Dans la presse, les journalistes ont rapporté, ces derniers mois, une décision en cours d'implémentation du président des États-Unis et un début de tournée diplomatique française au sein de l'Union européenne. Les deux ayant en commun la croissance du nombre de petits colis en provenance de « l'atelier du monde » : la République populaire de Chine.
Sont visées en particulier deux plates-formes : Shein et Temu qui, par elle-même ou les entreprises qui louent leur logistique électronique et postale, proposent à vils prix tout le nécessaire du consommateur mondial : de l'indispensable pièce à l'unité d'une réparation électro-ménagère à l'inutile énième gadget ou vêtement à vie courte...
Aux centres de tri postaux des aéroports internationaux européens et nord-américains : ça déborde en nombre, en masse et en coûts non réciproques. Car l'individualisation des achats a provoqué une véritable explosion du nombre de colis, avec une poste chinoise qui paraît ne pas ressentir le besoin d'augmenter ses tarifs internationaux pour rétribuer ses partenaires étrangers.
La Chine populaire bénéficie toujours d'un des statuts de pays en développement au sein des accords de l'Union postale universelle. Donald Trump l'avait signalé à juste titre (pour une fois) lors de son premier mandat et, pour le second début février 2025, il avait donné l'ordre à l'United States Postal Service de bloquer pour taxation douanière tout colis chinois...
... avant de revenir en arrière : appliqué cela sans préparation ? L'USPS et même les douanes n'avaient ni les espaces de stockage, ni la machinerie humaine, informatique et d'étiquetage.
Cela va prendre fin bientôt : peu importe leur valeur et leur nombre, tout colis entrant aux États-Unis sera taxé : les importateurs, les consommateurs qui vont le découvrir et les compagnies de livraison (en charge de récupérer l'argent) tirent la moue. Les grossistes, industries et commerce concurrencés sourient un peu et espèrent.
Côté Union européenne, la Commission européenne est déjà saisie du dossier pour une réforme de l'union douanière d'ici 2028 : consultation des acteurs, rédaction du texte législatif, adoption par les Conseils des ministres concernés des vingt-sept États membres et par le Parlement européen. La réforme établirait des frais de gestion et taxes minimums sur chaque petit colis.
Sauf que le gouvernement français veut accélérer le mouvement par des politiques nationales coordonnées : la nouvelle barrière trumpienne, qui accroît les taxes douanières accrues sur les produits chinois depuis sa prise de mandat, risque de reporter le flux vers le marché unique européen.
Outre que lorsque les Douanes françaises ciblent des colis de ces plates-formes, ils tombent plus souvent que la normale sur des objets dangereux, hors-normes européennes, voire de faux timbres-poste, le problème est que la moitié de ces colis hors-UE d'une valeur déclarée de moins de cent cinquante euros passent la frontière française sans taxe.
Les budgets étatiques européens, particulièrement français, auraient besoin de ces sommes pour financer les douanes et bien d'autres choses.
Par contre, je ris jaune quand je lis donc dans la presse que la majorité de mes concitoyens consommateurs reçoivent sans taxe des produits chinois... alors que début 2025, quatre envois de pièces de monnaie de circulation britannique et néo-zélandaise sous emballage cartonné illustré pour collectionneur, expédiés par les instituts de frappe monétaire qui les ont mis en vente, ont pris leur vingt et quelques pour cent de taxe sur la valeur ajoutée...
Bon, le set annuel de pièces de Gibraltar et une commande de textile ukrainien y ont échappé au printemps, ainsi que les livres commandés à une marque de librairies britannique pour échappé à Amazon.
Mais, si taxe des petits colis importés hors-Union européenne il doit y avoir, j'apprécierais un peu d'équité dans la politique demandée aux Douanes dans le choix des produits surveillés. En effet, combien de créateurs, fabricants et vendeurs de différents secteurs tués à petit feu par ces flux de qualités variés ? Je ne pense pas la Monnaie de Paris menacée par mes commandes début 2025.
Car, attention, la Chine est une puissance économique émergente, voire avancée (mais refusant le statut avec les devoirs qui vont avec) pour certains économistes, et donc même les produits de qualité seront victimes de la concurrence par colis interposé : un journaliste du mensuel Canard PC a découvert un fabricant d'équipements de jeu vidéo simulateur de vol aérien d'une qualité qu'il n'aurait pas imaginée à ce prix, ni pour cette origine-là. Une partie des consommateurs chinois montent en gamme eux aussi.
Qu'ils contiennent des objets en « chinoisium » ou de haute qualité, les colis importés n'ont pas fini de faire parler d'eux : quelle sera la réaction de Xi Jiping quand ces frais européens seront en application ?
Un des derniers articles avec moultes statistiques dans Le Figaro le trente avril 2025.
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