mardi 6 mai 2025

Des colis piégés de juillet 2024... et mars 2025

 En exclusivité, ce lundi cinq mai 2025, Pjotr Sauer et Shaun Walker, deux journalistes du quotidien britannique The Guardian rapportent les faits et l'enquête menée par les services de renseignements européens contre une opération de placement de colis explosifs dans les flux aériens de l'Union européenne pendant l'été 2024.

Si le titre de l'article attirera des sourires gras, la réalité des complots ourdis côté russe de la guerre froide Europe - Russie semble avoir pris un tour dangereux pendant l'été 2024, avant que divers représentants des États concernés et des États-Unis contactent leurs homologues à Moscou.

Il y a neuf mois, en juillet 2024, trois colis déclenchés par leur explosion des incendies, relativement limités, dans des entrepôts logistiques aériens de DHL à Birmingham en Angleterre, Leipzig en Allemagne et Varsovie en Pologne ; tous avec point de départ la Lituanie.

Si les médias européens en ont fait l'écho, aucun n'a trop insisté ensuite.

Peut-être parce que les services de renseignements des pays d'Europe se lançaient dans la recherche des auteurs et des commanditaires, même si la Russie paraissait le coupable idéal.

La publicité en ce printemps 2025 provient de l'arrestation en cascade d'août à novembre 2024 d'un tout petit groupe de Russes et Ukrainiens, vivant réfugiés en Pologne, principalement là où ils vivaient et le dernier par les agents du renseignement de Bosnie-Herzégovine alors qu'il venait d'entrer illégalement  et se cachait dans une cabane, préférant rejoindre la Russie et une sanction pénale pour ses activités délinquantes à Rostov-sur-le-Don que, savait-il désormais, pour un complot terroriste.

Si ce groupe-ci n'est peut-être pas à l'origine des colis explosés, leur récit aux enquêteurs polonais semble poser le mode de fonctionnement du complot.

Par une chaîne de petits jobs proposés aux réfugiés ukrainiens russophones en Pologne sur le réseau social Telegram, ce petit groupe d'hommes remarque un compte proposant une tâche simple de confection de paquets, mais, payant grassement quelques centaines de dollars des États-Unis, pour l'achat de jouets sexuels, matelas de massage, et produits cosmétiques, puis l'envoi en plusieurs colis de Lituanie vers des destinations en Europe.

D'après les enquêteurs, cela a permis aux comploteurs cachés derrière ce compte Telegram de repérer, minuter et localiser les déplacements des colis dans le réseau logistique - ah, le suivi de colis ouvert à tous, pour peu qu'on est le numéro de suivi.

La salve de mi-juillet comprenait un cosmétique piégé : un gel explosif, un produit instable et le détonateur à compte à rebours dérivé d'un de ces gadgets géolocalisant les objets personnels. Cela fut découvert grâce à un quatrième colis qui n'a pas explosé dans un dépôt à Varsovie.

L'erreur fut quand le commanditaire ordonna à un membre de ce groupe d'acheter des vêtements de sport de marque états-unienne et d'envoyer le colis toujours en express vers une adresse aux États-Unis. Là, le premier août, les logiciels des douanes ont dû sonner l'alerte rouge : pourquoi expédier chèrement des vêtements de marque vers un pays où on les trouve déjà, pour ne pas dire aussi voire moins cher qu'en Europe ?

De là, un premier citoyen polonais est arrêté et les membres de ce petit groupe de connaissances (ou de complices : à la justice de trancher) d'être arrêtés un à un chez eux ou à proximité.

Sauf un qui l'apprenant, fuit vers la Slovaquie se cachant plusieurs semaines de village en village, pour rejoindre les forêts entre Croatie et Bosnie-Herzégovine, et espérer prendre un vol Serbie - Russie, où la police et des affaires non terminées l'attendent pourtant.

Et là, est peut-être d'après les journalistes, une preuve de l'orchestration à un certain échelon par les services de renseignements russes. La découverte du colis posté le premier août provoque l'information du gouvernement des États-Unis, le choc qu'un avion de marchandises voire un avion de passagers avec une soute louée par un groupe logistique explose en vol... avec les conséquences humaines et géopolitiques...

D'où les appels vers les homologues russes... Et, apparemment, la fin des incendies de colis aux origines criminelles en Europe. D'après les journalistes, les organisateurs du complot en Russie ont lâché « les petites mains », voire ont livré suffisamment d'informations pour les pister : le dernier arrêté en Bosnie a appelé son épouse en Russie peu avant. Il semble une habitude des services russes de se servir de délinquants et petits criminels pour ce genre de choses, il y a toujours moyen si nécessaire de les arrêter et les mettre en prison grâce à leur passé.


Le dernier paragraphe est de moi :

Ceci explique sûrement pourquoi certains sites de suivi des postes et logisticiens européens sont moins loquaces sur les dates et lieux, par rapport aux années précédentes.

Cela justifie peut-être aussi la politique trumpienne sur la capacité du public à envoyer ou recevoir autant de colis au risque de noyer des pièges dans ce flux stunamien, entre son bras de fer commercial avec la Chine et un compte-rendu de sécurité qu'il écoute visiblement mieux que sous son premier mandat.


Compléments inquiétants du vendredi seize mai 2025 :

Mercredi quatorze mai, la presse allemande (puis The Guardian) signale une enquête policière ayant abouti à l'arrestation de trois nationaux ukrainiens en Allemagne et en Suisse pour les mêmes motifs que décrits en Pologne.

Sauf que la dernière opération d'envoi de colis daterait de mars 2025...

Sur l'ordre d'un premier suspect, le second a envoyé deux colis express de Cologne vers l'Ukraine, contenant un traceur GPS inclus dans la confection par le troisième homme. Apparemment, sur consigne donnée à distance par des agents soupçonnés d'être liés à la Russie.

L'article précise pour les colis de juillet 2024 que c'est un retard des avions qui a empêché l'explosion et l'incendie en vol. Les opérations divulguées cette semaine viseraient-elles à poursuivre le complot sur des vols logistiques, en évitant de placer ces colis piégés sur des vols de passagers (seulement l'équipage ce qui est déjà trop).

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