Rappel des épisodes précédents
Le six mai 2023, Charles Mountbatten-Windsor a été couronné roi à Londres après son avènement à la mort de sa mère, la Reine Elisabeth II, le huit septembre 2022.
Le feuillet du couronnement de Charles III, émis par Royal Mail, en mai 2023. |
Dès la fin de la période de deuil, médias généralistes comme forums philatéliques se sont interrogés sur l'apparition du nouveau souverain sur les objets habituels de la souveraineté britanniques, notamment les monnaies, billets et timbres-poste.
Le monogramme de la machine à affranchir du bureau de poste du palais de Buckingham fut mis à jour dès le vingt-sept septembre ; présentée le trente septembre et mise en circulation le huit décembre 2022 la première pièce de monnaie commémorative a devancée la série d'usage courant de quelques jours aux illustrations annoncées mi-octobre ; et, en dernier, le timbre d'usage courant montré le huit février 2023 pour une émission le quatre avril suivant.
Les véritables futurs billets à l'effigie de Charles III exposés au Musée de la Banque d'Angleterre (photographie de Jack Blackburn du Times, vingt-sept février 2024). |
Enfin, depuis le vingt décembre 2022 et la face royale des billets de banque, les imprimeurs préparent les stocks du premier des billets qui seront mis en circulation le cinq juin 2024, annonce du vingt-et-un février 2024 de la Bank of England. Néanmoins, les visiteurs du musée de celle-ci peuvent déjà admirer les quatre billets lors de l'exposition Le Futur de la monnaie qui ouvre ce mercredi vingt-huit février.
Charles III et l'environnement enrichissant
Revenons en septembre 2022 quand l'ancien Prince de Galles rappela ses visions environnementales et qu'il ne souhaitait aucun gaspillage de timbres-poste, de monnaie ou de billets de banque.
Bien évidemment, qu'un prince Windsor ait cette préoccupation, née une cuillère royale dans la bouche, avec les revenus du duché de Cornouilles - des propriétés foncières dans toute l'Angleterre, des revenus placés et même les biens des défunts sans héritier !
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Si le cinq avril 2023, The Guardian révélait comment la Reine avec le Duché de Lancaster et le Prince de Galles avec le Duché de Cornouailles ont multiplié leurs fortunes et revenus, le vingt-trois novembre suivant, c'est le principe de bona vacantia qui était dévoilé au public. Dans les deux fiefs historiques, le souverain et son héritier reçoivent les biens des personnes sans héritiers quant c'est le trésor public qui a ce rôle ailleurs dans les quatre Nations...
Certes, en lisant les révélations, des articles anciens ou récents, en sachant l'inhumanité des politiciens conservateurs britanniques et des milliardaires allergiques à la solidarité sociale, il vaut peut-être mieux être le locataire ou le propriétaire d'un logement tout en louant le terrain du Roi ou du Prince de Galles. Ainsi, dernièrement, le prince William a annoncé la construction de logements sociaux dans des villages ruraux de Cornouailles, et, sous la reine, de petites entreprises de tourisme ont été fondées au profit privée de la reine certes, mais au moins, ce n'est pas de l'argent parti à Londres au risque de rester dans les régions votant conservateurs...
Féodalo-bourgeois au pire, paternaliste au mieux. Démocratique, pas vraiment, mais la démocratie parlementaire britannique a de l'asthme depuis Margaret Thatcher.
Charles III et l'environnement en philatélie
Au milieu de tout cela, la Royal Mail a donc bien fait de faire apparaître le cameo royal pour la première fois sur l'émission spéciale dédiée aux fleurs du jardin, émise le vingt-trois mars 2023, une des passions du roi.
L'émission Garden Flowers de mars 2023. |
Mais, aviez-vous remarqué que cette passion apparaissait également et intimement sur un des timbres du Couronnement ?
Soutenabilité et biodiversité, un des quatre timbres du Couronnement de Charles III, émis en mai 2023. |
Gravé sur bois par Andrew Davidson à partir du travail du studio Atelier Works, les thèmes des quatre timbres constituant le feuillet auraient été choisis par le roi lui-même : le Couronnement représentant la continuité et la tradition ; la diversité et la communauté à travers les religions présentes au Royaume-Uni ; le Commonwealth of Nations dont la Reine avait obtenu des autres membres que son fils soit son successeur en tant que chef symbolique ; et soutenabilité et biodiversité.
Un timbre vert avec tous les éléments du greenwashing (éco-blanchissement ou écologie de façade), penseront les mauvaises langues : travail des champs et de l'élevage, village à peine dérangé par un train électrique, collines cultivées ou laissées en forêt, oiseaux vivant librement et se nourrissant d'insectes et de vers, etc.
Pas vraiment mes souvenirs de Londres ou de la ville de Liverpool s'étalant en pavillons mal isolés...
Mais, surtout, très britannique ou français d'avant les années 1950, de larges haies et des bosquets d'arbres en marge du champ labouré ou du pâturage des bovins...
Le prince de Galles établissant une haie horizontale (source et date inconnues, trouvée par un participant du forum StampBoards). |
... car Charles a au moins une forme de sincérité pour certainss formes d'aménagements ruraux, même si on imagine que l'essentiel du travail de ses Duchés successifs sont réalisés par des fermiers non nobles.
Sur le timbre, au premier plan à gauche, un homme est en train d'établir une haie en hedge laying, typique des îles Britanniques. La Wikipédia en français me conduit à l'article haie vive tressée attribuée là au Pays basque. Il tient dans sa main un outil typique de ce travail, un billhook, sorte de serpe plus droite que celle du druide Panoramix dans Les Aventures d'Astérix, et au manche suffisamment solide pour servir de marteau d'appoint.
Attention : un urbain va tenter d'expliquer de l'horticulture.
Apparemment, à partir d'arbres fins, on va les forcer à pousser vers une horizontale, maintenus par des piquets espacés. Au milieu de tout cela, l'arbre aura ses feuilles, des graines d'autres végétaux poussées par le vent ou déféquées par des animaux pourront y être stoppées et poussées ; des insectes et des animaux s'y installés en marge des champs cultivés ou des prairies d'élevage pour lequel la haie servira de barrière sans user de fils de fer barbelé.
Pour revenir à la philatélie, certains ont regretté que le bloc comprennent deux tarifs différents : deux timbres de première classe intérieur et deux de 2,20 livres sterling. Le public aurait-il plus célébré le couronnement avec quatre timbres première classe voire un des quatre timbres émis en carnets ou en feuilles ? Royal Mail a-t-elle apprécié des ventes sans usage sur courrier ? Sûrement.
Charles III, un modèle non démocratique, mais un modèle tout de même ?
Depuis plusieurs mois, la colère monte chez les agriculteurs d'Europe et aussi dans plusieurs pays du monde en lien avec les importantes fluctuations des prix et des productions réalisées : si ce n'est une guerre qui nuit au commerce des surplus, c'est un extrême météorologique qui nuit à toute une saison de culture... Des extrêmes désormais suffisamment répétitifs pour une prise de conscience du changement climatique ?
Quand j'étais lycéen, le cours de géographie sur la Politique agricole commune évoquait l'actualité européenne d'alors de subventionner les agriculteurs pour l'entretien du paysage au-delà des seules aides à la production d'une Europe auto-suffisante.
Bilan de l'échec : cet entretien qui comprend le retour des haies - maudit remembrement productiviste (et même des témoins, alors enfants dans les années 1950-1960, se souviennent des terreurs d'alors parmi leurs proches) - est vécue comme une malédiction par la majorité des exploitants actuels en France.
Le média indépendant breton Splann !, repris par le média de l'écologie Reporterre, raconte ce vingt-huit février 2024 « Pourquoi les agriculteurs n’aiment pas trop les haies »*, entre définitions administratives complexes, indemnisations méprisantes, rentabilité à tout prix face aux industriels et, espérons que c'est rare, haine de l'environnement non apparemment productif ?
Charles est-il à l'agriculture ce que le greenwashing est à l'industrie des hydrocarbures ? En attendant, une partie de ses passions vont dans la bonne direction... Son fils William sera-t-il aussi inspirant dans le domaine de l'environnement ?
Disons-le de suite, aucun des dirigeants français actuels ne m'inspirent autant que Charles III pour mener une transition agricole...
* Nolwenn Weiler et Yann-Malo Kerbrat (Splann !), « Pourquoi les agriculteurs n’aiment pas trop les haies », Reporterre, 28 février 2024 ; lien web.
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