Le dimanche vingt-huit janvier 2024, M6, chaîne privée française, a diffusé un numéro de son émission d'enquête-reportage Zone interdite titrée « Employés, précaires, fonctionnaires : la France qui travaille mais qui galère ».
Cela faisait longtemps que je n'avais pas regardé une des émissions du dimanche soir de M6 et j'ai été surpris de l'aspect anti-grand groupe capitaliste et en faveur de l'amélioration des conditions de travail des « petits mains » que l'on oublie en travail de nuit ou en jubilant de frais de port gratuit...
Ceux qui ont ou vont regarder l'émission comprendront quelques ficelles qui permet tout de même de s'assurer l'adhésion des téléspectateur - même patrons - à cette vision critique de l'économie française.
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| Extrait du segment consacré à la livraison de colis publié sur le compte de Zone interdite sur Twitter. |
Concernant la livraison des colis, rien de nouveau depuis décembre 2015 et Envoyé spécial de France 2, même si les journalistes de Zone interdite ont davantage suivi les concurrents privés des filiales du Groupe La Poste. Mais attention, bonnet blanc et blanc bonnet.
Le problème principal reste la sous-traitance des livraisons entre le centre de tri et les destinataire, le fameux et très coûteux « dernier kilomètre ». Cette étape, pourtant au cœur de la satisfaction du client final du client expéditeur des groupes logistiques, est la plus coûteuse de toute : avion-cargo, conteneurs sur train, semi-remorques ne peuvent pas faire du porte-à-porte à un horaire de présence du destinataire contre-signature ou face à une boîte même standardisée trop étroite.
L'émission suit deux patrons sous-traitants, dont un a renoncé face aux pratiques du grand groupe donneur d'ordre.
Ce dernier recevait fréquemment la consigne qu'il fallait faire encore moins cher le nombre de colis qu'on lui ordonne de livrer. Les messages téléphoniques étaient pleins de paraboles claires : ça ou fin du contrat qui était le plus du chiffre d'affaires de son entreprise de livraison.
L'entreprise suivie, celle encore en fonctionnement dans le département rural de l'Yonne, embauche des salariés, tel que celui visible dans l'extrait publié sur Twitter. Ceux qui connaissent le taylorisme comprendront les premières images et commentaires du journaliste dans la camionnette : chaque geste est calculée au millimètre près, du moteur resté allumé, du colis suivant embarqué à l'avant, etc.
Car chaque colis « avant 13h » livré après l'heure coûte cher à l'entreprise : zéro euro et une pénalité ! Est-ce vraiment légal ces termes de contrat ? Et impossible de tricher avec le système de suivi en direct des scannages de colis - j'ai même découvert qu'avec Amazon, je pouvais avoir l'emplacement de la dernière livraison effectuée par le livreur et combien d'arrêts il lui restait !
Un destinataire absent en journée pourrait se dire : dépose en point-colis et je dispose à la fois du temps pour aller le chercher, le livreur de temps pour réaliser sa tâche et son entreprise sera aussi bien payé.
Que nenni !!!
C'est le patron d'un commerce de pêche dans un bourg qui révèle l'astuce du grand groupe : les sous-traitants sont payés tant de centimes par arrêt réussi, et non par colis livré... Vous recevez deux colis en même temps du même livreur, son entreprise touche une unité de commission. Il dépose quinze colis à la supérette du quartier, une unité aussi.
À ce jeu-là, des sous-traitants tombe dans des manœuvres désespérées. L'ancien patron marseillais guide les journalistes au petit matin quand les patrons cherchent des livreurs bon marché une fois connue le nombre de colis du jour : des travailleurs français ou clandestins payés sans déclaration, sans assurance... Voici pourquoi le témoin a tout plaqué, déménagé et désormais effectué des livraisons de choses lourdes (achat de meubles, matériaux de chantier) directement avec des particuliers.
À la fin de l'émission, je suis consterné. J'essaie de plus en plus de me passer de commande par correspondance sauf directement auprès d'entreprises françaises de qualité ou en commandant directement en magasin. J'essaie de suivre mes colis pour qu'ils soient déposés en point-relais pour éviter le stress et la perte de temps des livreurs et facteurs...
... pour découvrir que les grands groupes logistiques contournent mes stratégies de consommateurs tentant de rester informés.
Alors les consommateurs usant de sites de ventes entre particuliers, notamment de vêtements à peine usés, seront-ils davantage conscients des enjeux et se tourneront-ils vers les magasins d'occasion (fripes ?).
La rediffusion gratuite à la demande étant limitée dans le temps, cette émission-là n'est plus disponible de cette manière sur 6Play (note : un compte avec adresse mail suffit), mais est probablement visible avec un abonnement 6playmax.
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