vendredi 14 octobre 2016

De la vie de Phloi à celle du Roi Bhumibol

Hier, jeudi treize octobre 2016, le roi de Thaïlande, Bhumibol Adulyadej, est mort à quelques semaines de son quatre-vingt-neuvième anniversaire. Rama IX était le monarque vivant ayant exercé le plus long règne.

Entamées le neuf juin 1946 après la mort tragique et officiellement inexpliquée de son frère, ces sept décennies de règnes furent marquées par de nombreux soubresauts politico-militaires, mais aussi par l'entrée de la Thaïlande dans la mondialisation actelle comme un des « ateliers » et lieux de vacances des plus renommés d'Asie du Sud-Est.

L'importance de la monarchie et du roi en Thaïlande est visible sur les timbres récents du pays, consacrés aux anniversaires du Roi Bhumibol, autant que par la fréquence de son portrait et de ses symboles dans les lieux publics et les commerces.
Couverture de l' édition en anglais de 1998 (éditions Silkworm Books via amazon.fr).
Le premier jour du règne de Rama IX est également le dernier jour de l'héroïne du roman Four Reigns de l'acteur et romancier - éphémère dirigeant politique dans les années 1970 - Kukrit Pramoj.

Publié en 1953, l'œuvre est devenue un classique de la littérature thaïe, d'après les adaptations théâtrales et audio-visuelles, et surtout la réaction enthousiaste de mon hôte quand j'avais opté pour ce livre au hasard d'une visite dans la librairie Kinokuniya au centre commercial Siam Paragon de Bangkok en février 2009.

Elle a connu une première traduction en anglais en 1981 par Tulachandra, mais c'est une des réimpressions de l'édition de 1998 qui nous occupe aujourd'hui : elle comprend un timbre-poste de chacun des quatre rois sous lequel se déroule la vie de l'héroïne.

La jeune Phloi, née sous Rama V, devient une des servantes de la reine au moment où sa mère quitte définitivement son mari, un petit noble dont elle n'est qu'une épouse secondaire. Au long de sa vie, au gré des aléas de sa vie familiale et des événements politiques intérieurs, puis internationaux avec deux Guerres mondiales, elle témoigne de l'incrédulité de la population face à l'occidentalisation d'une partie des élites au cours de la première moitié du vingtième siècle. C'est troublée par le tragique sens de la vie que se clôt sa vie, le même jour le matin duquel le roi Rama VIII fut retrouvé mort par balle dans sa chambre, à l'âge de vingt-et-un ans.

Avec six cents cinquante pages, le roman est une véritable saga familiale qui peut, je pense, aider à découvrir certaines traditions thaïlandaises et comprendre comment l'ouverture au monde sous la cravache de l'Occident a bouleversé des sociétés entières par l'influence ou les guerres, ou par les échanges économiques inégaux.

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