mercredi 29 novembre 2023

Guyana Esequiba sur timbres du référendum vénézuélien

 La rive occidentale du fleuve amazonien Esequibo revient sur le devant de la scène en cette fin 2023 : le Venezuela de Nicolas Maduro mobilise sa population autour d'un référendum ce dimanche trois décembre. Cinq questions dont le but est de montrer que les Vénézuéliens retirent toute légalité et légitimité aux arbitrages et acteurs diplomatiques en jeu depuis 1899, et que donc la Guyana Esquiba (version en anglais) appartient au Venezuela et pas au Guyana, ancienne colonie britannique.

Le mini-feuillet de quatre timbres revendiquant l'Esequibo, émis le lundi vingt-sept novembre 2023 par la poste vénézuélienne (via Twitter).

Véritable serpent de mer des relations impériales du secteur, ce territoire est l'objet de tensions diplomatiques depuis que les colons espagnols sont en concurrence avec des colons juifs zélandais passés ensuite sous autorité britannique au fil des siècles.

Simon Bolivar avait averti le gouvernement britannique que le nouvel État latino-américain reprenait les revendications impériales espagnoles... De possibles ressources minérales dans ce lieu isolé, peu exploré des Européens, attiraient... Mais le Venezuela de 1899 accepta un arbitrage entre trois grandes puissances. À Paris, deux diplomates états-uniens, deux britanniques et un juge russe décidèrent que la Guyane britannique conserverait son territoire.

À l'approche de l'indépendance du Guyana dans les années 1960, le Venezuela repris son offensive en critiquant les acteurs de l'arbitrage de 1899. Depuis, ni le gouvernement britannique, ni celui du Guyana, ni les représentants successifs des Secrétaires généraux de l'Organisation des Nations unies ne sont parvenus à faire s'entendre les deux États et pour cause... L'Esequiba constitue plus de la moitié du territoire guyanien !

Le défunt président Hugo Chávez avait joué l'anguille : dire en visite à Georgetown que ce conflit est terminé tout en ajoutant une huitième étoile au drapeau vénézuélien en mémoire de l'ancienne province de Guayana... sauf que depuis une firme pétrolière états-unienne découvre site sur site d'exploitation pétrolière possible au Guyana !

Faute d'avancée, et avec de ponctuels mais plus fréquents heurts et litiges (notamment la délimitation de la Zone économique exclusive du Guyana et la nécessité pour les États-Unis d'en patrouiller les eaux maritimes depuis 2020...), les Nations unies ont transféré l'affaire à la Cour internationale de justice de La Haye, ce que le Guyana a accepté... Cependant, le Venezuela n'a pas déposé d'argumentation à la date prescrite de mars 2023.


Et, depuis quelques semaines, tout s'emballe côté vénézuélien. Le vingt-trois octobre 2023, le Conseil électoral national du pays a accepté l'organisation d'un référendum sur la Guyana Esquiba pour le dimanche trois décembre à venir. Outre le rejet de l'arbitrage de 1899 et de la compétence de la Cour internationale de justice, les citoyens sont invités à donner la nationalité vénézuélienne à tous les habitants de l'Esequibo... Un scénario pour pouvoir prétexter une invasion de protection ? 

Le Guyana, le Commonwealth of Nations et la Communauté caribéenne (CARICOM) ont condamné le scrutin. Le Département de la Défense des États-Unis envoie une délégation au Guyana cette semaine.

La campagne électorale menée par le gouvernement est devenue générale et immanquable pour les Vénézuéliens ce week-end du vingt-cinq au vingt-sept novembre comme le montrent de nombreuses publications sur les différents réseaux sociaux. Tout ce qu'un pays peut compter comme organisations artistiques, culturelles, scientifiques, sportives a organisé des activités sur son sujet destiné au plus grand nombre depuis les salles d'école jusque dans les places populaires... et avec, en slogan, que L'Esequibo est vénézuélien et Venezuela Toda.

Le profil cartographique du pays étendu à cette région est omniprésent sur les affiches et sur les quatre timbres-poste émis par IPostel - Instituto Postal Telegráfico de Venezuela, l'opérateur postal du pays.

Un premier reprend une carte historique coloniale comprenant la rive gauche de l'Esequibo. Les trois autres sont le profil coloré du pays revendiqué avec fond de paysages forestiers. Le profil de la région elle-même sur fond des couleurs nationales signent le message du bloc.


Pétrole, nationalisme, guerre... alors que la COP28 sur l'évolution climatique et les relations humanité-environnement s'ouvre demain jeudi trente novembre jusqu'au mardi douze décembre 2023.


Compléments du mardi cinq décembre 2023 :

- le point de vue du Venezuela par l'entretien donné à L'Humanité par la députée Ilenia Medina, publié ce mardi cinq. Le pouvoir vénézuélien estime que, depuis 1986, le Guyana ne respecte pas l'absence d'action en Essequibo le temps de l'arbitrage : accord de droit de prospection notamment.

- Lundi quatre décembre, Luka Taylor depuis Caracas témoigne des résultats des référendums pour The Guardian. Comme d'autres journalistes étrangers, il témoigne de l'absence de foule dans les bureaux de vote partout dans le pays, y compris dans la capitale.

Bref, au Venezuela, en Guyana et au Suriname, chacun enseigne ses frontières désirées à son peuple, mais ce dernier est davantage préoccupé par les difficultés du quotidien.

Complément du mercredi six décembre 2023 - on ne peut plus dormir !

Hier mardi, le président vénézuélien a autorisé les compagnies nationales de partir à l'exploration et l'exploitation des ressources en hydrocarbures et en minerais de l'Esequibo... actuellement sous souveraineté du Guyana.

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