lundi 18 août 2025

La mémoire des vétérans célèbres de la guerre de Corée à Busan

 À Busan, en République de Corée, la visite du cimetière des Nations unies et du Mémorial de la paix permet de prendre conscience des étapes, depuis la Seconde Guerre mondiale, de la mémoire des acteurs des conflits. Ici, les vétérans de la coalition des Nations unies en Corée, puis ceux envoyés pour participer à la reconstruction du sud de la péninsule.

De l'unité des troupes et du corps médical, avec le carré cérémoniel par pays et les pierres tombales strictement identiques au cimetière de Busan, jusqu'à la construction de « chapelles » avec des photographies des années 1950, et, au plus récent, un long mur sur lequel sont gravés les noms de chaque soldats morts entre 1950 et 1953.

Les derniers objets d'un soldat au sol : casque, plaques d'identification, Nouveau Testament miniature et sa pochette, crucifix de poche (Mémorial de la paix des Nations unies à Busan, juillet 2024).

Le Mémorial de la paix des Nations unies, à proximité du cimetière, tente la synthèse de ces évolutions mémorielles, tout en rappelant que certains vétérans sont mieux connus et célébrés car et officiers et ayant marqué la vie des habitants de Busan.

Dans la même galerie "Remember" (se souvenir) se côtoient photographies de vétérans revenus en groupe aux commémorations en Corée et l'installation ci-dessus sur ceux dont la mort au combat ne permettait plus de vieillir.

Au sol, creusé, sont posés sur des graviers blancs un casque militaire, deux plaques d'identification, un Nouveau Testament miniature et un petit crucifix. Les restes d'un tué au feu, du soldat devenant vétéran ?

 Après les étapes de la guerre de Corée et les vitrines rendant hommage aux soldats et soignants de chaque nation, le Mémorial entraîne le visiteur sur le chemin vers l'avenir... sans eux, sans armes.

Les objets restants des actes du général Whitcomb de l'Armée des États-Unis, exposés au Mémorial de la paix des Nations unies à Busan (juillet 2024) 

Néanmoins, certains vétérans sont bien mieux connus : les officiers... Mais, à Busan, les deux présentés dans cette galerie du souvenir le sont pour leurs actions civiles à Busan.

Tout d'abord, traités comme les soldats des vitrines (relire 1, 2 et 3) et de la tombe ci-dessus, le général Richard Whitcomb (1894-1982) de l'Armée des États-Unis d'Amérique.

Àcôté de son portrait en noir et blanc et le résumé de sa vie, la vitrine montre, comme les autres soldats, son uniforme vide avec ses décorations, le drapeau plié du soldat mort, la médaille hibiscus de l'Ordre du mérite civil de Corée, et trois diplômes coréens.

Bien peu, mais reflets de deux vies.

Militaire de carrière d'abord : officier logistique en Islande, Angleterre et France pendant la Seconde Guerre mondiale, il devient général en charge du port militaire de Manille. Il est envoyé au commandement logistique de Busan en 1953...

... ou sa vie coréenne débute par un acte qui déplut au Congrès à Washington : il utilise des stocks de vêtements et de nourriture de l'U.S. Army pour venir au secours des trente mille sans abri laissés par l'incendie d'un des bidonvilles de réfugiés, dont la « capitale provisoire » s'est empli lors de l'offensive nord-coréenne.

En retraite en 1955, il reste en Corée où il travaille à retrouver les restes de soldats de son pays sur deux champs de bataille. Il part en quête de fonds pour financer les hôpitaux de Busan, et obtient que des terrains anciennement possédés par le Japon servent à rebâtir l'université nationale de cette ville.

L'uniforme vide est représentatif que, finalement, si la carrière du soldat a participé du collectif en Europe, les actions durables de l'homme lui sont propres et ses réalisations sont à chercher dans la ville, parmi les descendants des Busanais des années 1950, les étudiants de l'université.

Le colonel William Eber en uniforme de cérémonie à la fin de sa vie (Mémorial de la paix des Nations unies à Busan, juillet 2024).

Le message est plus dramatique encore avec le grand panneau sur le colonel William Eber (1925-2022), dont la partie centrale est ici photographié.

Du drapeau sud-coréen à gauche jusqu'à celui des États-Unis d'Amérique, une citation voisine avec le portait photographique du militaire en uniforme cérémoniel, quasiment au terme de sa vie... Loin dans le temps de ses actions en Corée.

La citation : « Pendant la Seconde Guerre mondiale, nous nous battions pour la défaite de nos opposants , mais dans la guerre de Corée, nous nous battions pour sauver la population. La fierté des soldats provient de ce que l'on a conservé plutôt que de ce que l'on a gagné. »

En effet, la victoire en Corée en fut-elle une ? Retour à une ligne d'armistice coupant un peuple en deux ; état de guerre continu depuis 1953 ; la péninsule devenu une pièce d'un grand jeu entre trois puissances...

Volontaire en 1943, il est formé comme parachutiste pendant la Seconde Guerre mondiale. Soldat de carrière, devenu capitaine, il combat en Corée : débarquement d'Incheon, reconquête de Séoul, occupation de Pyongyang, avant, blessé, d'être évacué en 1951. Il prend sa retraite en 1980.

Anonymes tout en représentant chaque communautés états-uniennes et des supplétifs coréens, le mémorial aux vétérans de la guerre de Corée, à Washington, sur le timbre émis en 2003 par l'United States Postal Service (via Linn's Stamp News, le trente avril 2021).

Retraite qu'il occupe dans diverses fondations dédiées aux vétérans, notamment de Corée.

Les philatélistes connaissent le résultat d'un des projets qu'il a poursuivi : le mémorial de vingt statues pour honorer les vétérans de la guerre de Corée, installé dans la capitale fédérale, Washington. Décidé au milieu des années 1980, le chantier débute en 1992 et l'inauguration a lieu le vingt-sept juillet 1995.

Le cliché sous la neige par le Marine John Ally de la partie statuaire du mémorial sert au timbre-poste émis en 2003... entraînant une plainte du scuplteur Frank Gaylord réclamant un dédommagement pour l'usage de son œuvre. Procédure qu'il remporta en 2013, obtenant près de 685 mille dollars.

Mais, ce mémorial ne se limite pas aux statues organisées dans un parc triangulaire et partiellement arboré. Il comprend aussi un Wall of Remembrance avec le nom de chaque soldat états-unien tué dans ce conflit. En tant que président de la Fondation des vétérans de la guerre de Corée, Eber a participé à convaincre le Congrès, le Service des Parcs nationaux (qui a rappelé le problème des erreurs du mur de la guerre du Vietnam) et encourager l'État coréen à financer ses ajouts et des sponsors de ce pays pour l'entretien. En 2015, le groupe Samsung a inclus le nettoyage du lieu dans les activités possibles pour ses salariés lors de sa journée nationale de service.


Au-delà même de la carrière militaire, les vétérans et soignants des troupes des Nations unies en Corée ont donc servi la mémoire des leurs, morts au combat, mais aussi, les civils coréens à survivre au conflit, puis à le dépasser pour relancer la vie civile... N'est-ce pas le rôle désormais des troupes militaires et des corps civils sous Casques bleus ? Au prochain article donc.

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