samedi 17 décembre 2016

De la postière aux chatouilleuses, l'histoire de Mayotte sur France Ô

Dans la série Histoire d'Outre-mer, la chaîne publique France Ô a diffusé dimanche dernier, le onze décembre 2016, un documentaire sur Mayotte la française ? racontant comment le dernier des départements français vit son appartenance à la République. La départementalisation a créé des contraintes depuis le début du processus dans les années 1990.

La deuxième partie rappelle comment le petit archipel est devenu français en 1841, puis pourquoi une majorité de sa population a décidé de le rester en 1974 (épisode des chatouilleuses) au contraire du reste de l'archipel des Comores.
Kalathoumi Bacar la factrice arpente les routes et ruelles de Chiconi depuis trente-cinq ans. Elle sert d'introduction aux les spécificités du dernier département français (Zed).

La première et la troisième parties développent les problèmes dans le passage du droit coutumier au droit commun français : un état-civil avec nom de famille fixe d'une part (malgré un fastidieux travail depuis 2000 - fastidieux pour la commission originelle, les actuels officiers d'état-civil et, surtout, les individus devant changer d'identité).

L'établissement du cadastre d'autre part où la justice française peut de plus en plus entrer en opposition avec les coutumes des droits d'usage des terres. Quand la tradition voulait que les cadis, les juges coraniques, aident à résoudre les conflits et tenir des actes de cadastre. Ces archives cadiales sont partagées entre les cadis et les archives départementales, faute de valider leur usage.

Est-il possible d'appliquer la loi française ? Concernant les taxes foncières, difficilement puisqu'il n'est pas toujours possible de déterminer avec certitude paperassière qui est le propriétaire des terrains. Quand l'État ne triche pas quand ça l'arrange...

Alors faut-il accepter de s'adapter aux circonstances locales et, progressivement, aboutir au droit commun, avec une meilleure volonté de l'État parisien et de la pédagogie réciproque ?
Mme Bacar lorsqu'elle explique les particularités de sa tournée dans l'introduction du documentaire (Zed).


C'est l'introduction qui le suggère avec la tournée d'une factrice qui exerce depuis trente-cinq ans. Portant un foulard jaune sous son casque et arpentant en quad la commune de Chiconi, elle prend le temps de vérifier l'identité des habitants (malgré l'état-civil défaillant donc), de leur rappeler que certains disposent de noms de rues qu'ils peuvent faire connaître à leurs correspondants, etc.

Malgré tout, elle sait qu'elle rentrera au bureau avec une partie du courrier faute de destination ou de destinataire identifiables. Mais s'amuse de l'idée qu'un facteur métropolitain ne parviendrait pas à délivrer une seule lettre...
« Plus de moutons sur le terrain de foot / C'est la fourrière qui les a emmenés / Même pour eux il n'y a plus de liberté ». Le chanteur Lathéral annonçait en 2007 une des conséquences de la départementalisation avec la nécessité de « ranger » les zébus, que les restaurants de rue devraient faire avec la commission de sécurité, etc. (capture d'écran à partir de youTube).

Pour synthétiser tout cela, le film écrit par Séline Soula et Romain Fleury (pour Zed) se clôt en musique avec la chanson-avertissement de 2007 de Lathéral« Département », sur ce qu'il faut accepter à Mayotte si ses habitants veulent la départementalisation.

Une annonce du documentaire a été publiée par le quotidien Le Monde, le samedi dix décembre. Le documentaire lui-même est disponible à la demande sur le site de France Ô une semaine jusqu'au dimanche dix-huit au soir.

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