d'après Timbres magazine de juillet) organisé par les partenaires de la φl@télie dans la capitale de leurs sièges et principaux membres, ça me paraît de loin un minimum... malgré les caprices du financier postal - qui a sûrement mieux rentabilisé quatre jours qu'un salon international de dix - et des syndicats ferroviaires et raffineurs de pétrole.

Néanmoins, les propos présidentiels me font revenir au questionnement initial de la série d'articles... Oui, certes, j'ai tort, Claude a raison :)

Mais surtout : qui parle de ce salon ? L'expérience vécue se suffit-elle à même ?

Non, le but n'est pas de jeter la pierre et des rochers sur les bénévoles de la Fédération. Je ne peux cacher mon étonnement : l'introduction en page d'accueil de ffap.net et le reportage photographique de M. Désarménien ont disparu corps et âme dans les tréfonds du site, voire ont atteint les limbes du web. Aujourd'hui, mercredi seize août midi, pas de dossiers photos pour 2016 en suivant le chemin le plus logique...

Internet et la philatélie associative, c'est difficile : des petits blogueurs qui bricolent beaucoup sans être massivement lus, des associations importantes qui développent des sites professionnels sans l'armée de dactylos et d'informaticiens pour le maintenir, et une Académie de philatélie qui n'a remis qu'un seul prix internet depuis 2002 (Celui-là, il ne mérite pas ? Et par là, c'est primable ?).

Non, depuis le mercredi vingt-cinq mai, il ne reste que le résumé de l'« émission du désir » épuisé et des photographies dans les numéros d'été des mensuels français. Pour le direct, les articles de Pierre Jullien sur son blog hébergé par Le Monde sont bien isolés : aucun retour d'expérience des visiteurs sur leurs blogs ou les forums qu'ils fréquentent.

Ai-je tort de porter tant d'importance à la mémoire d'un salon et des collections en compétition ?

Dois-je aller relire le dernier compte-rendu « comme d'hab, rien de nouveau » sur un blog que je suis régulièrement ? Le relire avant et après chaque salon, à la création et à la publication de chaque article de ce blog, à chaque émission de φl@poste (ça sent le par cœur en un mois lol) pour que mon étrange envie de savoir « Comment on fait les expos ? » disparaisse.

Ce serait fort dommage pour les collectionneurs-compétiteurs, les jurés et les visiteurs curieux.

J'ai dû passer environ neuf heures devant les cadres de l'exposition, à lire, essayer de comprendre, photographier ce qui me paraissait sur le moment intéressant à retenir ou mémorable à terme pour mes besoins philatéliques.

Au bout de trois mois, huit articles et, compréhension tardive de certaines choses, un passage dans une certaine bibliothèque londonienne, c'est le triple qu'il m'aurait évidemment fallu avec, à ma disposition, les collectionneurs, leurs ouvrages de référence, un scanner professionnel, un bureau, une chaise de bureau tout confort, ordinateur, papier-stylo et un éclairage adéquat... Le tout imprimé en couleurs et reliés, et livrés un mois avant le salon que je révise...

Tout le contraire d'une exposition philatélique normale tout en verticalité de quatre rangées allant de trop bas à bien trop haut et s'étalant en kilomètres horizontaux zigzagant.

Existe-t-il un marché pour un ouvrage reproduisant les collections primées d'une exposition (grand or et or, voire les prix spéciaux) ? Au moins un livret résumant celles-ci, reproduisant les pages d'introduction et ce qui serait la ou les pièces les plus didactiques, rares,... Qu'en sais-je, je ne suis pas collectionneur exposant, moi !

Est-ce pour cela, pour Paris-Philex comme pour New York d'ailleurs (un exemple australien), que la communication des organisateurs et de la presse spécialisée se limite aux acteurs souriants d'en être, au bilan des bonnes ventes et des pièces rarissimes - New York avec son Inverted Jenny vendu et son Inverted Jenny retrouvé ! - et pas le contenu des collections exposées, ni leur évaluation par le jury ?

Vouées, comme les résultats des championnats d'honneur régional de sports collectifs, à l'oubli, sauf dans la mémoire de l'exposant fier d'avoir atteint ce niveau...

...

Oh ! Une idée me vient : les souvenirs d'un compétiteur philatélique, voire d'un visiteur, peuvent-ils constituer une collection ?

Depuis le vendredi premier juillet et jusqu'au lundi trente-et-un octobre, l'équipe du musée de la Royal Philatelic Society London expose la collection de souvenirs divers que Francis Kiddle, disparu en octobre 2015, a conservé des Congrès philatéliques britanniques, incluant ses médailles...

La même équipe qui a choisi les expositions philatéliques comme un des cinq axes de conservation de leur travail. Un espoir ?

Prochaine réflexion sur ce sujet avec l'exposition Fête du timbre de Montpellier les huit et neuf octobre ? Est-ce vraiment déjà le dernier article sur Paris-Philex 2016 ?

Je n'évoque même pas le grand secret médiatique entourant désormais le Concla... Congrès fédéral depuis l'année dernière. Volontaire pour éviter de laver le linge sale en public, notamment quand les présents battent au savon noir le costume du Directeur de φl@poste alors qu'il le porte encore ? Ou manque de moyens techniques et humains ?

Notes du mercredi vingt-six octobre 2016 :
J'ai pu ajouter le lien vers le reportage photographique de Claude Désarménien qui avait disparu dans le site fédéral sans être lié quelque part de retrouvable. Le lien est revenu sur la page d'entrée pour signaler la vidéo de Vincent Lourdin résumant exposition et congrès (le jeu : deviner les grands thèmes abordés par les morceaux de phrases audibles dans les pauses musicales).

dimanche 14 août 2016

Paris-Philex (8) : Guerres, conséquences et cartographie

Après colonisation et mondialisation, ce sont les Guerres mondiales et leurs conséquences qui ont intéressé les compétiteurs du championnat national à Paris-Philex, en mai 2016. Ici, je m'intéresserai principalement à deux collections sur les effets et conséquences de la Seconde Guerre mondiale, avant quelques commentaires de collections sur celle qui aurait dû être « la der des ders ».

Un cadre sur trois jours de l'histoire postale française en Allemagne occupée
Toujours dans les soucis monétaires de l'après-guerre, Alain Milone a trouvé un sujet qui ne peut tenir qu'en un cadre puisque l'épisode en question a duré trois jours, quatre avec l'exemple illustré en photographie ci-dessous.
Lettre du vingt-quatre juin 1948 : trop tard pour écouler le stock de timbres en « anciens pfennigs » (collection Alain Milone, Paris-Philex 2016).
Comme il est expliqué dans une longue introduction illustrée de pièces philatéliques et postales - car il faut bien justifier du cadre unique et... remplir ce cadre, les effets de la réforme monétaire allemande de 1948 en zone d'occupation française est un sujet qui débute le lundi vingt-et-un juin et se termine avec la dernière levée du mercredi vingt-trois !

Moins graves que le blocus de Berlin sur l'ordre de Staline qui s'oppose à l'unification monétaire des zones occidentales d'occupation, furent tout de même les aléas de la poste en Bade, Württemberg-Hohenzollern et Rhénanie-Palatinat (pas la Sarre, vieille envie d'annexion française, qui utilise le franc français).

Les timbres sont réémis le lundi pour correspondre à la nouvelle devise, le Mark. Mais, une tolérance est mise en place pendant trois journées : les anciens timbres peuvent être encore utilisés, seuls ou en complément des nouveaux timbres, à un dixième de leur valeur faciale.

D'où une collection plaisante et colorée de petits timbres de trois Länder avec calculs. Légende signalant une lettre commerciale pesante suraffranchie de timbres promis à la démonétisation le jeudi matin. Ou, comme ci-dessus, le postier isolant huit anciens timbres ce jeudi-là pour obliger l'expéditeur a acheté deux nouveaux timbres, les seuls désormais valables.

Grand argent et soixante-dix-huit points pour Alain Tirone, par ailleur le monsieur communication et informatique de la fédération depuis l'année dernière.

Comment traverser un océan en guerre ?
Suite à la mise en place des lignes aériennes d'Europe vers le reste du monde pendant l'entre-deux-guerres (relire l'article précédent), Patrice Trzeciak s'interroge sur la traversée de l'océan Atlantique pendant la Seconde Guerre mondiale : censures, routes à reconstituer au gré de l'évolution des événements militaires, notamment les déclarations de guerre qui s'étalent tout le long du conflit selon l'intérêt des États et des colonies. D'où le plan à la fois chronologique et par services.

Admirable est d'abord dans la présentation de M. Trzeciak est le respect des sources et du lecteur curieux : la première page comprendre une bibliographie. Mieux encore, la carte utilisée en page deux pour localiser les lignes évoquées voit son fond de carte correctement attribué.

En effet, dessiner une carte, en décalque à la main voire à l'ordinateur, est difficile, mais en trouver une dans un livre ou sur internet et ne pas en indiquer la provenance ! Cela donne, dans plusieurs collections écrites en français, des cartes en anglais, en allemand ou en polonais sans en expliquer la raison. Pour peu qu'un des jurés a été formé à la recherche, combien de petits points perdus en deux premières pages ?
De Curaçao pour le Royaume-Uni en remontant la FAM22 par les censeurs néerlandais locaux, britanniques à Trinidad et Tobago et états-uniens à New York (collection Patrice Trzeciak, Paris-Philex 2016).
J'ai gardé en mémoire les enveloppes des Caraïbes se cherchant un chemin vers l'Europe déchirée.

Évidemment en quelques mois, je regrette de ne pas avoir lu, photographié et pris abondance de notes sur cette collection : depuis mars, j'ai une curiosité pour l'Afrique de l'Ouest britannique, notamment les liaisons aériennes connectées à la FAM22 depuis Bathurst (l'actuelle Banjul, capitale de la Gambie). En effet, dès mes achats à Paris-Philex, sans le savoir, une lecture complète me serait grandement utilé aujourd'hui. La lecture de Cameo du West Africa Study Circle aidera sûrement.

Pour cette belle collection d'aérophilatélie, M. Trzeciak a reçu une médaille vermeil... Et là, je souhaiterai vraiment que se pose la question du commentaire sportif en philatélie compétitive.

Centenaire de la Grande Guerre : de multiples sources d'inspiration
Pour aller vite car les années 1930 à 1950 m'intéressent davantage que les pourtours ayant causé la Grande Guerre, il faut saluer l'inventivité et la créativité des collectionneurs de cette dernière.

Jean-Luc Flaccus et les postes des villes polonaises : les municipalités d'une Pologne dépecée entre ses voisins autrichiens, prussiens et russes ont été occupées par la puissance rivale ou isolées par les manœuvres des différents épisodes. Dix villes, des timbres et des cachets postaux parfois éphémères, souvent sommaires pour pallier à l'urgence, voire marquer une revendication future d'indépendance.

M. Flaccus est méritant de rendre intelligible le contexte à partir de sources en allemand et en polonais, même si la carte choisie aurait besoin d'une source et d'une légende, à défaut d'une version française : quelles sont les frontières internationales et intérieures allemandes, autrichiennes et russes si une légende ne présente pas les différentes lignes ?

Une médaille d'argent en philatélie traditionnelle sur un sujet où la recherche des courriers ne doit pas être facile.

Prix de la surprise pour moi et prix spécial du jury : Raymond Loëdec en histoire postale avec « La Guerre à l'Ouest 1914-1918. Les îles dans la tourmente » ou comment les îles du littoral atlantique, leurs garnisons et leurs habitants ont vécu la guerre.

Grand vermeil avec quatre-vingt-huit points, trois points de plus qu'au championnat de France de 2014, mais sept par rapport à 2015 et l'étrange score obtenu à l'exposition de Çannakale de mars 2015, lors du centenaire de la bataille des Dardanelles, en Turquie.

Un peu de fiscal et de hors les murs : l'Alsace
En conclusion, pourquoi les guerres mobilisent-elles autant les collectionneurs ?

Car les opérations même provoquent des actes postaux entre les militaires et de leurs familles (voir la collection d'Emmanuel Le Becque et la poste d'étapes allemandes dans le Valenciennois). Les occupations et annexions pendant et après le conflit crééent de nouveaux pays ou régions philatéliques, des changements politiques autant que monétaires et administratifs que les timbres et les courriers portent sur eux.

Et que dire si on commence à lire les courriers ou à rechercher qui étaient les expéditeurs et les destinataires...

En France, une région a vécu ces effets délétères des guerres : les départements d'Alsace-Lorraine.
Lors de l'exposition Frontières, deux affiches de propagande se répondent, la flèche de la cathédrale de Strasbourg en arrière-plan (affiches allemande de 1940 et française de 1945, collections du Musée de l'Armée Invalides, exposition temporaire au Palais de la Porte dorée, novembre 2015-juillet 2016).
Une des sous-parties de l'exposition Frontières au Palais de la Porte dorée, déjà évoquée en marge de ma visite de Paris-Philex, était consacrée à la frontière franco-allemande de 1870 à 1945, dont faisaient partie les deux affiches rassemblées sur le montage ci-dessus.

L'affiche initiale a servi à la propagande anti-française des autorités nazies, de retour en Alsace. Son auteur a raconté sa version des faits par écrit pour les différents dépôts d'archives alsaciens et finalement, au quotidien L'Alsace le sept mars 2015. Ou comment un devoir artistique devient la catastrophe d'une vie pour une famille. La réponse française est placardée en 1945.

À la porte de Versailles, c'est Edmond Andrau, spécialiste des colis postaux, qui illustre, en philatélie fiscale, l'un des changements de souveraineté en Alsace avec les « bulletins d'expéditions de colis postaux d'Alsace-Lorraine dans le régime intérieur » du quinze décembre 1918 au dix-neuf juin 1940, et comment le changement s'opèrent aussi rapidement que possible.

Une première présentation grand vermeil à qui je souhaite d'obtenir un or européen comme la précédente.

Post scriptum:
Question actuelle mais non urgente : toutes les guerres ont-elles droit à autant de postérité et de mémoire en philatélie ? Les révoltes des colonisés ? Les guerres civiles des pays où l'écrit postal est peu employé ? Les conflits actuels au temps d'internet ?

Prochain et dernier épisode : bilan de Paris-Philex.