samedi 27 décembre 2025

Au Musée du timbre-poste de Corée (2) : l'interactivité pour créer, écrire, poster

 Deuxième article sur le Musée du timbre-poste de Corée (우표박물관) que j'ai visité le vingt-quatre juillet 2024 : une fois la galerie introductive passée, les visiteurs sont invités à toucher, manipuler, jouer... Idéal pour les enfants, qui ont vu sous verre figurines et véhicules miniatures, et surtout, leurs accompagnateurs parentaux ou scolaires.

Des invitations aux rires et aux selfies avec plusieurs panneaux ornés de héros des séries d'animation jeunesse de la télévision coréenne... et qui ont fait l'objet d'émissions de timbres récemment (tous droits réservés).

La première idée pour faire visiter les trois espaces, malgré le sérieux de certains d'entre eux, est un petit jeu de pèlerinage à la quête des tampons du musée.

La fiche remplie des tampons disponibles à neuf endroits du musée philatélique coréen.

Contre la promesse d'un cadeau philatélique (épuisé pour la saison printemps-été 2024), le visiteur doit tamponner correctement sa fiche à neuf emplacements à deviner selon le titre sous chaque rond blanc.

Les emplacements choisis sont peu interactifs, mais doivent permettre une pause sur le premier timbre coréen, les boîtes aux lettres, les galeries thématiques (ici l'aquarium empli de poissons timbrifiés), l'art du timbre.

En bas, sont représentés à gauche deux activités d'écriture et de prévention : la poste chaleureuse déjà évoquée, présente aussi dans l'espace public. Le passant est invité à coucher ses soucis sur le papier et recevra une réponse encourageante et motivante de l'association de proximité.

La boîte dédiée au courrier à recevoir dans un an dans le Musée du timbre-poste de Corée.

Au milieu, avec la tortue, symbole de lenteur mais de constance : la boîte dédiée à recevoir une correspondance à soi-même une année après l'avoir posté. Le message sur papier orange rappelle le mode d'emploi et l'enveloppe est celle dédiée à ce service : adresse du musée, légende rappelant qu'aucun courrier ne peut être récupéré... Prudence à ce que l'on s'écrit.

Une des deux presses pour gaufrer des cartes postales : initiation à l'imprimerie.

La galerie de la création du timbre-poste comblera les passionnés d'artistes du timbre, de modes d'impression, etc... Pour mettre en pratique de suite avec les moins passionnés et les touche-à-touche, deux presses à roue et des cartes postales reproduisant deux timbres sud-coréens sont proposées.

Avant / après la presse, la mise en relief du monument en pierre sur ce timbre coréen de 2003.

Le but est à la fois de comprendre la presse à imprimer et de repartir avec un souvenir concret et fait soi-même.

La présence coréenne en Antarctique avec la mise en valeur de l'aile et des traits du manchot sur ce timbre de 2008 (zoologie ou géopolitique ?).

Le choix des deux timbres reproduits montrent le souci de plaire au plus large public, adultes comme enfants, passionné d'histoire nationale ou de science et d'animaux.

Un puzzle à réaliser en famille pour reconstituer ce bloc-feuillet de la Nature de Dokdo.

Plusieurs murs sont à toucher en tout sens : exposition des timbres de Corée à tirer du mur, tiroirs renfermant thématiques ou timbres par pays... et un bloc-feuillet transformé en puzzle à tourniquets.

Nature de Dokdo de 2004 sert à cette activité ludique et nationaliste : dès le train direct aéroport d'Incheon - gare centrale de Séoul, la revendication de souveraineté de la République de Corée sur les rochers Liancourt est affirmée.

Dans le train, ce sont des documents anciens qui sont montrés dans une vidéo. Au musée du timbre-poste, c'est la connaissance de la faune aérienne et de la flore qui fait connaître cette partie du territoire national aux visiteurs.

Un grand écran à l'horizontale pour un quiz philatélique à trois joueurs au Musée du timbre-poste de Corée.

Et comme les vieux grincheux pensent que la jeunesse est collée aux écrans : le quiz philatélique a lieu sur un grand écran tactile posé à plat et permet à trois joueurs de gagner une fanfare victorieuse...

...

Oui, c'est la traduction proposée par Google Translate pour le texte sur le mur vertical qui donne aussi le mode de jeu : cinq histoires sur des sujets montrés par des timbres, sont-elles vraies, fausses ?

En raison des animations, de la mise en scène, l'espace des thématiques par les timbres est le plus grand des trois du musée, mais c'est celui qui permet d'apprendre aux visiteurs non collectionneurs et aux enfants curieux que le monde peut se découvrir avec ses petits bouts de papier.

Le premier tampon à trouver dans le musée.

C'était d'ailleurs le message du tout premier des tampons de la quête initiale, à trouver dans la galerie introductive, un des murs non directement consacré à la poste et au timbre-poste :

« Un grand monde dans un petit carré

Le musée du timbre. »


Par un escalier du jardin d'ornement, le Musée du timbre-poste de Corée se situe au premier sous-sol du gratte-ciel et siège social de Korea Post, au centre de la capitale Séoul, entre la gare centrale et les deux palais de Gyeongbok et Changdeok.

vendredi 26 décembre 2025

La vie en philatélie organisée de Chris King

 Le numéro automne-hiver 2025 de la Philatelic Literature Review, journal de l'American Philatelic Research Library, et, en version longue sur le blog de l'auteur, l'historien de la philatélie Abhishek Bhuwalka propose un long entretien avec le Britannique Chris King, qui depuis un quart de siècle participe de l'évolution de la Société philatélique royale de Londres (RPSL) d'une part, et de la philatélie organisée d'autre part.

En-tête de l'article posté le sept novembre 2025 sur le blog The Philatelist, version longue de l'entretien.

Devenu semestrielle cette année et allégée des listes d'entrées d'ouvrages de la bibliothèque de l'American Philatelic Society, la Philatelic Literature Review vise à l'actualité des bibliothèques philatéliques, la recherche sur comment furent établies de grandes publications depuis origines des commerces ou études philatéliques et postales, ainsi la biographie de leurs auteurs.

Dans ce cadre, l'Indien Abhishek Bhuwalka (ici se présentant sur son site d'auteur et collectionneur) y transmet régulièrement des entretiens avec des bibliophiles, des libraires philatéliques.


À soixante-seize ans, et entré en philatélie exposée à cinquante, le cheminement de Chris King demande de nombreuses pages puisque son parcours personnel permet de voir apparaître le collectionneur spécialisé, mais aussi l'administrateur organisé et réfléchi dont la RPSL et la philosophie de la philatélie avaient besoin en ce début de vingt-et-unième siècle.

La lecture de cette autobiographie guidée permet de voir comment Chris King fut un collectionneur comme beaucoup (enfant ayant abandonné jeune adulte, mais repris avec plus de passion encore), et que sa vie professionnelle et politicienne l'a formé à des compétences indispensables aux sociétés philatéliques dans lesquelles il s'est, tardivement, investi.

Le rôle de son épouse, la Danoise Birthe Troelsen, rencontrée lors d'un stage professionnel à Venise, est déterminant, au point qu'ils ont créé le Double Geneva Club, en 2016, pour les couples philatélistes. Birthe a permis le déchiffrement et la traduction des courriers que Chris étudiait dans ses spécialités autour des duchés du Schleswig et de Holstein, puis des routes postales autour de la Scandinavie. À tel point que sa première exposition en classe ouverte au London Stamp Show 2000 est autant la sienne que celle de sa femme. Ensuite, celle-ci se prend de passion avec des collections sur la Seconde Guerre mondiale au Danemark et en lien avec le génocide perpétré par les nazis.


Je laisse la découverte des détails d'avant cette collection exposée, et surtout, de la suite. Mais quelques points m'ont intéressé.

Parmi les réponses aux questions d'Abhishek Bhuwalka, Chris King rappelle que la présidence de deux de la RPSL est en fait un parcours d'une décennie au sein de son Bureau, et dont la présidence est la partie centrale. L'étude de la modernisation du 41 Devonshire Place, siège historique de la RPSL, puis de sa vente et la gestion quotidienne et sur place du chantier du 15 Abchurch Lane, ont eu lieu après, sous le titre de Past President.

Cela permet à King de montrer qu'avant son adhésion en 2005, les membres du Bureau sont déjà en train de faire évoluer cette société d'apparence élitiste en une société explicitement ouverte à de nouveaux membres, mais surtout à offrir au plus grand nombre ses ressources de recherche.

Tragiquement, Frank Walton (1953-2022) fait partie de ce grand moment d'ouverture et de projets... avec leur fragilité. La genèse de la Global Philatelic Library, incluses les négociations avec le Smithonian en charge du Musée postal national de Washington, montre le bouillonnement d'idées entre King et Walton, mobilisant les cadres de la RPSL autour d'eux. Mais, également que depuis la mort prématurée de ce dernier, il manque une cheville ouvrière pour la Bibliothèque globale.

Car, au terme de la lecture qui montre un Chris King ayant déjà une année 2026 déjà bien remplie, son souci constant est : comment rendre l'ensemble des ouvrages, archives, collections de la Société philatélique royale de Londres, mais aussi du plus grand nombre de sociétés et associations philatéliques accessibles, au moins qu'un moteur de recherche permette d'en connaître l'existence ?

Le séminaire Crawford, en liaison avec le musée intégré à la RPSL, des présentations reprenant les définitions des disciplines et classes d'exposition philatéliques, et donc ouvrant les possibles ouvertures vers l'histoire sociale, les autres collections d'objets (monnaie, affiches, pamphlets, etc.).


À une autre échelle, enfin, Bhuwalka demande à King s'il pense que, depuis les confinements du covid-19, le développement rapide des conférences virtuelles, en parallèle des rencontres physiques, est une bonne chose pour la philatélie.

Là, il est pessimiste. Certes, le virtuel a permis de rapprocher les membres lointains de leurs sociétés, en particulier la très-londonienne RPSL. Cependant, cela a fortement ralenti l'adhésion de membres, leurs visites au 15 Abchurch Lane, la découverte des idées et compétences de chacun.


Je conseille vivement la lecture des entretiens réalisés par Abhishek Bhuwalka, et plus généralement la lecture de la Philatelic Literature Review. La philatélie a besoin d'une mémoire, d'un Who's Who qui ne soit pas qu'une parade des propriétaires de British Guyana, plus de la biographie de ce qu'ils ont apporté à leur échelle à la collection, à l'exposition, à la curiosité générale. Avec remise dans le contexte de l'époque car on est rarement seul comme Chris King le rappelle pour la période 2000-2015 concernant la Direction de la RPSL.

mercredi 24 décembre 2025

Plus de timbres-poste sur courrier du Laos, sauf les cartes postales

 Diffusée sur le forum StampBoards.com le dix décembre 2025, la décision du conseil d'administration de la poste laotienne - Lao Post Company - est brutale : plus aucun timbre-poste n'a valeur postale sur le courrier du pays, sauf pour les cartes postales intérieures ou internationales.

La décision de la Direction de Lao Post envoyée aux bureaux le vingt-trois novembre 2025 (photographie de Eternal, participant du forum StampBoards.com, partagée le dix décembre 2025).

D'après la photocopie affichée dans un bureau de Vientiane, la décision a été prise le douze novembre 2025 et transmise aux bureaux de poste le vingt-trois avec application le vingt-cinq novembre.

Ainsi :
1 - Les timbres-poste ne peuvent affranchir que des cartes postales.
2 - L'affranchissement se fera par un autocollant imprimé à partir du système informatique de Lao Post (avec code-barres donc).
3 - Si les clients ont collé des timbres sur l'enveloppe ou le colis, leur valeur sera nulle.

C'est brutal comme méthode de quasi-démonétisation...

Certes, la comptabilité est totalement informatisée ; s'il y avait soupçon de fraude des stocks de timbres, il disparaît, sauf pour les cartes postales des touristes.

D'après le fil de discussion de Stamp Boards dédié au Laos, les membres sont stupéfaits : le Laos émettait des timbres relativement liés au pays et à ses relations extérieures, certes pour le marché des collectionneurs thématistes, mais largement disponibles dans les principaux bureaux de poste du pays.

Islande, Danemark, tous les pays qui n'ont plus de poste ou plus de timbres,... Le courrier des années 2020 passe bien dans la post-philatélie, d'après le mot proposé par Carlos Campos en 2023.

mardi 23 décembre 2025

Du numéro 1 du trimestriel So'Philatélie & Co

 Lors du Salon philatélique d'automne en novembre 2025 à Paris, Sophie Bastide-Bernardin a présenté So'Philatélie & Co, un nouveau magazine philatélique à parution trimestrielle, dont le premier numéro est envoyé aux abonnés depuis le vingt-six octobre.

La couverture londonienne signée Miles Hyman du premier numéro d'automne de So'Philatélie & Co.

Quelques mois après la disparition brutale de L'Écho de la timbrologie et la reprise de la rédaction-en-chef d'Atout timbres par le patron, il est agréable de voir Sophie Bastide-Bernardin de retour avec une publication philatélique aux objectifs et contenus proposant une alternative aux publications philatéliques habituelles.

So'Philatélie & Co souhaite proposer aux lecteurs des nouvelles et articles philatéliques ainsi que des ouvertures sur les à-côtés : philatélie organisée en prenant le temps, place du timbre et de la correspondance dans d'autres domaines, tels l'œuvre romanesque de Jane Austen et de ses adaptations audio-visuelles pour ce premier numéro.

Même si l'actrice interviewée est très loin du domaine, il permet tout de même une cohésion thématique londonienne-anglaise d'une partie du numéro : les lettres entre personnages de Jane Austen, couverture par Miles Hyman (artiste du timbre en 2020), visite riche en photographies de ce que la Royal Philatelic Society London et le Postal Museum peut offrir aux collectionneurs, dont l'exposition temporaire Voices of Resistance: Slavery and Post in the Caribbean jusqu'au cinq janvier 2026, et les créations d'Alistair Mavin à partir de collages de timbres d'usage courant.

De là, sans se perdre dans des pages infinies des nouveautés de France (il y a tellement de ressources répétées pour les retrouver), la philatélie se développe à côté du thème principal : initiation aux timbres perforés de France [il y aurait à découvrir plus tard ceux à usage sociaux-fiscaux britanniques pour payer les factures de commodités énergétiques], une thématique des déserts étendue aux multiples sens.

De petits cadres précisent des définitions philatéliques qui pourraient intéresser le public non ou peu collectionneur aussi visé par la publication.

Affranchissement de l'envoi du premier numéro de So'Philatélie & Co début décembre 2025.

Étant au commencement de l'aventure éditoriale par abonnement, l'affranchissement est en timbres récents et quelques anciens pour arrondir les centimes d'euro.


L'abonnement à So'Philatélie & Co est possible sur le site du magazine.

lundi 22 décembre 2025

Un marronnier suisse : les apparences des pièces de 5 francs

 Hier, dimanche vingt-et-un décembre 2025, Ivan Radja du quotidien Le Matin a réexpliqué pourquoi une nouvelle angoisse saisie les commerçants suisses face à certaines pièces de cinq francs (environ cinq euros).

Titre et photographies d'un des problèmes causés par la pièce de cinq francs suisses (Le Matin, vingt-et-un décembre 2025).

L'apparence fortement évolutive de cette pièce de monnaie explique la surprise principale des employés de commerce.

Le berger alpin par Paul Burkhard (1888-1964) est frappé en cupro-nickel en 1968 et depuis 1970.

Seulement, jusqu'en 1981, la frappe du revers est inversée à celle de l'avers : « frappe monnaie » ou « française ». Depuis 1982, les deux faces sont sur le même plan, au profit des collectionneurs de set de la Monnaie suisse : « frappe médaille » ou « allemande ».

Mais ce n'est pas le problème principal des commerçants.

Une première crainte de perte de temps provient de la démonétisation en 2004 des pièces de 1985 à 1990 et 1992, dont la devise Dominus providebit en creux sur la tranche a été bien trop facilement imitée par les faussaires. Si une de ces pièces atterrit en caisse, il faut alors aller échanger auprès de la Banque nationale suisse...

Ah, des fausses pièces... avec des tranches en creux et des frappes de moindre qualité.

En plus, il n'y a pas eu de tirage de circulation en 1991 et 1993... sauf pour les sets de collection dont une partie a pu être ouvert pour servir par des particuliers bien qu'ayant perdu leur usage commercial.

En faisant attention que les pièces de 1969 et d'avant 1968, en frappe monnaie, sont en argent... Il ne faudrait pas les refuser tout de même si on a le temps de recompter la caisse.

Bref, le journaliste a consulté banque privée, police cantonale, banque centrale et la Monnaie : il n'y a pas de recrudescence de fausse monnaie en ce moment.

Mais, employés et patrons n'étant pas numismates et n'ayant pas le temps face aux clients, la prudence  l'emporte chez quelques-uns face à des pièces différentes de celles d'après 1994.