En Allemagne, le promeneur peut trébucher sur des petits pavés de trottoir portant l'identité de personnes juives déportées sous le régime nazi, et placé à l'emplacement de l'entrée de leur dernier domicile. Trébucher se dit stolpern en allemand, d'où le nom de Stolpersteine.
À Paris, ce sont les boîtes aux lettres qui ont ce rôle depuis 2022 dans un moment de souvenir des quatre-vingts ans de la rafle des juifs de Paris et sa banlieue par l'État français et leur entassement pendant cinq jours dans le Vélodrome d'Hiver avant la déportation des adultes vers les camps de concentration nazis et le centre d'extermination d'Auschwitz.
Les enfants furent parqués dans des camps dans le département du Loiret sous surveillance de la gendarmerie française avant que le régime pétainiste trouve moyen de les refiler aux Allemands... Aucun enfant n'a survécu, sauf quelques évadés des camps français.
| Le portrait de deux enfants déportés peint sur une des boîtes aux lettres au coin de la place des Vosges, à Paris (tous droits réservés). |
Le Mémorial de la Shoah de Paris a organisé, en 2022, la confection au pochoir par l'artiste C215 du portrait d'enfants ayant vécu dans ou près du quartier du Marais, dont certains apposés sur des boîtes aux lettres de rue de La Poste.
Au coin de la place des Vosges, au commencement de la rue du Pas de la Mule, voici le portrait de Paulette et Emmanuel Hiller, déporté à l'âge de quatorze et sept ans. D'une mère polonaise et d'un père tchécoslovaque, les deux enfants sont naturalisés français.
Arrêtés avec leur mère, ils sont directement parqués au camp de Drancy. La nationalité française des enfants ralentit le zèle administratif... jusqu'au sept septembre 1942 où la déportation de la mère et les siens a lieu parmi des centaines de juifs arrêtés dans le sud de la zone libre (totalement sous le contrôle des autorités de Pétain et Laval).
Si une centaine d'adultes sont enfermés au camp d'Auschwitz, la quasi-totalité des déportés de ce convoi sont gazés dès leur arrivée. Seuls trois dizaines d'hommes auraient survécu dans ce convoi n°19, d'après Serge Klarsfeld.
Cet article est publié dans le cadre du #PostBoxSaturday, en ce qui me concerne sur le réseau social BluSky.











