lundi 30 juin 2014

L'Alaska, épine du service universel à l'états-unienne

Remarqué sur The Stamp Collecting Forum, le Washington Post a publié sur son site, le 28 juin 2014, un reportage écrit et vidéo sur un des serpents de mer du service universel aux États-Unis : l'Alaska Bypass.

Là où Postes Canada souhaite ne délivrer du courrier qu'à des murs de boîtes aux lettres en entrée de quartier, où les entreprises postales hésitent entre supprimer un jour ou deux de tournée, mais peuvent envisager dans les grandes métropoles états-uniennes et britanniques de livrer le dimanche les colis d'un gros client comme Amazon (New York, Londres), l'United States Postal Service cherche à faire des économies et la subvention de l'Alaska revient sur le tapis au grand dam des élus de cet État fédéré et de leurs collègues des États ruraux.


Depuis les années 1980, à l'initiative du sénateur Ted Stevens, l'USPS doit subventionner l'expédition de toute marchandise à destination des villages isolées du gigantesque État subarctique. Lisa Rein du Washington Post suit ainsi une palette de boissons sucrées, fruitées et aqueuses et ce qu'elle coûte à l'USPS qui ne facture qu'une part faible de l'affranchissement de colis de plusieurs centaines de livres (1 lbs équivalant à environ 450 grammes).

La quasi-seule chaîne alaskaine de commerces reçoit des produits achetés en gros à Seatlle, expédié fort logiquement en porte-conteneurs jusqu'à Anchorage. Là, la facture dérape : de petits avions cargos amènent les palettes jusqu'aux plus gros villages (six mille habitants dans le reportage), où de tout petits avions délivrent les paquets jusqu'aux villages amérindiens les plus isolés.

Là, un coup d'œil sur les commentaires des lecteurs du Washington Post signale le souci posé par ce système dans un économie capitaliste libérale et qu'un élu californien explique pour signifier que l'Alaska Bypass doit être remis en cause mais sans supprimer l'assistance à ses compatriotes isolés : ce système coûte cher à une entreprise postale en difficultés financières et politiques (toutes ses décisions stratégiques doivent être votées par le Congrès...) et, en plus, il nuit aux consommateurs qu'il est censé aider.

Les habitants, tous bénéficiaires d'aides publiques signalées par l'expression non philatélique de food stamp - timbre de nourriture, nous dirions coupon d'alimentation, trouvent que les prix restent très chers tout de même... les opposants au système actuel l'explique par le fait que la chaîne de magasins et les quelques compagnies aériennes locales profitent du système pour augmenter leur marge.

Et même, la loi assure quinze pour cent de profitabilité aux compagnies aériennes dans un système qui nuit à l'entrée de nouveaux acteurs qui pourraient créer une concurrence au profit de l'USPS et des consommateurs. Ainsi, pourquoi faire de grandes expéditions en bateau l'été pour stocker des biens non périssables quand les compagnies aériennes peuvent livrer plusieurs fois par semaine selon les besoins ?

Le fait qu'en Alaska le fret devienne du courrier est anecdotique.

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Sur la survivance de systèmes de fret postal dans le monde actuel : voir aussi le documentaire de la Norddeutscher Rundfunk (2013) diffusé sur arte en juin 2014 : Avec le bateau postal sur le Ienissei, filmé en Russie sibérienne et où les habitants du nord arctique remonte le fleuve à la belle saison pour faire des emplettes d'équipement, et où la poste russe complète son courrier et ses colis avec des montagnes de fruits et de légumes.

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