lundi 26 juin 2017

George VI et la thématique Guerre des ondes

Dans leur excellent Timbres en guerre (Presses universitaires de Rennes, 2016), les deux historiens Alain Croix et Didier Guyvarc'h analysent le traitement des deux Guerres mondiales par les autorités politiques et postales depuis 1914.

Après des chapitres chronologiques, ils essaient des synthèses par thème, qui peuvent éveiller des questionnements auprès des thématistes. Ainsi, des médias, ils constatent que la radio, le nouveau moyen d'information, de propagande et de lutte contre les idées de l'ennemi, n'est quasiment pas représentée sur les timbres évoquant la Seconde Guerre mondiale (chapitre 6, page 157) - sauf de manière discrète au Pays-Bas et au Royaume-Uni.

Une nuance personnelle, conséquence de leur enseignement : les timbres sur une personnalité, quand ils sont très dépouillés, demandent à connaître la personne pour savoir si elle a un lien avec le conflit.

Une exception fameuse, signalent-ils cependant : l'Appel du dix-huit juin 1940 du général de Gaulle repris régulièrement par La Poste française, ses filiales ou consœurs des collectivités d'outre-mer, jusqu'aux anciennes colonies... Et, bien évidemment, les agences de papiers-peints dentelés, pudiquement évoquées par les deux historiens comme « le marché philatélique ».
Le feuillet complétant une série de six timbres, principalement consacré au Roi de guerre.
L'anniversaire des quatre-vingts ans du couronnement du Roi George VI permet de compléter la thématique de la radio en guerre grâce au service philatélique de Jersey, dans les îles Anglo-Normandes.

Le douze mai dernier, Jersey Stamps a émis six timbres et un feuillet sur ce souverain, dans le cadre de sa série L'Héritage royal de la Reine Victoria, alors que le bicentenaire de sa naissance sera célébré en 2019.

Beaucoup de portraits en uniforme, un en collectionneur de timbres et un seul en civil avec un de ses chers corgis, passion canine que sa fille Elizabeth a perpétuée.


Le discours du trois septembre 1939 tel qu'enregistré par la BBC.

Le feuillet de deux livres sterling reproduit la photographie officielle du discours du dimanche trois septembre 1939, au cours duquel le Roi annonça l'entrée en guerre du Royaume-Uni contre l'Allemagne nazie après l'invasion de la Pologne, deux jours auparavant.
Le timbre de soixante-quatre pence - le roi orateur - sous-entend la diffusion radiophonique des discours du Roi.
Grâce au film The King's Speech, l'histoire ayant mené à ce cliché et ce discours est désormais bien connue : le deuxième fils de George V était affecté de bégaiement tout autant que son frère aîné semblait incapable d'assumer ses obligations royales. Il combattit ce handicap avec l'aide de l'orthophoniste peu orthodoxe Lionel Logue à partir de 1926.

Le film romance beaucoup sûrement, mais le discours du trois septembre 1939 ne fut pas tenu au bureau du roi. Mais, dans une pièce transformé en studio, debout.

Pour aller plus loin sur George VI :
- évidemment : Robert Rhodes-James, A Spirit Undaunted, 1998, avec une analyse des relations entre les souverains britanniques et leurs gouvernements en une longue introduction.
- Le pavé : Sarah Bradford, George VI, 1989 ; plus de six cents pages en édition poche de 2011.
- Mark Logue et Peter Conradi, The King's Speech, Quercus, 2010. Rédigé à partir du journal de Lionel Logue et des archives familiales.

Et une lecture récente : King's Counsellor. Abdication and War, édition par Duff Hart-Davis, 2006, du journal personnel d'Alan "Tommy" Lascelles (1887-1981), secrétaire particulier du roi. Troisième tome des écrits privés et de quelques correspondances de Lascelles, il permet de découvrir la société britannique à travers le journal d'un membre de la cour et descendant de bonne famille. Attention : le journal de guerre lui-même ne débute qu'en 1942 quand, sur le conseil de son épouse, Lascelles pose sur le papier le fardeau de sa mission qui doit rester discrète.

Complément du samedi vingt-deux juillet 2017 :
En rédigeant cet article, j'avais oublié que la Reine avait devancé son père sur les timbres de la radio pendant la Seconde Guerre mondiale.

Suite au film Dunkerque de Christopher Nolan (un excellent exercice d'école de cinéma sur les émotions et terreurs vécues par les soldats, mais absolument pas fini... un réalisateur trop coûteux pour le budget du film ? - attention : ne cliquer sur le lien que si l'on accepte la liberté de parole), j'ai retrouvé, sur le site du marchand Norvic Philatelics, le feuillet de quatre timbres plus une citation du discours de Winston Churchill après l'évacuation de l'armée britannique et de troupes françaises entre le vingt-six mai et le quatre juin 1940.

Émis le treize mai 2010 - pendant l'exposition de Londres, il accompagnait une série de huit timbres intitulée Britain Alone. Un des timbres montrait les Princesses Elizabeth et Margaret s'adressant aux Britanniques et aux peuples de l'Empire par l'entre-mise de la radio.

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