C'est en éditant un numéro varié de The American Philatelist que Susanna Mills montre un optimisme pédagogique face aux agents conversationnels de type grand modèle de langage (LLM) pré-entraînés (GPT), abusivement popularisés depuis deux ans sous le terme d'« intelligence artificielle » par les marchands du temple numérique et des journalistes peu précis.
Comprendre, pour citer quelques-uns de ces êtres algorithmiques à la mode : ChatGPT, Grok, Mistral, etc.
En sachant que ces techniques informatiques d'apprentissage de robots, sous de multiples formes d'algorithmes, existent depuis plusieurs décennies au profit de la recherche scientifique ou en se limitant aux algorithmes prédictifs « bêtes » mais plus efficaces (correcteur orthographique ou grammatical non en mode non automatisé, Où est mon colis ?, reconnaissance ultra-spécialisée d'imagerie diverse et variée par exemples).
Mais, là, après l'échec de multiples « révolutions » qui allaient transformer l'emploi, la vie humaine et la collection de timbres-poste tous azimuts (la réalité virtuelle, le métavers, la réalité augmentée, la block chain, les NFT), il fallait aux star ups et aux milliardaires de nouveaux jouets pour trouver des capitaux alimentant leur image et leur train de vie. Et peu importe les conséquences.
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Extrait de l'éditorial de Susanna Mills dans The American Philatelist de juillet 2025. |
Dans le numéro de juillet 2025 du journal mensuel de l'American Philatelic Society, la rédactrice en chef réagit à un échange sur The Hub @ Stamp SCHOOL, un des domaines du forum créé par l'APS et où les non membres peuvent s'inscrire gratuitement.
La question posée a été quelle approche les rédacteurs en chef philatéliques allaient avoir face à des articles créés par ces robots.
Comme l'extrait ci-dessus le montre, il s'agit toujours de poser un premier regard sur l'article, découvrir les problèmes qu'il pose, puis à partir des définitions-clés, annoncer que la rédaction de The American Philatelist va compléter le guide des auteurs d'un refus des articles rédigés par « intelligence artificielle ».
Les défauts de rédaction sont connus, même si on lit trop vite ces productions :
- style ampoulé ne correspondant pas à l'humain censé l'avoir rédigé (je remercie les start up états-uniennes, brésiliennes et singapouriennes qui semblent faire lire mon blog au premier trimestre 2025 vu les centaines de visites - c'est peut-être pour cela que nous sommes quelques auteurs de blogs et écritures personnelles à découvrir que les tirets et quadratins dont nous abusons se retrouvent chez les GPT en contexte francophone),
- des paragraphes entiers de vide pour aboutir à la réponse (de vrais écoliers croyant donc que la note dépend du nombre de pages).
Le pire que la rédactrice en chef signale dès le début : un étudiant, un chercheur et un rédacteur en chef apprennent une chose très vite pour juger s'il faut lire un article ou un livre dans le temps limité qu'ils ont face à l'Himalaya de la connaissance passée et future : titre, introduction problématisée, conclusion aboutie... ET la liste des sources et la bibliographie.
Ces outils sont incapables de fournir une liste fonctionnelle, et même réelle, de leurs sources : sur les réseaux sociaux, les enseignants-chercheurs multiplient les signalements de productions feignantes avec l'aide d'un GPT où la bibliographie est une hallucination totale.
Et, avec pédagogie, comme plusieurs spécialistes du numérique, Susanna Mills rappelle que ces robots ou réseaux de puces sont gavés comme des oies de tout ce que les entreprises trouvent comme écrits numérisés. Ensuite, face aux questions posées, ils tentent de produire le texte le plus véritable possible...
... sauf que « véritable » ici signifie d'approcher le plus fort pourcentage de réussite en succession de mots et de phrases d'après ce que le réseau de puces a appris de l'écriture humaine.
Elle signale ainsi d'autres défauts à la production d'articles philatéliques spécialisés par ces outils. D'abord, l'immense bibliothèque philatélique est encore sur papier, partiellement numérisée, mais loin d'avoir été transcrite par reconnaissance optique de caractères, avec relecture humaine.
Ensuite, ils ne produiront qu'à partir de ce qu'ils ont ingurgité ou trouve à la volée d'une recherche web... Des pans entiers des spécialités philatéliques et postales vont aboutir au mieux à une reconnaissance d'échec, au pire à un texte faux.
Enfin, une fois l'article ou le livre de référence lu, le collectionneur veut comprendre le timbre ou la lettre qu'il a sous ses yeux pour l'exposition compétitive ou la revente à meilleur prix grâce au contexte... Bon courage pour obtenir des informations sur cet objet précis avec ces GPT.
Seul pessimisme pour les lettres d'information électronique et des articles sur les nouvelles émissions où certains pourraient prendre le raccourci, avec tous les défauts qui vont avec : ne rien apprendre, ne pas faire travailler son cerveau, son esprit de recherche et sa critique face aux sources d'informations.
Bref, comme l'a montré un test récent dans La Revue française de généalogie daté juin-juillet 2025 : recherche d'archives inutilisables (les algorithmes que les fournisseurs actuels proposent pour éplucher les bases de données indexées par les archives ou les associations suffisent largement pour aider la recherche et susciter l'analyse critique avant d'inclure les informations dans son arbre), dessin d'arbre généalogiques illogiques,...
Certes, l'espoir de certains utilisateurs est vif, quelques pistes pertinentes de recherche peuvent être proposé par l'outil sous la forme de question-réponse humanisée, mais :
Pour conclure par moi-même : néo-nazi trumpiens, écoliers-salariés en recherche d'efficacité travail-loisirs, et patrons-actionnaires, ont tous de bonnes raisons de plonger dans la dernière mode, mais ce n'est pas pour ça qu'ils ont raison.
Nous avons déjà bien à faire avec la réalité de nos opinions plurielles, de plus ou moins bonne foi.
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