Du trente-et-un mai au vingt juillet 2025, la chaîne sud-coréen JTBC a diffusé les seize épisodes du feuilleton Good Boy (qui est le titre coréen prononcé à l'américaine : 굿보이), mêlant les fils du k-drama, comédie de reconversion professionnelle, et drame policier dans une ville de fiction, Inchun [-ou-], dont le nom évoquant Incheon [-o- ouvert], le port de Séoul, et le panorama et les cartes de Busan, le grand port du pays avec ses multiples baies, estuaires et montagnes forestières en pleine ville.
Oui, ici, le message au début de chaque épisode que tout est fictif est insistant, surtout vu le négatif qui plomberait la réputation d'une ville portuaire et de ses élites économiques et politiques.
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Affiche promotionnelle de Good Boy : les héros avant / après leur carrière sportive (JTBC). |
L'intrigue de départ est amusante : quatre champions olympiques des Jeux (fictifs) de São Paulo de 2016 ont choisi de se reconvertir dans la police d'Inchon, qui a lancé un programme de recrutement de sportifs de haut niveau : un discobole (trop) gentil, un escrimeur, une tireuse d'élite et, le héros principal : un boxeur, le « bon garçon » du titre.
Bon par sa morale, mais un peu immature.
Tous marqués par leur carrière, mais aussi par les traumatismes ou les échecs de leur passé, olympique ou pas d'ailleurs.
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Une des méchantes, de nuit, dans un coin du port, à côté d'une boîte aux lettres (avant-dernier épisode). |
L'intrigue policière a déjà démarré, passion des flashbacks dans les séries coréennes, et les quatre plus un inspecteur, ancien champion de lutte, participent en début de série à la tentative de la police de capturer le Lapin doré, l'insaisissable chef d'un réseau de drogue de la ville.
Entre comédie et drame, se dévoile l'obstination du héros, la mise en scène des combats à coups de goings, en escrimeur à bâton, au fusil à lunettes, ou à la lutte huilée, contre les gangs locaux, japonais, chinois et russes (c'est fictif !), et l'émergence du véritable méchant...
... Là, par contre, comment le méchant a atteint sa place, mériterait d'aller relire l'histoire criminelle des grands ports du monde depuis le dix-neuvième siècle.
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Yoon Dong-ju, le héros, l'a rejoint après lui avoir laissé une carte postale marine (avant-dernier épisode). |
La pieuvre du grand banditisme s'étant en effet depuis les aires de stockage des conteneurs maritimes jusqu'aux petits commerces gris : dépannage téléphonique, préteur sur gages, petits voleurs de belles voitures, etc.
Et en arrosant de billets et cadeaux, autant que de coups les élites locales qui apprécient que cette richesse-là du port ruisselle vers elles, mieux que celles offertes par le service public ou le marché.
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La carte laissée au bon endroit : 흐르는 거리, à la rue qui s'écoule (avant-dernier épisode). |
Comme d'autres séries de Corée du Sud, de nombreuses problématiques sociales et historiques de ses habitants qui vont créer progressivement les obstacles à ces projets criminels : le principe de méritocratie inculquée aux communs, l'adoption des orphelins par des États-Uniens, la honte des victimes des addictions, entre autres.
À l'avant-dernier épisode, une des méchantes est concernée par ces enjeux et acceptent de rencontrer le héros... non pas suite à un appel téléphonique - omniprésent dans la série -, mais car il a déposé au bon endroit une carte postale, une vue d'eau, et un simple message identifiant le lieu, littéralement en coréen : « la rue qui s'écoule ».
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Un recueil de poésie, une des sous-intrigues multiples de ce drama (dernier épisode). |
Franchement, arrivé au quinzième épisode de ces feuilletons aux multiples intrigues individuelles, au présent comme au passé, avec retour sur des scènes pour révélations non montrées au spectateur, celui-ci ne se demande pas comment dans une plaine aux multiples fleuves et rivières, elle a compris le lieu de la rencontre...
... sauf que la scène du héros marchant sur le quai vers cette femme et la boîte aux lettres, elle récite un poème extrait d'un recueil qui est revenu plusieurs fois de la jeunesse de Yoon Dong-ju au dernier épisode où il le retrouve.
A hazy fog rolls in
The street flows along
With no harbor to rest in,
I stand there wih my hands
on the red postbox
on the street corner.
(traduction en anglais tiré de la série)
Cet ouvrage, Ciel, vent, étoiles et poésie, compile les œuvres de Yun Dong-jun (윤동주), Coréen ayant vécu d'abord avec ses parents en exil en Chine du Nord, puis ayant étudié dans la Corée sous occupation japonaise, avant de poursuivre ses études en 1942 au Japon où il est exécuté en 1943 pour sa lutte en faveur de l'indépendance.
En hangeul, le héros de la série porte le même nom et prénom que le poète martyr ; un choix de la mère, dont le recueil de poèmes est le seul objet-souvenir que le policier idéaliste a d'elle.
Dans une des péripéties de la série, la méchante s'est retrouvé avec le recueil qu'elle a lu avec avidité, souhaitant tirée un trait sur sa jeunesse américaine.
Le message de la carte postale semble donc le titre d'un des poèmes de Yun, retenus par cœur par son homonyme de fiction, qui savait donc la méchante capable de comprendre...
Ça ne donne toujours pas pourquoi ce lieu-là et cette boîte aux lettres-ci, mais ça remet un peu de courrier rédigé dans un univers très nouvelles technologies de communication, où même le grand méchant utilise encore du p... Oups, no spoiler.
Cet article est publié dans le cadre du #PostBoxSaturday, en ce qui me concerne sur le réseau social BluSky.
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