mardi 27 décembre 2011

James Meek et les délires des postes depuis trois décennies

Idéal pour occuper un voyage en train vers Barcelona en quatre heures trente en Talgo, le numéro double de Courrier international n°1103-1104 du 22 décembre 2011 et en vente jusqu'à mercredi prochain, le 4 janvier 2012.

En haut en gauche de la couverture, l'appel vers une longue enquête du reporter et écrivain britannique James Meek sur « comment ils ont tué la poste » (titre français).

Cinq pages et demi du format de l'hebdomadaire traducteur d'articles de la presse mondiale. Ici, un reportage, In the Sorting Office, publié le 28 avril 2011 par la London Review of Books et gracieusement lisible par ici en version originale.

L'idéal pour, à la fois, découvrir la vie professionnelle des postiers des entreprises historiques et la vie personnelle parasitée des petites mains exploitées par certains des nouveaux acteurs privés aux Pays-Bas. Mais également, l'historique de ces changements aux Pays-Bas, en Allemagne et au Royaume-Uni depuis les derniers ministres des Postes d'avant la libéralisation du marché postal et d'avant les privatisations des monopoles historiques.

Et là, Meek reconstitue, en véritable historien des entreprises et du travail, l'évolution de la poste néerlandaise, devenue un tant monstre mondial TNT, puis dont les actionnaires ont remis à distance (Post NL) en découvrant que le service universel du courrier n'était pas assez rentables pour eux.

En recoupant, on découvre que le fonds de placement états-unien actionnaire de TNT est aussi celui qui gère une partie des retraites des postiers de Royal Mail... Et dont j'ai reconnu le nom immédiatement : au cours d'une recherche récente, j'avais trouvé qu'il était également un des principaux actionnaires d'adidas.

Un article à lire, même, si chagrin de certains, il n'y a rien de philatélique-au-sens-de-l'Académie française ou des belles images que la poste néerlandaise et ses concurrentes vendent par dizaines chaque année alors qu'elles préfèrent le courrier de masse des grandes entreprises commerciales.

Restent les petites mains qui se désespèrent de parvenir à trier à domicile et distribuer pour une misère par pli des sacs de publicités, de catalogues,... et les postiers britanniques qui écoutent ce que pensent leurs dirigeants quand le reporter demande naïvement si ces derniers s'intéressent aux expériences néerlandaises.

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En dehors de cela, dans ce numéro de Courrier international, rien de philatélique mais :
- portrait du nouvel ambassadeur des États-Unis à Pékin (ou pourquoi émettre des timbres de Nouvel An chinois dans des pays de tradition chrétienne) ;
-la ruée vers l'or vu des régions de production (ça vaut les trieurs de courrier à domicile et la vente des bulbes de tulipe) pour mettre en perspective la collection des pièces et lingotins d'or en Europe ;
- le comte Dracula historique revu et corrigé par un quotidien roumain pour renouveler une collection thématique ;
- la vie des Russes le long de la ligne Baïkal-Amour (on évoque davantage les problèmes médicaux que postaux) et la recherche de reconnaissance morale des Nubiens d'Égypte, des idées pour revoir son histoire postale du XIXe siècle à aujourd'hui ;
- du bouledogue comme preuve que l'homme manipule la nature contre elle-même (ça c'est pour les timbres qui chantent, qui brillent, qui paillettent, qui dentellent mais qui prennent mal la machine à trier).

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