samedi 4 janvier 2025

Le billet de 50 000 wons qui rend fou

 Depuis que les plateformes de vidéo à la demande états-uniennes ou panasiatiques recherchent de nouveaux produits peu coûteux et que les sociétés audio-visuelles sud-coréennes tentent de profiter de la Hallyu, lancée par l'exportation de la musique K-pop, il est facile de suivre des K-dramas, feuilletons d'une saison de genres aussi variés que les séries et mini-séries feuilletonnantes occidentales.

La tirelire de plusieurs milliards de wons au-dessus des « joueurs » de la série Squid Game (extrait de la saison 2 sur Netflix).

Pour moi, ce fut le début de la politique d'importation de Netflix et le confinement de mars 2020 qui me conduisit à découvrir la Corée du Sud et sa manière audio-visuelle de raconter avec Itaewon Class.

La marelle du calamar (le squid game) dessinée au sol dans la cour d'un musée de Jeju (photographie de juillet 2024 sous licence Creative Commons BY-NC-ND 4.0).

Plus tardif, en 2021, c'est l'horrifiant Squid Game qui attira les téléspectateurs occidentaux qui baignent dans la télé-réalité sado-masochiste depuis les années Big Brother 1990-2000 : quatre cent cinquante-six désespérés d'une société ultra-libérale, égoïste, plongés dans des dettes qui réduisent leur famille à la misère, etc. sont invités à participer à une série d'épreuves inspirés de jeux d'enfants.

Le billet de cinquante mille wons de 2009 qui fait courir tous les héros de cet article (fac-similé via Wikipedia).

Sans divulgâcher, à présent que la seconde saison a été lancée après Noël 2024 et que l'Avent a vu les fameux gardiens en rose à masques noirs animer des épreuves similaires auprès de célébrités et du grand public dans plusieurs grandes villes mondiales :

chaque participant qui perd selon la règle du jeu est « éliminé », au sens mortel du terme.

Et chaque élimé accroît la cagnotte de dix millions de wons en grosses liasses de billets de cinquante mille wons à l'effigie de Shin Saimdang, artiste pluri-disciplinaire du seizième siècle. Cagnotte en forme de tirelire-cochon jaune transparente, seule lumière nocturne au-dessus de l'immense dortoir des joueurs... désespérés de remporter les 45,6 milliards de wons (environ 30 à 35 millions d'euros selon le change)...

... ou désespérés de quitter avec la cagnotte partielle divisée en part égale entre les survivants tant qu'ils le peuvent. Et chaque soir, un vote pour savoir si tous restent ou tous partent...

Si le contexte ultra-libéral et philosophique peut rappeler la société coréenne moderne et celle occidentale où certains souhaitent tuer l'État-providence, le fait qu'il y a trois saisons (enfin deux, la deuxième coupée en deux temps de mise en diffusion) avec un nombre limité d'épisodes est un modèle occidental : Netflix a permis à l'auteur Hwang Dong-hyuk de passer son histoire à l'écran.


Quand un des héros retrouvent les milliards volés à sa mère dans la chambre d'octogénaires (capture d'écran promotionnel de la plateforme Kocowa).

À l'opposé, il y a le drama d'une grosse vingtaine d'épisodes démarrés en septembre 2024 et qui continue en ce début 2025, évoquant les feuilletons états-uniens d'après-midi française de TF1 des années 1980 : grand nombre de personnages aux intrigues croisées sans qu'ils se rendent compte qu'elles les rassemblent tous autour d'un magot que seul un couple d'aïeuls connait l'emplacement !

C'est l'intrigue et les faiblesses d'Iron Family (다리미 패밀리) car même moi bon public commence à trouver le temps long pour clore l'histoire. Mais, comme elle concerne ce fameux billet et une façon fétichiste de le conserver !

Tous les billets portent un numéro en AA... de la toute première émission de 2009 ! (capture d'écran promotionnel de la plateforme Kocowa)

L'intrigue simple tient en deux familles.

Une est laborieuse, mais pauvre : depuis la mort de son époux, la mère et ses beaux-parents octogénaires tiennent une blanchisserie dans un vieux quartier convivial du grand Séoul, avec l'aide de la fille cadette aveugle et d'un jeune homme accueilli quand il dut quitter l'orphelinat. Le fils aîné est devenu policier et s'apprête à se marier avec la fille de sa supérieure, l'aînée est une excellente styliste dans l'entreprise de mode de la seconde famille - qui a pour blanchisseurs... et oui.

L'autre famille est richissime à se disputer du matin au soir. Le dirigeant de mode a épousé la fille d'un défunt usurier et il vit sous le toit de la maison de sa femme, dont il a éduqué le fils comme le sien. Par contre, au sein de l'entreprise, le fils doit montrer ses capacités à gérer le studio de styliste déjà évoqué et éviter l'accusation de népotisme.

Par un hasard digne des séries coréennes, la fille aveugle et le fils manager se sont brièvement connus il y a dix ans... ce qui va rendre complexe la situation de la fortune dont il va être question.

Maintenant, l'intrigue est complexifié par un magot illégal. La mère riche et oisive cache un secret : dans un coffre-fort dans la maison, son père avant de mourir a caché tous les nouveaux billets en « AA » que ses hommes de main ont pu trouver en 2009. Il en a fait un tas de dix milliards de wons.

Mais, pour gruger le fisc, il a laissé une lettre à sa fille : elle ne doit pas utiliser un seul de ses billets jusqu'au premier janvier suivant les quinze ans après sa mort. Là, la prescription lui permettra de profiter des dix milliards sans impôts de succession !!!

...

Sauf qu'entre un employé indélicat, les anciens voyous récupérateurs de dettes, une émigration illégale vers la Chine qui tourne mal ; bref, une tentative de voler le magot réussit et échoue en même temps...

Dormir sur un lit de billets permet-il un meilleur sommeil ?

... puisque les liasses milliardaires se retrouvent, par un hasard incroyable, entre les mains... enfin, sous le matelas des octogénaires blanchisseurs.


Une série à voir pour le fétichisme de l'argent - Fait-il ou pas le bonheur même quand on en a besoin ? -, la collection par numéro de billets de banque. Et se demander comment à deux épisodes chaque week-end, au bout de quatre mois début janvier 2025, cette série va parvenir à avoir une fin digne et non bâclée.

A priori il y aura plutôt un happy ending par rapport à Squid Game.


Pour de meilleures séries que Iron Family (avec une intrigue qui avance mieux) et plus heureuse que Squid Game, dont certaines évoquées sur ce blog par le lien avec la monnaie, la correspondance écrite ou une boîte aux lettres :

- Itaewon Class,

- What's Wrong With Secretary Kim?

- Hometown Cha Cha Cha, [que je verrai bien adapter par France 3 en littoral ou en rural]

- Start Up,

- Forecasting Love and Weather,

- Navillera,

- The Golden Spoon,

- Fanletter please,

- Twenty Five - Twenty One,

- A Good Day to be a Dog,

- Lovely Runner,

- Yumi's Cells.

Et oui, je sais, je dois trouver le temps de continuer mon récit de voyage en Corée.

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