lundi 7 avril 2025

L'orientalisme étudié grâce à une correspondance intacte

 Que cette couverture est magnifique : des timbres-poste français, italien, hongrois, oblitérés d'Algérie, de Budapest, de Rome, etc.

Heureux sont les historiens de l'École des hautes études en sciences sociales et de l'Institut national des langues et civilisations orientales que leur auteur, expéditeur et destinataire principal - ou un de ses héritiers - n'eût pas été philatéliste !

Couverture de l'ouvrage collectif L'orientalisme en train de se faire, aux éditions de l'EHESS, publié en mars 2024.

Le treize janvier 2025, l'émission audio Paroles d'histoire d'André Loez a permis aux trois chercheurs ayant dirigé l'épluchage de cette masse d'archives par leurs collègues et des étudiants sur plusieurs années universitaires.

Marie Bossaert, Augustin Jomier et Emmanuel Szurek ont ainsi pu étudier la vie et le travail d'un orientaliste français dans son quotidien à l'université d'Alger, alors colonie française ; ses correspondances avec d'autres spécialistes européens de l'Orient, et avec sa propre mère dont il récupéra après sa disparition les courriers qu'il lui avait envoyé. Un véritable archiviste pour qui la moindre pensée mise à l'écrit pouvait servir à l'avenir.

Ainsi, René Basset (1855-1924), ses deux fils André et Henri, spécialistes des langues et cultures arabes et berbères, et d'autres personnalités sont rendus « vivants » dans la manière d'appréhender les cultures et mœurs algéroises, arabes et berbères, des mots et concepts employés par la population, du débat s'il faut considérer ou pas une influence ottomane jusqu'au Maghreb, etc.

Toute sa correspondance et sa bibliothèque terminent à Gérardmer, dans le département des Vosges, dans une demeure qui sera sauvée de l'incendie vengeur de la ville par l'occupant allemand en fuite des seize au dix-huit novembre 1944... par l'intervention d'une femme de la famille ayant indiqué l'importance du contenu de la maison du patriarche. Elle, elle perdit la sienne.

Bien évidemment, nombre de philatélistes, de marcophiles et d'historiens postaux aimeraient mettre le nez dans ces archives données par les descendants en 2014 aux centres de recherche de l'État...

Heureusement que non. Les mauvaises habitudes de dispersion par découpage des timbres, expositions compétitives, ventes aux enchères ont eu une vie longue avant l'émergence de la philatélie sociale dont relève cet ouvrage de recherche universitaire...

... Bon, d'accord, il n'est pas sûr que les chercheurs et étudiants se soient préoccupés des détails philatéliques au-delà des points d'origine et de destination des courriers. Si jamais un jour, ces archives sont numérisées.

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