Ce jeudi trois octobre 2024, les Premiers Ministres du Royaume-Uni et de la République de Maurice ont annoncé que leurs pays allaient signer un traité remettant la souveraineté de l'archipel des atolls Chagos composant le Territoire britannique de l'océan Indien (B.I.O.T.) à la République de Maurice.
Créé en 1965, pendant la Guerre froide, afin de conserver cet emplacement stratégique au centre de l'océan Indien au sein duquel les États-Unis d'Amérique négociait la location de Diego Garcia, le Territoire fut contesté dès sa création par une résolution de l'Assemblée générale des Nations unies puisque cette séparation de l'archipel et d'autres îlots des anciennes colonies des Seychelles et de Maurice contrevenait à un principe sur la décolonisation adopté par la même Assemblée en 1960.
Au terme des années 1960, l'ensemble des plantations privées était fermées et la population chagossienne chassée vers Maurice, les Seychelles, une partie émigrant jusqu'en Grande-Bretagne. Cela lança un mouvement bien faible, mais continu, réclamant le droit au retour.
Si des îles et leurs habitants furent rendus aux Seychelles, le reste anima des gestes symboliques entre le Royaume-Uni et Maurice : création d'un drapeau, gestion des droits de pêche de la Zone économique exclusive d'un côté ; débats fréquents dans plusieurs institutions des Nations unies, déclaration de zone naturelle protégée de l'autre.
Au milieu des années 2000, faisant face à ses propres juridictions suprêmes sur les expulsions des Chagossiens, le gouvernement britannique organisa une visite des lieux aux exilés, notamment pour entretenir les tombes.
Mais, les affaires internationales des années 2010 accéléra l'intérêt de Maurice de porter l'affaire devant la Cour internationale de justice (gérant les conflits entre États) : délimitation des Zones économiques exclusives avec les Maldives, est-ce que la création d'une zone naturelle protégée britannique n'interdirait-elle pas une pêche traditionnelle en cas de retour, droits internationaux sur la pêche et la protection des ressources halieutiques, arrivée de réfugiés à Diego Garcia, etc.
En 2019, la Cour, puis l'Assemblée générale des Nations unies, reconnurent l'archipel des Chagos comme partie de l'État souverain de Maurice. Entre 2022 et 2024, les négociations ont abouti à l'annonce du trois octobre, avec un bail de quatre-vingt-dix-neuf ans pour la base militaire états-unienne.
À la signature du traité, ce timbre de 2017 deviendra la carte maritime de Maurice... enfin sauf Tromelin. |
Pour les collectionneurs de timbres, l'album du Territoire est définitivement clos, après déjà l'annonce que l'Union postale universelle et ses membres ne reconnaîtraient plus les timbres de ce territoire sur le courrier international en août 2021.
Pour les géopoliticiens, il faut voir laquelle ou lesquelles des grandes puissances mondiales pourraient profiter de l'ouverture de cet espace océanique :
- les États-Unis avec une base confortée,
- la République populaire de Chine étendant un supposé « collier de perles » de bases navales ou de ports commerciaux vers le sud et l'Afrique.
- Comment l'Inde, la France (et ses îles Éparses revendiquées par Maurice et Madagascar), et des puissances régionales vont-elles réagir à ce changement ?
Pour les Chagossiens, les articles de presse générale, dont ceux des médias africains, leur exclusion des négociations internationales fait craindre un nouvel épisode colonial sous le joug de Maurice cette fois. La République va-t-elle autoriser un droit au retour, apporter une aide à la réinstallation et au développement humain de l'archipel ? Va-t-elle accepter le retour des Chagossiens des Seychelles et du Royaume-Uni ?
Ou a-t-elle d'autres projets avec la rente de la base états-unienne et sa zone économique exclusive étendue ? Les flottes de pêche industrielle chinoises paient bien les droits et espionnent également...
À suivre sûrement des émissions de timbres, de blocs et d'enveloppes premier jour sur cet événement de la part de la poste de Maurice, comme les épisodes précédents.
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