Quel roman est donc paru jeudi ? Le Cercle de Farthing de Jo Walton chez Denoël, après la traduction de Morwenna l'année dernière. L'auteure galloise, installée au Canada, a écrit une trilogie uchronique publiée de 2006 à 2008... Juste huit ans et quelques mois de retard, vive la version originale !
Un farthing de 1951 avec son troglodyte (Scan de Retroplum pour Wikimedia, licence CC-by-sa-3.0). |
Cette trilogie est surnommée Small Change, petite monnaie, de celle que l'on vous rend dans les commerces en petites pièces jaunes et cuivrées. De Farthing en 2006 à Half a Crown en 2008 en passant par Ha'Penny, les trois romans portent le nom d'une pièce de monnaie britannique d'avant la décimalisation correspondant à une expression locale que le lecteur découvre au cours de l'intrigue.
Le quart de penny, ou farthing, sert de titre au premier roman au cours duquel l'uchronie est explicitée : en 1941, dans un Royaume-Uni esseulé face à l'Allemagne nazie, abandonné par les États-Unis de Lindbergh, des partisans de la paix parviennent à leur fin et leur coterie prend le nom de cette petite pièce de monnaie au petit oiseau, alors en bronze, qui est également le nom du manoir de l'un d'entre eux.
Au fil des trois romans, un chapitre sur deux est raconté du point de vue de l'inspecteur Carmichael de Scotlan Yard, et l'autre d'un personnage féminin placé au cœur de l'intrigue, sans toujours en avoir conscience, depuis la fille d'un des chefs farthistes qui a osé épousé un juif jusqu'à l'actrice d'un théâtre où les places les moins confortables sont à un demi-penny.
L'inspecteur est confronté à la fois à l'enquête, mais aussi à la situation politique de 1949 aux années 1960 de son pays qui dévale progressivement la pente de l'antisémitisme, du fasciste, puis du totalitarisme... et où sa place est toujours précaire quoiqu'immensément essentielle au regard des événements du premier tome.
Quant au farthing, quart de pence, il fut inventé au treizième siècle en Angleterre et dura jusqu'en 1960 et l'inflation qui le rendit inutile. Gibbons Stamp Monthly de décembre 2007 et Stamp Magazine de janvier 2008 ont évoqué les timbres britanniques, coloniaux et commonwealthiens libellés dans cette unité fractionnaire et ses dérivés.
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Pour ceux qui s'intéressent à cette veine britannique du Et si le Royaume-Uni avait..., et qui sont des passionnés des modes littéraires des années trente et quarante, The Windsor Faction de D.J. Taylor (Vintage Books, 2014) est exigeant, mais prenant.
Et si, suite à la mort accidentelle de Wallis début décembre 1936, Edward VIII avait régné aussi professionnellement que possible... Comment les partisans de la paix auraient-ils tenté de l'utiliser pendant la Drôle de guerre ?
Les chapitres alternent plusieurs styles et points de vue selon le personnage, beaucoup ayant existé - comme pour ceux ayant inspiré Jo Walton - et tous mêlés au milieu littéraire londonien qui essaient de survivre aux pénuries et à l'effort de guerre entre septembre 1939 et mai 1940.
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Enfin, si vous voulez entendre un cafetier des Rocheuses demander deux marks pour un café dans les années 1960, il faut aller voir l'épisode pilote qu'Amazon.com, l'épicier universel par correspondance, a produit à partir du roman de Philip K. Dick, The Man in the High Castle, de 1963.
En ce début d'année 2015, afin de se lancer dans la télévision à la demande, Amazon a produit cinq pilotes de séries : à ses clients et abonnés de choisir celui qui deviendra série.
Les critiques, dont allocine.fr, penchent en faveur de l'uchronie. Réinterprétation réaliste d'États-Unis divisés en trois par la défaite, doublée de fantastique par le fait que le roman qui fait douter les personnages du roman est devenu films d'actualité racontant la victoire alliée.
Et, tel Fatherland de Robert Harris, le tout est terrifiant : quand le totalitarisme devient la normalité quotidienne...
Le projet est d'une mini-série de cinq épisodes.
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