Les lecteurs français de ce blog le savent : ne jamais timbrifier une personnalité vivante, voire même morte si l'entreprise qu'il a fondée existe encore.
Depuis 2010 et le bloc du cent cinquantième anniversaire de la Bourse aux timbres, l'éditeur Yvert et le marchand Maury ne cessent de rappeler le prestige de leurs fondateurs en rappelant qu'ils ont fait l'objet d'une « émission officielle de La Poste française »...
Bloc aux trois cinquièmes publicitaires après usage par les entreprises concernées (Yves Beaujard, scan de Phil-Ouest.com). |
Actuellement, le site d'Yvert se sert de cette gravure d'Yves Beaujard pour ses albums Supra et le timbre apparaît dans le bandeau de celui de Maury, et est fréquemment rappelé dans ses catalogues de vente par correspondance.
Bon, les dirigeants d'Yvert et Gervais peuvent y prétendre légitimement, étant familialement les héritiers de Louis Yvert... même si son employé puis associé d'alors, l'imprimeur Théodule Tellier aurait mérité un timbre lui aussi. Sans lui, pas d'Écho de la timbrologie dans la propriété amiénoise. Relire le livre du centenaire d'Yvert et Tellier, publié en 1995.
Quant au zombi Arthur Maury... les voies du capitalisme et de la propriété des marques commerciales sont tellement pénétrables... soupir.
L'émission de l'île de Man du dix février dernier (site de la poste de l'île). |
Imaginez alors le malheur qui frappe nos pauvres confrères britanniques aussi durement que nous sommes frappés depuis des mois par l'annonce de l'interdiction d'une pièce française de deux euros en hommage à une bataille meurtrière dont il vaudrait mieux graver les conséquences artistiques que célébrer la bataille elle-même. Rires mesquins.
Le service philatélique de l'île de Man émet six timbres pour les cent soixante-quinze ans de l'émission du Penny Black, visant sûrement la vente massive en mai lors d'Europhilex à Londres.
Cinq timbres ou enveloppes sur timbres assez classiques : les trois premiers timbres britanniques pour les petites valeurs, et les honorables William Mulready et Rowland Hill sur les deux plus fortes. Les thématistes sont en furie.
Et un intrus... le marchand Stanley Gibbons dont le catalogue de vente devint le catalogue de référence britannique, mais aussi un magazine qui célèbre ses cent vingt-cinq années, Gibbons Stamp Monthly. Le fondateur et le mensuel illustrent le timbre d'une livre vingt pence.
Que Dieu nous protège des conséquences de cet acte insensé !
Nuançons : la couverture choisie est celle de mai 1940 illustrant le centenaire du Penny Black.
Dans le numéro daté mars 2015 (paru mi-février) du magazine timbrifié, c'est le feu d'artifice dans chaque partie éditoriale du magazine :
- le rédacteur en chef évoque l'anniversaire et le timbre est reproduit,
- John Holman, dans sa chronique des idées de collection à explorer, salue l'émission avec une justification : il a écrit sur la vie du fondateur pour le magazine en 1990 et 2013,
- une page de publicité d'un marchand pour l'émission,
- deux pages sur la genèse de l'émission avec l'illustratrice Leanne Sherliker, employée de Stanley Gibbons et dudit marchand vendeur d'enveloppes premier jour (voies du capitalisme...). Un article conclut par l'adresse web et le numéro de téléphone de la poste mannoise...
- et une demi-page sur l'émission dans la partie nouveautés des îles britanniques.
Le magazine est épais et comprend de nombreux autres articles fouillés ; espérons qu'ils n'abuseront pas pendant de nombreuses années de cette émission sur le modèle de leurs confrères français.
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